Seb débauche : c’est bien !

Seb débauche : c'est bien !

Le groupe français d’électroménager Seb annonce la suppression de 95 postes dans son usine de Pont-Évêque, en Isère, pour améliorer la compétitivité de ses sites face à la concurrence chinoise. Dans le même temps, Seb envisage de supprimer 109 postes sur les 290 que compte son usine d’Erbach, en Allemagne, pour les mêmes raisons. Une paille par rapport aux 6.000 suppressions d’emplois auxquels désire procéder Peugeot-Citroën.

Mais dans le cas de Seb, la concurrence chinoise a bon dos. Le fabricant d’électroménager s’est tourné vers la Chine depuis plusieurs années, en prenant des participations dans des entreprises locales du même secteur d’activité. Il projetait ainsi de se porter à terme acquéreur de Supor en prenant une participation majoritaire dans ce dernier en 2006, une opération par ailleurs financée à l’époque par endettement.

Créée en 1988, Zhejian Supor Cookware réalise les deux tiers de ses ventes en Chine et a engrangeait alors un chiffre d’affaires de 147 millions d’euros, en hausse de 46%. C’est est un des sous-traitants du groupe américain d’articles de cuisine. En se tournant vers la Chine, Seb ne cherche pas seulement des marchés porteurs mais aussi une baisse de ses coûts de production.

Le groupe, qui emploie un peu moins de 7.000 personnes en France, en a profité pour mettre à la porte une partie de son personnel, et a procédé alors à des fermetures de sites. Il visait également de renforcer sa présence sur le marché américain, avec le rachat annoncé la semaine dernière d’actifs de la société d’articles culinaires Mirro WearEver pour 28,4 millions d’euros.

Aujourd’hui, Seb justifie ces suppressions de postes par la concurrence des fers d’entrée de gamme, produits essentiellement en Chine et la nécessité d’améliorer la compétitivité de ses sites de production pour regagner des parts de marché. Il s’agit donc d’un nouveau redéploiement de ses activités dans un contexte de mondialisation. Le groupe proposera aux salariés concernés essentiellement des mesures de mobilité interne, des aides à la reconversion et des dispositifs d’aménagement de fin de carrière.

Contrairement aux géants de l’industrie automobile française, les fabricants d’électroménager n’ont pas bénéficié des mêmes soins par les pouvoirs publics, dans la mesure où leur capacité de nuisance avec des débauchages massifs est bien moindre. En contrepartie, ils demeurent libres, comme la plupart des entreprises des différents secteurs d’activité, de mener leur stratégie comme bon leur semble. La production industrielle a reculé de 6,7% au 4ème trimestre 2008 et de 9,7% sur l’ensemble de l’année.

Et la désintégration du tissu industriel français se poursuit avec leur bénédiction, semble-t-il : en décembre 2008, la production industrielle a reculé de 1,8% par rapport à novembre. C’est le 5ème mois consécutif de baisse, portant sa chute à 6,7 % au dernier trimestre 2008 et à 9,7% sur un an. La production manufacturière n’avait pas autant régressé depuis 1968, à cause des événements du printemps qui l’ont fait chuter de 15% sur trois mois. La crise actuelle est donc à mi-chemin entre celle de 1968 et celles de 1975 et de 1993, où la production manufacturière s’est contractée sur trois mois respectivement de 7,3% et 2,5%.

Bien sûr, le gouvernement fait bien de se préoccuper des salariés du secteur automobile, mais ses attentions se focalisent exclusivement sur un secteur d’activités dont la production a déjà atteint ses limites en France et en Europe. Les vendeurs de voitures ne parviendront pas à plus qu’à renouveler le parc automobile parvenu à obsolescence, en dépit des incitations ou taxes inventées pour dynamiser les ventes. En revanche, le reste de la production industrielle ne les intéresse qu’à la marge, alors qu’il emploie le plus de monde.