A GAZA, L’ESPOIR MALGRE TOUT !

A GAZA, L'ESPOIR MALGRE TOUT !

En direct de Gaza et en exclusivité, la suite du témoignage de Marc Everbecq, maire de Bagnolet (93), ville réputée terre d’accueil et solidaire, qui se trouve depuis quelques jours à Gaza dans le cadre d’une délégation française composée d’élus locaux et de membres de la société civile.

Sixième jour du cessez-le- feu :

Gaza sous les décombres. Gaza sous les feux de la désolation. Gaza pleure. Gaza saigne. Gaza essuie les larmes de ses enfants innocents et otages d’une Histoire confisquée et détournée de son sens depuis plus de soixante années.

Mais d’où vient ce frisson à la fois palpable et fuyant qui parcourt ces corps jusqu’à épuisement ?

Ah, Gaza ! Et encore Gaza sous les projecteurs d’un décor où des hommes, des femmes et des enfants tentent de panser leurs blessures profondes. Où des mères et des pères pleurent leurs enfants fauchés prématurément. Où des enfants aux yeux tristes et candides tentent de faire le deuil de cette violence qui hante leur mémoire qui a faim d’amour et de paix.

Et là, au coeur du désespoir qui étreint les cœurs de ces êtres qui avancent dans la nuit brumeuse et interminable, où tout se brouille, se mêle et s’entremêle, une délégation d’hommes et de femmes animés de valeurs et de principes humanistes venue de France témoigner sa sympathie et sa solidarité à l’encontre des Gazouis.

Ce voyage à Gaza ? Une attitude solidaire et citoyenne. Un acte de reconnaissance, de prise en compte et de valorisation. Un geste porteur d’amour, de paix et de promesses de fraternité. Des regards investis du pouvoir de lier et relier des êtres qui semblent lointains, différents et pourtant si proches et si semblables !

Cette présence à Gaza ? Une lueur d’espoir. Un trait d’union entre deux, trois, quatre... humanités. Un moyen de sortir de l’ethnocentrisme. Une ouverture sur l’altérité. Un moyen de "dissiper les myopies et l’aveuglement que peuvent susciter les routines et les automatismes" (Marc Augé).

Alors, en direct de Gaza. Pour vous. Ce témoignage habillé d’une parole émouvante, qui balbutie sous l’effet de l’émotion qui prend aux tripes et étrangle la gorge. Qui bégaie devant tant d’atrocités. Qui conte et raconte l’histoire de la folie des hommes. Qui dit et crie haut et fort son indignation, sa colère et par-dessus tout son espoir. Oui. L’Espoir car à Gaza, malgré les pleurs, les souffrances, les douleurs, les… les… La Vie malgré tout ! Et par-dessus tout !

Jeudi 22 janiver 2009 :

"Je suis entré à Gaza" !

" 16 heures : au bout de deux jours d’insistance nous parvenons à entrer dans la bande de Gaza par Rafah. Nos amis sont heureux. Ils nous emmènent de suite dans le camp de Rafah où un F16 à jeter des bombes et fait des morts. De là nous allons au camp de Jabalya qui a été bombardé jour et nuit pendant toute la durée de l’agression militaire. Un homme qui a perdu sa fille dans le massacre de l’école de l’ONU nous dit devant le cimetière bombardé : "ici nous vivons comme des morts vivants". Le camp est plongé dans le noir. Israël a coupé l’électricité. Quelques groupes électrogènes tournent ici et là. Un homme nous dit sa peine. 11 personnes de sa famille sont mortes sous les bombes. 85% des morts sont des civils. Ici personne ne comprend cet acharnement israélien. Cela dépasse toutes les horreurs que nous avons vécues jusque là nous dit on. On nous raconte que la résistance palestinienne n’était pas du seul fait du Hamas. Toutes les factions étaient engagées. Les morts israéliens seraient probablement au nombre de 100. Pour dire l’intensité des combats. Ce soir ce qui me frappe c’est la joie des Palestiniens. Joie du cessez-le-feu. Joie de vivre. Joie blessée par la douleur des meurtrissures. Mais surtout joie immense d’être un peuple debout. A demain".

Vendredi 23 janvier 2009 :

« Nous sommes dans la bande de Gaza depuis 24 heures. Nous y avons vu un peuple martyrisé par l’armée israélienne. En quelques heures nous avons fait le tour des camps de réfugiés à Rafah, Jabaliya, Deir El Balah, Khan Younes. Passage aussi à Gaza City. Partout la même désolation. Des milliers de maisons par terre. L’hôpital Al-Quds du Croissant rouge est entierment détruit. Des milliers de familles dorment à même le sol dans des salles de sport. Soheila et ses soeurs de misère nous disent : "Nous voulons nos maisons" au milieu de leurs enfants. Les stocks alimentaires de l’ONU ont été détruits ainsi que 150 tonnes de médicaments. Une batterie de poulets est dévastée comme une station d’épuration d’eau. Le parlement palestinien est totalement détruit. Il ne reste qu’une carcasse de béton noircie par le feu. Partout les dégâts sont les mêmes. Aveugles et sauvages. Et puis nous tombons sur les quartiers qui ont été les plus exposés durant les bombardements et aussi l’occupation militaire ».

"Je prendrai le temps demain de vous transmettre le constat des crimes que nous avons dressés. Des pères de familles qui ont assisté impuissants à l’assassinat gratuit de leurs enfants. Des exécutions sommaires sous leurs yeux. Oui les soldats de Tsahal se sont comportés comme des criminels. Rien ne peut justifier de tels actes. Ils doivent être condamnés. Il faut une commission d’enquête internationale pour recueillir tous ces témoignages. Cela ne peut resté impuni.un peu partout les cérémonies d’enterrement avaient lieu ce vendredi jour de prière pour de nombreuses personnes. Ce soir nous quittons Rafah sous la pluie. Fine. Dans les mosquées les prêches de ce midi étaient très politiques. Le Hamas était très présent. L’unité palestinienne avec le Fatah n’était pas au coeur des discours. Au contraire. Les Palestiniens devront choisir leur voie. Nous souhaitons que ce soit celle de l’intérêt de tous les Palestiniens pour bâtir la Palestine. Bien que fin comme la pluie qui accompagne notre sortie, le chemin de l’avenir soulève un immense espoir. Immense comme le cœur des Palestiniens. A demain".