Diego Maradona remet les Pendules à l’Heure à Marseille

Diego Maradona remet les Pendules à l'Heure à Marseille

Les joueurs de Raymond Domenech se sont inclinés 2 buts à 0 devant l’équipe argentine emmenée par la légende vivante du football Diego Maradona, qui donne encore une leçon de savoir-faire et maîtrise du jeu à tout un stade acquis à sa cause.

Complètement impuissants et incapables de porter le moindre danger en seconde période, les Français ont vraiment du boulot avant la double confrontation face à la Lituanie, relève aujourd’hui L’Équipe. Les Bleus peuvent regretter ces deux instants d’inattention qui ont gâché la fête, malgré le soutien des 60.000 spectateurs, aussi heureux de voir à l’œuvre une sélection française que d’apercevoir Diego Maradona. Malgré la défaite et ces 10ème et 11ème buts concédés en 7 rencontres depuis l’été dernier, les motifs de satisfaction n’ont pas manqué pour les Bleus. Mais c’est finalement sous des sifflets et que les Français ont quitté Marseille.

Une fois de plus, la légitimité du sélectionneur français est mis en cause. Sur le deuxième but, Lionel Messi est parti dans un impressionnant slalom avant de prendre William Gallas à contre-pied et de tromper tranquillement Steve Mandanda. Il a été fantastique, le ballon est comme le prolongement de son corps, a déclaré son homologue argentin, mais ce qui m’a surtout impressionné, c’est son travail défensif ainsi que celui de Agüero. Ils se sont battus sur tous les ballons, pour qu’ils ne sortent pas en touche. Ils ont très bien défendu, a conclu Diego Maradona.

En revanche, incapables de trouver des espaces dans la défense argentine, les Français ont passé leur temps à saupoudrer la surface adverse de longues balles facilement dégagées par Martin Demichelis. Je connais la qualité de l’Argentine, au niveau défensif, ils l’ont montré en deuxième mi-temps. On était moins bien physiquement peut-être, admet Raymond Domenech : j’ai vu un bon match une très belle première mi-temps, j’ai vu deux belles équipes. On sait que contre ces équipes-là il ne faut pas se diluer en essayant de revenir, ils sentaient comme une injustice d’être menés. On a voulu aller trop vite dans tout et on a perdu le fil par moment.

Le constat d’échec est ainsi dressé par le sélectionneur français lui-même, alors qu’il a montré toute son incapacité à transcender une équipe de France en demi-teinte, à faire sortir en chacun de ses joueurs le meilleur de lui-même… Il y a bien sûr une sacrée différence de pointure entre la vie et l’œuvre de Raymond Domenech et Diego Maradona. Grinçant comme il aime apparaître, il a salué l’idole des foules à sa façon : vous avez raison de vous intéresser plus à lui qu’à moi, il le mérite, et moi, ça me repose… Tandis que le sélectionneur argentin, depuis son arrivée à Marseille et jusqu’à la fin du match, s’est consciencieusement borné à des commentaires positifs.

Et bien entendu, l’équipe de France en pleine remise en question, son coach contesté même au sein des instances dirigeantes, face à l’une des meilleures équipes de football du monde, rien ne milite en faveur de Raymond Domenech. La bonne tenue des joueurs français sur la pelouse du stade Vélodrome est effacée par la réussite de leurs adversaires, et leurs atermoiements tout de suite montrés du doigt. Mais pourquoi siffler d’entrer de jeu le sélectionneur français, et à la 64ème minute l’attaquant lyonnais Karim Benzema ? Il semble que le public ait perdu toute retenue devant son idole Diego Maradona, au point de saluer toutes les réussites, même les plus vaines, de l’équipe invitée.

Le prodige argentin du football part avec un crédit favorable à la tête de la sélection de son pays, tandis que Raymond Domenech fait face à une contestation née d’une accumulation d’échecs, succédant à l’opprobre qui a été jeté sur lui à la suite d’un demi-succès au Mondial de 2006. Les Français n’ont pas digéré qu’il n’ait pas réédité le triomphe de 1998, à la fin du règne de Jacques Chirac et un bilan marqué par des reculs sur tous les terrains, qu’ils soient sportifs ou économiques et sociaux. Raymond Domenech n’a certes pas brillé en tant que joueur de football comme Diego Maradona, mais il n’est plus sur la pelouse. Ses joueurs ont plus de succès sous le maillot de leurs clubs respectifs que sous celui de l’équipe de France, et la Fédération n’est guère encline à remettre en question les règles du jeu dans la sélection.

Si Raymond Domenech peut apparaître à juste titre comme complice de l’échec français, il n’est pas seul responsable. Ses joueurs ne se battent pas pour arborer la tunique bleue, alors que ceux qui le souhaitent n’y ont visiblement pas droit. Mais il est bon de désigner à la vindicte un bouc émissaire, et le sélectionneur français prend un certain plaisir à endosser ce rôle. Brûlons-le donc en place publique, puisqu’il le souhaite !

 

 


Je veux pour notre équipe un entraîneur en or
Capable un jour d’offrir du sens au jeu rapide,
Si le nôtre est meilleur en jeu de mots stupide,
Il n’a rien du panache adroit d’un grand señor.

Il nous fait vivre avec un grand cœur de ténor
Tout un art sur le banc pour un succès limpide
Et l’adversaire est dans une obstruction cupide
Cherchant ailleurs ce qui frémit dans l’athanor.

La beauté naît souvent d’une action généreuse,
Mais la technique efface une ambition foireuse
S’il n’a pas su mêler des traits d’esprit distincts.

Les spectateurs d’accord font un sifflet sonore
En blâmant fort celui qui met nos bas instincts
Plus haut qu’un but dont tout l’orgueil s’honore.

 


Avec AFP, Reuters et Pif-Gadget.