Le jour où Jean-François Derec a appris qu’il était juif

Le jour où Jean-François Derec a appris qu'il était juif

Un jour le comédien, acteur, humoriste et écrivain Jean-François Derec a appris qu’il était Juif ashkenaze et plutôt que de le garder égoïstement pour lui, il en a fait un livre puis un spectacle incroyalement réussi, fort et émouvant qui se joue actuellement.
Vous aimiez lorsque Derec racontait des conneries sur scène et à la télé avec son désormais célèbre Bonnet rouge, eh bien découvrez désormais un autre Derec plus profond et grave... même si le rire et le second degré ne sont jamais bien loin...

Nous avons pu voir un Derec en pleine forme qui produit aujourd’hui en public une histoire personnelle qu’il a mis longtemps a laisser sortir hors du cercle familial intime. Le jeu en vaut la chandèle, le spectacle livré en ce moment est un bijou d’intelligence, de drôlerie, de tendresse et d’humanité, un bien beau message universel par les temps qui courent.

On rit, on est ému, on ne rate pas une miette du One man show mis en scène au millimètre et servi par un artiste touché par la grace, un Derec magnifié par cette autobiographie animée de sentiments beaux, tendres, douloureux et complexes. Au centre de "Le jour où j’ai appris que j’étais juif”, la difficile intégration d’une famille juive dans le microcosme grenoblois, l’apprentissage d’une culture étrange, les affres de la différence.
Une pièce d’une grande maturité et justesse, bien dosée et mise en lumière et scène.

Certains tableaux sont des morceaux d’anthologie comme par exemple ce moment où des Séfarates se battent pour payer avec leur carte Gold...

Je ne crois pas me tromper en disant qu’il s’agit d’un grand spectacle qui devrait plaire à Woody Allen et aux spectateurs les plus exigeants.

Un beau texte, un artiste attachant et sincère, un hymne à la tolérance.. allez voir "le jour où j’ai appris que Jean-François Derec était un grand auteur/comédien de théâtre... à voir absolument.

Extrait

Lorsque à Grenoble, vers dix ans, ma copine me dit ’Je te montre mes seins si tu m’avoues que tu es juif’, le ciel me tombe sur la tête. Comment pouvait-elle savoir une chose pareille alors que je l’ignorais moi-même ?
Juif, je savais ce que ça voulait dire grâce à Gégé, grand spécialiste de la question puisque fils de garagiste : des gens bizarres, qui parlent entre eux une langue incompréhensible, qui ont des noms imprononçables.
Et surtout, obsédés par l’argent. Des gens pas très fréquentables, donc.
Et j’en étais ! Je décidai de garder ce terrible secret pour moi. Jusqu’à ce que j’apprenne que je n’étais pas le seul : mon père, mes frères et mes soeurs l’étaient aussi ! Rien que des juifs !
Que faire ? Comme ma mère, mettre un mouchoir sur tous ces secrets, m’inventer une cousine, des oncles, des tantes, une mère italienne.
Mais on ne peux pas inventer toute sa vie, c’est trop de boulot. Et le passé, c’est comme les cadavres qu’on jette à l’eau avec une pierre au cou, ça finit toujours par remonter à la surface.
Il fallait donc renouer les fils, savoir d’où l’on vient. Et j’ai appris une chose : sans racines, on est rien.

“Le jour où j’ai appris que j’étais juif”, Jean-François DEREC, Actuellement au Théâtre du Petit Gymnase, 38 Boulevard Bonne Nouvelle – 75010 Paris, M° Bonne Nouvelle