La Culture en Procès pour son 50ème Anniversaire

La Culture en Procès pour son 50ème Anniversaire

Le ministère de la Culture a fêté ses 50 ans d’existence dans un contexte polémique, dans la mesure où la révision générale des politiques publiques lui retire à chaque fois un peu plus de ses attributions, et la rigueur budgétaire un peu plus de crédits. L’ancien ministre Jean-Jacques Aillagon en réclame d’ailleurs la suppression.

Le 13 janvier, le président Nicolas Sarkozy affirmait son attachement l’action culturelle, au moment d’adjoindre aux services de Christine Albanel un Conseil pour la Création artistique, perçu par certains comme un second ministère de la Culture. Les États généraux de la presse ont été pilotés depuis l’Élysée par Emmanuelle Mignon, tandis que la suppression de la publicité dans l’audiovisuel public a complètement échappé à la compétence du ministère.

Que reste-t-il à Christine Albanel, qui fut d’ailleurs à ses débuts porte-parole au moment de son entrée au gouvernement Fillon ? Pas grand-chose en vérité, avant peut-être d’avoir eu l’insigne honneur d’enterrer de façon définitive 50 ans de rayonnement culturel et d’efforts pour préserver la spécificité de la France en la matière.

Dans certains domaines, comme le spectacle vivant, l’État a fait naître des établissements formant un maillage du territoire impressionnant. Mais l’empilement des subventions et les résultats incertains de la politique de culturelle suscitent des interrogations. Ancien titulaire du poste (2002-2004), Jean-Jacques Aillagon jugeait récemment que la question de la suppression du ministère de la Culture pouvait se poser car son action est devenue incompréhensible et perçue comme injuste.

Le ministère est fidèle à lui-même et en même temps il se modernise, a plaidé mardi Christine Albanel, soulignant que l’État n’est plus prescripteur, mais partenaire des collectivités territoriales, désormais majoritaires dans le financement de la culture. De fait, le musicien Jean-François Zygel souhaite que ce ministère qui a été avant tout un ministère de l’offre, se pose davantage la question de la demande. Il ne suffit pas que l’art existe, il faut un chemin vers l’art, dit-il. Pour le metteur en scène Stéphane Braunschweig, futur directeur du Théâtre national de la Colline, le problème, c’est que les budgets, quand ils ne sont pas amputés, ne progressent pas. Le ministère gère donc l’existant alors qu’il devrait être porteur d’initiatives.

Le Conseil artistique se substitue à quelque chose qui ne marche pas très bien, renchérit Eric Corne, peintre et vidéaste français qui fut professeur aux Beaux-Arts de Genève. Plutôt qu’une véritable concertation, réflexion sur le rapport État-Culture, le pouvoir ajoute en grande pompe une nouvelle machine à gaz. J’entends parler d’économie, de subventions, mais à aucun moment la question de la transmission n’est abordée. Le problème, c’est que le champ culturel a été déserté en France depuis très longtemps, subtilisé par la communication et par une élite refermée sur elle-même.

Que restera-t-il à Christine Albanel après avoir été dépossédée de la plupart de ses attributions ? Sans doute pas grand-chose, mais elle aura tout le loisir de consacrer ses soirées à regarder Plus belle la Vie à la télévision !

 

 


L’artiste est-il malade en plus de la culture ?
Qu’il ne cesse en dépit de crédits indulgents
D’abuser de l’argent que les plans divergents
Ont à cœur d’injecter pour garder la posture !

Les gens sauront un jour présenter la facture
De ces fonds dispendieux et parfois diligents
Aux petits bras qui sont souvent les indigents
D’un système infernal au point de sa rupture.

Passons-nous à présent de chevaux de retour
Qui n’ont rien à donner au public à leur tour,
Supprimons derechef un trop gros ministère !

De ces courtisans faits d’un bois décomposé,
La coupe est pleine, ici forçons-les à se taire
Pour nous avoir ainsi trop longtemps médusé.

 


Avec AFP, Reuters et La Semaine de Suzette.