Veut-on faire taire un savant qui en sait trop ?

L’HOMME incarcéré depuis le 21 novembre dans la prison genevoise
de Champ-Dollon sur intervention de la France, avec demande d’extradition, est pour le gouvernement un sacré cactus. Un procès public de Loïc Le Ribault, pour "exercice illégal de la médecine et de la pharmacie" se déroulerait-il à l’avantage de ses instigateurs, les Conseils de l’Ordre des Médecins et des Pharmaciens ainsi que de l’Etat français lui-même ou l’accusation de charlatanisme se retournerait-elle contre les procureurs ?

Pierre Lance, dans son livre "Savants Maudits, Chercheurs Exclus" (éd. Trédaniel 2001, réédité en 2003) le faisait déjà figurer en belle compagnie parmi des parias tels que Béchamp, Quinton, Solomidès ou Beljanski, tous traqués, harcelés et souvent emprisonnés pour insoumission au Pouvoir scientifique.

Né à Vannes le 18 avril 1947, Loïe Le Ribault possède un curriculum vitae académique qui l’exclut d’entrée de la catégorie des rebouteux où on aurait bien aimé le confiner : licence ès Lettres, maîtrise de Géographie, doctorat de 3e Cycle en Sédimentologie, docteur ès Sciences. Il fut aussi en 1987 lauréat du Forum Européen des Créateurs d’Entreprises Innovantes en Aquitaine.

A 23 ans, il met au point l’exoscopie, méthode d’analyse de l’ancienneté des sables par balayage électronique, utilisée aujourd’hui universellement dans la recherche géologique, l’océanographie, les pétroles ou la criminalistique. (L’Exoscopie des Quartz. Ed. Masson 1977.)

En septembre 1981, après avoir vainement essayé d’intéresser l’Etat à son projet, Le Ribault crée le CARME, Centre d’Application et de Recherche en Microscopie Electronique. Un laboratoire de micro-analyse unique au monde qui rapidement deviendra le correspondant privilégié des magistrats, de la DST et même du FBI. En dix ans, il traitera plus de 1 500 affaires criminelles. Mais son succès n’est pas du goût de tous. Ainsi lorsqu’il fait la preuve que la terre jetée sur le corps d’un disparu de Mourmelon, Trevor O’Keefe, et celle collée à la pelle cachée dans la camionnette de Chanal est la même. Ou quand il découvre des traces de titane sur des victimes de l’explosion, qui, le 14 février 1989, a détruit l’immeuble de la Maison des Têtes, dans le Vieux Toulon, faisant 13 morts. Officiellement, c’est un suicide au gaz. Pour le CARME, c’est le résultat d’un missile tiré lors des man¦uvres se déroulant au même moment dans la baie. Il s’intéresse aussi à des "affaires" dans lesquelles l’Etat est soupçonné d’avoir falsifié des dossiers : Seznec, Dominici, Boulin, Marletta, Miss et Thiénot. Participe aux enquêtes Action Directe ou Grégory. Met son nez dans des événements embarrassants pour les Affaires étrangères : l’exécution des Ceaucescu, l’assassinat camouflé en accident de Robert (Koch) Maxwell. Confirme des pollutions que le gouvernement souhaiterait garder secrètes comme le nuage de Tchernobyl.

UN PRODUIT MIRACLE ?

Bref, Loïc Le Ribault commence à déranger. D’autant qu’on le dit proche du Front national. Déjà un avertissement lui avait été donné.

Alors que depuis 1983 il est expert en micro-analyse près la Cour d’Appel de Bordeaux, agréé par la Cour de Cassation et qu’il n’a reçu aucune aide pour créer le CARME, le Conseil régional d’Aquitaine subventionne en 1985 l’installation, à trente kilomètres de son siège, de l’ICE, une firme américaine concurrente. Entre 1985 et 1989, il formera 1 464 policiers et gendarmes français aux techniques modernes de police scientifique. Mais rien n’y fait. En 199 1 . police et gendarmerie cessent de lui confier leurs analyses. Dès lors, Loïc Le Ribault l’écrit lui-même, " Ministères de l’Intérieur, de la Justice, des Armées, des Finances, de l’industrie se liguent contre moi... Abus de confiance, escroquerie, infraction au code de procédure pénale, plagiat, publicité mensongère, concurrence déloyale, faux témoins, montage de faux dossiers, diffamation etc... " Tout est bon pour l’abattre. Il est contraint de vendre aux enchères un matériel évalué à 10 millions de F pour 2,5 millions. La gendarmerie qui le rachète monte son propre Institut de Recherches Criminelles (IRCGN). Avec les spécialistes formés par le CARME mais désormais aux ordres exclusifs du gouvernement.

Il n’est cependant pas a bout de ressources. En 1982, il a rencontré à Bordeaux le chimiste Norbert Duffaut, qui soignait bénévolement, avec une silice organique dont en 1957 il avait fait la synthèse, des chiens atteints de la maladie de Carré et d’entérocolites hémorragiques. Le Ribault est très intéressé. En effet, étudiant le rôle des micro-organismes du type diatomées ou bactéries vivant sur la pellicule de silice amorphe de certains grains de sable, afin de mettre au point un procédé pour récolter ces dépôts de silice, il fait une étrange découverte : la silice organique guérit instantanément le psoriasis qu’il a aux mains. Pendant dix ans Duffaut et Le Ribault soignent bénévolement des centaines de patients avec le G4, l’organo-silicié à usage externe qu’ils ont mis au point. En novembre 1993, Duffaut retrouvé mort est déclaré s’être suicidé. En 1994. Loïc Le Ribault formule le G5 ou monométhyl silane triol, du nom scientifique de la silice organique. Le silicium minéral est avec l’oxygène le principal composant de l’écorce terrestre. On le trouve dans le sable, le granite, les argiles. Le silicium organique qui, à la différence du précédent, comporte plusieurs atomes de carbone associés à de l’hydrogène, est un des composants essentiels de la matière vivante. Chez l’homme, on le trouve surtout dans les tissus et cartilages, le thymus, les parois vasculaires, les surrénales, le foie, la rate, le pancréas. Or il tend à diminuer avec l’âge. le corps n’étant pas capable de transformer le silicium minéral absorbé dans les aliments et la boisson en silicium organique. Il semblerait donc, selon les brochures du fabriquant, que " le G5, fortement chargé en ions positifs et négatifs, restitue à l’organisme le silicium organique qui lui fait défaut. Il rétablit l’équilibre ionique des cellules endommagées ou affaiblies, relance les échanges cellulaires et intervient dans le processus de régénérescence cellulaire ".

A ceux qui reniflent dans ce flou des relents d’arnaque, Loïc Le Ribault répond que depuis 75 ans, on ne sait toujours pas comment fonctionne l’aspirine. Pourtant la Sécurité sociale la rembourse. En tout cas, le spectre d’action du produit est exceptionnellement large : de l’Alzheimer à la Parkinson, du sida aux cancers, de l’artériosclérose à l’arthrose et la sclérose en plaques. Sans effets secondaires ni contre-indications, le G5 est complètement assimilable.

UN PARIA DE PLUS

Les autorités médicales françaises rejetant toutes ses demandes de tests, interdisant de facto cette molécule, il va faire appel aux media. Le 8 octobre 1995, après quatre mois de contre-enquêtes, Sud-Ouest publie un très long article sur le G5. Dans les jours suivants des milliers de gens contactent le chercheur. C’est la guerre ouverte avec le Conseil de l’Ordre. Dans l’espoir d’obtenir un agrément international, il part en mars 1996 pour les Antilles britanniques. Il en reviendra en décembre. Sera aussitôt arrêté. Mis au secret, il y restera 67 jours jusqu’à ce qu’un magistrat le fasse libérer sous contrôle judiciaire. A nouveau menacé, il se réfugie en Belgique le 8 mars 1997. Puis passe un an à Jersey, traitant 2 % de la population, ce qui lui vaudra un reportage de la BBC le 17 novembre 1998.

Entre-temps, le G5 est agréé dans l’ensemble des pays du Commonwealth. Les Laboratoires Evic CEBA valideront ses tests de non-toxicité conformément à la directive européenne 86/609/CEE du 24/11/86. Et son efficacité sera certifiée. selon les normes américaines., par le Pr Jean Cahn, directeur de l’Institut S.I.R International et professeur de Pharmacologie et Neurobiologie à la faculté des Sciences et de Médecine de Parme. La non-toxicité et l’efficacité étant des conditions préalables à toute mise sur le marché médicamenteux.

En octobre 1998 enfin, il s’installe en Irlande, crée son entreprise qui distribue le G5 dans le monde entier et y fait une demande de naturalisation. Le journal Santé-Pratique, qui s’est fort intéressé à cette affaire, suggère que des pressions auraient été exercées par la France sur Dublin puis sur Berne, le récent procès Chanal, au cours duquel le chercheur devait témoigner par télé-vidéo, l’ayant à nouveau mis dans la lumière.

Sur les "chats" scientifiques qui pullulent sur Internet, les bo-bos ricanent. " Un chercheur "bien connu ", peut-on lire sur Forums Futura-Sciences, ça veut rien dire. Il est professeur ? Où travaille-t-il ? Quelles sont ses publications ? " En revanche, comme pour Solomidès ou Beljanski, aucun des cinquante mille clients de Le Ribault n’a porté plainte. Les laboratoires pharmaceutiques ne sont pas les derniers à faire barrage à une pharmacopée élémentaire qui pourrait leur porter tort. Ne lui offrirent-ils pas 10 millions de F. pour son brevet ?

Il reste en tout cas que l’ancien directeur du CARME (site internet : www.loicleribault.com) possède trop de dossiers et connaît trop de secrets sur des événements graves ou des personnages douteux pour continuer à échapper à ceux qui aimeraient bien le faire taire une fois pour toutes. Lui refuse son extradition, son procès devant se dérouler le 4 février devant le Tribunal Correctionnel de Bordeaux. Il demande l’asile politique à la Suisse. Et clame qu’ il n’a rien à espérer en France, devenue, dit-il, " une dictature médicalo-pharmaceutique. "

René BLANC

NB. Association des Amis de Loïc Le Ribault c/o M. Bogé, 57 av. Général -Lec lerc, 750l4 Paris.

ARTICLE PARU DANS L’EDITION DE RIVAROL DU 05.02.04

INTERVIEW EXCLUSIVE DE LA SOEUR DE PIERRE CHANAL POUR LE MAGUE

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