Le silence des termites, ou la fin d’une civilisation annoncée

<i>Le silence des termites</i>, ou la fin d'une civilisation annoncée

En quelques pages bien ficelées, Xavier Patier nous invite à une chronique amère et satirique sur la mort de notre société moderne, victime du tout écologique (sic) puisque sans insecticide les termites s’en donnent à cœur joie !

Alors que tout s’annonçait bien, Narcisse, qui tient une galerie d’art contemporain à Montpellier, et se préparait au vernissage de sa nouvelle exposition consacrée à Spick, ce qui semblait un incident anodin s’annonce comme le début de la fin. L’absence d’état – puisque c’est désormais l’Europe qui gère – ne permet pas de gérer le jour d’après ni le cataclysme qui s’abat sur la ville. Car après l’écroulement de quelques appartements ce sont des séries entières d’immeubles qui succombent à l’appétit féroce de ces bestioles qui n’aiment pas seulement le bois, mais se rassasient aussi de béton. Seules les constructions à structures métalliques semblent résister à ce nuage invisible qui dévore tout sur son passage …

Sous la forme d’une fable moderne, Patier résume bien le tournant que prend notre société moderne, aussi bien dans ses nouveaux comportements que dans la manière de voir l’avenir. Le sport collectif vient d’être interdit par décret (car il engendre des violences entre supporters) et notre héros (nombriliste) expose des tableaux peints à partir de déjections canines (sic) : la culture serait donc en passe de devenir de la merde ?
Assurément quand on regarde la télévision ou que l’on s’amuse à étudier ce que les experts osent nous présenter comme les nouveaux canons.

Quand les flics ne tirent pas à vue ils sont lynchés : les dérives sécuritaires qui sont mises en place face au chaos qui s’est emparé de Montpellier livré aux pillards et/ou aux milices privées ne font qu’accentuer l’anarchie.
Les pompiers brûlent les ruines, espérant venir à bout des termites, les ONG sont débordées et l’on voit l’apparition des prédicateurs et d’associations fantaisistes occupées à remplacer l’état de droit désormais dilué dans les strates administratives de Bruxelles.
Cela fait froid dans le dos …

Prémonitoire à n’en pas douter, comme l’extraordinaire Camps des saints de Jean Raspail, ce petit livre devrait être un guide pour homme politique en mal d’électeurs, surtout dans un certain parti qui se cherche un programme pour les prochaines échéances : ici y est décrit tout ce qu’il ne faudra surtout pas faire !
En attendant un nouveau De Gaulle pour nous sortir du marasme, l’on peut se libérer les zygomatiques en suivant les traces de Narcisse qui devra quitter sa ville, protégé par une colonne militaire, pour se confronter à la (dure) réalité. 2009 ne pouvait pas mieux débuter.

Xavier Patier, Le silence des termites, coll. "Vermillon", La Table ronde, janvier 2009, 185 p. – 18,00 €