Yldune « libre », la lutte continue…

Yldune « libre », la lutte continue…

Les ami-e-s connu-e-s et inconnu-e-s d’Yldune Lévy ne cachaient pas leur joie vendredi en apprenant sa libération. Cette joie n’entame en rien la colère. Julien Coupat est toujours en prison et les adeptes de l’anti-terroriste ne désarment pas.

À Tarnac, échaudé par les gesticulations politiciennes qui pourrissent le dossier depuis le début, le comité de soutien aux inculpé-e-s du 11 novembre reste prudent. « La cour d’appel a suivi les indications du juge d’instruction, malgré l’acharnement pathétique du parquet qui venait d’user de sa énième manigance juridique pour maintenir Yldune en détention. Un nouvel épisode se joue malgré tout vendredi prochain, lors de l’audience de fond qui peut amener à sa réincarcération immédiate. On imagine cependant mal la chambre d’instruction sombrer tout à fait dans le ridicule en la remettant en détention. »

« Libre », Yldune Lévy reste étroitement surveillée. Elle est soumise à un contrôle judicaire strict. Tout comme les sept autres prétendu-e-s « anarcho-autonomes » libéré-e-s assigné-e-s à résidence dans divers départements. Il est par ailleurs difficile de fêter pleinement la sortie d’Yldune alors que Julien Coupat reste incarcéré à la maison d’arrêt de la Santé. Sa demande de mise en liberté a été refusée vendredi par un juge des libertés et de la détention (JLD). « On voit que la justice n’en finit plus de s’empêtrer dans sa construction d’un chef de cellule terroriste contre lequel elle s’acharne, chef dont les disciples paraissent toujours plus difficilement trouvables, souligne le comité de soutien. Cette décision est d’autant plus ridicule qu’un autre JLD avait estimé qu’il pouvait recouvrer la liberté, fin décembre. »

Au-delà de Tarnac, la logique anti-terroriste du gouvernement menace bel et bien les libertés de celles et ceux qui ont le malheur de « sortir des clous ». Pour preuve, la récente mésaventure de deux personnes supposées proches de la fumeuse « mouvance d’ultra-gauche ». Dans la nuit de mardi à mercredi, à Paris, la BAC a arrêté un jeune homme et son amie avocate « suspectés d’avoir tenté d’incendier deux voitures ». Curieusement, ils ont eu droit aux honneurs de la section anti-terroriste de la brigade criminelle et à la généreuse procédure d’exception qui offre une garde à vue de quatre jours (au lieu de deux dans le régime de droit commun).

Pourquoi tout ce ramdam ? Toujours « bien informés », les médias expliquaient que « de source proche de l’enquête », l’avocate parisienne avait été aperçue lors d’une manifestation en novembre 2003 devant la maison d’arrêt de la Santé lors du deuxième Forum social européen. Elle aurait également participé à une réunion le 6 décembre dernier à Montreuil (Seine-Saint-Denis) pour protester contre les interpellations de Tarnac. En prime, la police aurait trouvé son numéro de téléphone dans un calepin de Julien Coupat. Quant à son ami, il était présenté « de source policière » comme un proche de la mouvance d’ultra-gauche et serait connu pour « avoir manifesté activement son soutien à Julien Coupat ». Pour finir, les plumitifs croyaient pouvoir affirmer que la jeune avocate « travaillerait dans un cabinet défendant des membres de la mouvance dite anarcho-autonome ». Diantre.

Les beaux rapports des Renseignements généraux ont donc incité le parquet de Paris a qualifier les faits reprochés au couple de « dégradation par l’incendie en relation avec une entreprise terroriste » et d’« association de malfaiteurs ». Pas moins. Une baudruche vite dégonflée puisque le couple a finalement été libéré jeudi soir. Aucune poursuite n’est envisagée. « Leur libération sans aucune charge ridiculise les méthodes policières, mais démontre un acharnement bien réel dont il faut prendre la mesure », prévient le comité de soutien aux inculpé-e-s du 11 novembre.

On le voit, à la moindre occasion, l’extension sans fin d’un régime d’exception peut s’abattre sur quiconque se retrouve en mauvaise place sur les fichiers de la police politique. Un simple contact avec X ou Y peut vous faire faire adhérer, à l’insu de votre plein gré, à une « association de malfaiteurs à visée terroriste » Qui seront les suivants ? Le test publié ici en illustration vous donnera une idée de votre dangerosité.

Trêve de plaisanterie. Ces affaires prêteraient à rire si nous n’étions pas dans une situation aussi critique. Heureusement, ça branle dans le manche. Des initiatives se déroulent un peu partout jusqu’au 25 janvier pour écraser dans l’œuf le délire anti-terroriste qui déboussole le Sarkoland.

Pour exiger la libération de Julien Coupat et l’arrêt des poursuites contre les neuf inculpé-e-s du 11 novembre, une manifestation nationale est prévue le samedi 31 janvier à Paris. Départ à 15 heures devant le métro Saint-Michel.

Plus de détails sur le site du comité de soutien aux inculpé-e-s du 11 novembre