Le départ de Nathalie Kosciusko-Morizet de la rue de Grenelle a peut-être fait un heureux, et sans doute plus encore parmi les gros céréaliers de la Beauce, et les médias n’ont pas manqué d’y voir celui de bouche-trou dans le jeu de chaises musicales offert par Nicolas Sarkozy. L’intéressée a fait mine d’avoir oublié les controverses qu’elle a suscitée en lâchant du lest à bon escient sur l’extension des cultures OGM à l’Assemblée nationale, et se déclare heureuse : cette promotion m’apporte une autonomie qui ne me déplait pas, et un élargissement sur les thématiques.

En avril 2007, en plein débat sur les organismes génétiquement modifiés, elle avait accusé Jean-Louis Borloo et le président du groupe UMP à l’Assemblée nationale Jean-François Copé de se livrer à un concours de lâcheté et d’inélégance. L’affaire a fait grand bruit et les militants pour la sauvegarde de l’environnement ont apprécié que la droite au pouvoir ne soit pas toujours sur la ligne des gros agriculteurs et des marchands de semences. Nathalie Kosciusko-Morizet n’est pas remplacée pour le moment, alors que la seconde phase du Grenelle de l’Environnement doit passer prochainement à la moulinette du Parlement. Les anti-OGM se sentent inquiet à cause de ce qu’ils estiment être un renoncement des idéaux affiché pendant la campagne présidentielle.

En revanche, L’association APRIL, qui milite en faveur du logiciel libre se félicite qu’un secrétariat d’État au numérique soit maintenu, mais déplore qu’une fois encore, le gouvernement se borne à ne voir la révolution numérique qu’au travers de l’économie qu’elle génère. La remplaçante d’Éric Besson est la sœur d’un lobbyiste influent de ce secteur d’activité. Pierre Kosciusko-Morizet, président et fondateur du groupe de vente sur Internet PriceMinister, également président de l’Association pour le Commerce et les Services en Ligne et de l’Association des Services Internet Communautaires, n’y voit pas un éventuel conflit d’intérêts, même s’il admet que cela peut engendrer des situations cocasses et curieuses à gérer.

Mais certes au courant de ce qu’est le Web 2.0, la ministre trentenaire a montré qu’elle savait se débrouiller seule, et s’est d’ailleurs arrogée le titre de gloire d’avoir initié Jacques Chirac au maniement du mulot. À la fin de l’année 2007, elle évoquait le lancement d’un immense chantier dans l’administration qu’elle a géré : la réécriture des 5.000 normes Afnor relatives aux matériaux de construction, passées au crible du développement durable. Et, profitant de ce que ces rencontres de la construction étaient placées sous le thème du développement durable par l’approche globale, Nathalie Kosciusko-Morizet a évoqué l’élaboration d’un logiciel d’aide à la réflexion pour les décideurs publics pour intégrer l’offre globale dans leur politique d’achat, parce que dans ce domaine, les pouvoirs publics se doivent d’être exemplaires.

Le Grenelle de l’environnement, a eu dès son lancement un impact retentissant sur le réseau mondial. Le gouvernement a besoin d’être présent sur Internet et son silence a pu laisser le champ libre à d’autres opinions, parfois subversives. Face à ce risque pour les institutions, le gouvernement se doit d’être réactif afin de faire passer son interprétation des événements. Il doit maîtriser son image, que ce soit par exemple par la diffusion de vidéos ou la participation à des chats. Une chaîne du grenelle de l’environnement a par exemple été créée sur DailyMotion et Nathalie Kosciusko-Morizet est même allée jusqu’à intervenir sur SecondLife. La grande réussite du Grenelle de l’Environnement est passé par le relai que l’Internet a permis de lui offrir. Au total, 14.259 contributions ont été déposées en 17 jours sur 8 forums différents.

De son côté, Éric Besson a préparé son plan pour l’économie numérique dans une relative discrétion. Son travail a été bien perçu par les acteurs du secteur. Son remplacement par Nathalie Kosciusko-Morizet crée moins de remous, mais chacun se tient prêt à dégainer à la moindre incartade.

 

 

La controverse est vive à propos du ministre !
Mais pas ministre encore en dépit des faveurs
Qu’on lui accorde ici auprès des bons buveurs,
La dame au rire idiot n’est pas du tout sinistre.

La part de ce tissu mondial qu’elle administre
À présent, n’est pas mince et loin des éleveurs
Mais prendra-t-elle un pont avec les lessiveurs
Dont la tâche est bien sûr de courir au sinistre ?

Si tout le monde ignore à quel point il en est,
Ce grand plan formidable et s’il est mis au net
On sait déjà qu’il est dans les cartons du doute.

Comment ne pas conduire à coups de moulinets
De grands défauts qui vont mener à la déroute ?
Les contours et le sens du plan ne sont pas nets.