Desjoyaux double Vainqueur incontesté du Vendée Globe

Desjoyaux double Vainqueur incontesté du Vendée Globe

Le Professeur, comme l’appelle la fine fleur de la course au large, est en passe de boucler un nouveau tour du monde en solitaire et sans escale, pour accrocher une 2nde victoire dans le Vendée Globe Challenge à son palmarès. Après avoir maîtrisé la course de main de maître, Michel Desjoyaux se voit considéré par ses pairs comme le successeur d’Éric Tabarly sur les océans.

L’affaire ne s’est pas bien présentée au départ. Victime à l’appareillage d’un accrochage avec un concurrent et d’une première avarie, Michel Desjoyaux doit rebrousser chemin à cause d’une panne électrique pour reprendre un nouveau départ 36 heures après les autres voiliers. À force de ruse et de ténacité, il grignote le temps perdu sur les autres skippers pour prendre la tête de la flotte le 16 décembre 2008.

Le vainqueur de l’édition 2001 est d’ailleurs toujours étonné d’avoir à ce point dominé la course : je ne pensais pas à la victoire, mais je pensais être capable de revenir dans le match, d’être dans les cinq premiers au cap Horn, et puis advienne que pourra sur la montée de l’Atlantique ! Mais prendre les commandes dès le sud de l’Australie, encore aujourd’hui j’ai un peu de mal à comprendre !

Mais l’homme est un marin complet, ainsi que l’atteste Alain Gautier, ancien lauréat et membre de l’organisation de la course : c’est quelqu’un de très complet en météo, en sens de navigation, en technique, explique-t-il : il sait comment construire un bateau, ce qui n’est pas le cas de tous les skippers, il connaît chaque pièce et sait comment la réparer éventuellement, il a confiance en lui. C’est une qualité qui peut être un défaut, mais pour lui, c’est une qualité, il a une confiance en son bateau inébranlable et ça, c’est une clé essentielle pour gagner un Vendée Globe.

Michel Desjoyeaux le 3 avril 2008 à La Défense


Né le 16 juillet 1965 à Concarneau, baigné dès sa plus tendre enfance dans le monde magique d’un chantier naval isolé près d’une vasière, Michel Desjoyaux n’a pas d’autres jeux que de fabriquer des bateaux en écorce, de donner un coup de main à son père ou à Jean, le menuisier du chantier naval de Kerleven. Formé au sein du chantier familial aux arcanes de la construction navale, Michel vient donner un coup de main à un ami qui prépare la Mini Transat 1983 sur un Muscadet : un bateau de 6,50 mètres abandonné sur une vasière qu’il faut entièrement remettre en état. Cette première expérience de la construction lui permet de comprendre comment s’articulent les différents éléments constituant un voilier.

J’ai eu d’autres pépins que je peux vous révéler maintenant : j’ai déchiré deux de mes trois spis. Heureusement, ça ne m’a pas fait défaut au niveau de ma performance, a révélé le marin vendredi, à quelque 400 milles de la ligne d’arrivée. Ça continue d’aller à vive allure, en direction d’un petit abri sympathique en Vendée. Je marche régulièrement à 18-20-22 nœuds, dans une mer qui s’est plutôt calmée. Les vagues sont plus longues que ce que j’avais hier, il y a pire comme conditions pour finir un Vendée Globe… Confiant dans la solide avance qu’il a taillé sur Roland Jourdain, obligé de ralentir l’allure à cause de la perte de sa quille en plein milieu de l’Atlantique, Michel Desjoyaux a déjà mis la pédale douce afin d’aborder la fin de course en toute tranquillité.

Mais ce sera sans doute sa dernière aventure en solitaire, car Michel Desjoyaux se devait de mettre un peu de champ entre le commun des mortels en accrochant un second titre de vainqueur du Vendée Globe Challenge avant de se reconvertir… La retraite à 43 ans, qui n’en a pas rêvé ? Michel, il ne vient pas pour la balade, il aime ça, c’est un passionné de régate et un redoutable compétiteur qui n’aime pas perdre. Ils sont tous comme ça, mais lu sans doute plus que les autres, assure Alain Gautier, qui l’a beaucoup fréquenté sur les plans d’eau.

Michel Desjoyeaux n’est plus qu’à 331 milles de l’arrivée ce matin à 5 heures au point du Vendée Globe, et reste largement le plus rapide de la flotte des 12 rescapés de ce tour du monde en monocoque à la voile en solitaire, sans escale et sans assistance. Avec une vitesse instantanée de 15,8 nœuds, le leader continue d’augmenter les écarts : son dauphin Roland Jourdain avance à 10,2 nœuds, c’est à dire nettement plus vite que le troisième Armel Le Cleac’h à 2,6 nœuds, visiblement empêtré dans les calmes de l’anticyclone des Açores.

Pour satisfaire les amateurs de voile rassemblés aux Sables d’Olonnes pour lui faire fête dimanche, Michel Desjoyaux sera certainement contraint de tirer des bords cette nuit afin de ne pas couper la ligne d’arrivée en avance sur l’horaire !

 

 


La passion de la mer est sans doute un voyage
À ceux qui l’ont au cœur ainsi jusqu’au trépas,
Et l’étrange évasion pour ceux qui ne l’ont pas
D’un globe où l’on regarde au-delà du grillage.

Si certains font du miel du fruit de l’orpaillage,
Le marin s’en va loin où ne vont pas leurs pas
Pour se faire un banquet de biscuits pour repas,
Il est bien las de mettre un navire au mouillage.

Il va chercher plus loin l’or qui reste au terrien,
Sûr qu’il sait au départ qu’il retourne avec rien
Avec du baume au cœur et la cale un peu vide…

Il s’en retourne à sec de toile et dans les mains
Des récits pour les gens dont l’oreille est avide
Et leurs mots singuliers font bisquer les gamins.

 


Avec AFP, Reuters et La Vie du Rail.