Une manif contre l’anti-terrorisme

Une manif contre l'anti-terrorisme

Rebelote. Un juge d’instruction a ordonné hier la remise en liberté d’Yldune Lévy. Aussitôt, le parquet a fait appel. Ça suffit ! Une manifestation nationale contre l’anti-terrorisme est annoncée pour le samedi 31 janvier.

Yldune Lévy, détenue depuis le 15 novembre, vient de connaître la même mésaventure que Julien Coupat. Le juge d’instruction en charge de l’enquête sur des actes de malveillance contre des lignes SNCF a ordonné mercredi sa remise en liberté. Le parquet a fait immédiatement appel de cette décision. Yldune est mise en examen pour « destruction en réunion en relation avec une entreprise terroriste » et « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ». Pas moins...

La cour d’appel de Paris examinera le cas de Yldune « dans les prochains jours ». Le 26 décembre dernier, cette même juridiction avait maintenu en détention Julien Coupat, présenté comme le « chef » d’une « cellule invisible » à l’issue d’une mise en scène politico-médiatique aberrante. Au total, neuf personnes ont été mises en examen le 15 novembre dans ce dossier bidon.

« Garder en prison Julien et Yldune sans aucune preuve alors qu’il va y avoir des mouvements sociaux en janvier, c’est prendre le risque d’en faire des icônes, expliquait Gérard Coupat, le père de Julien, dans l’Humanité du 23 décembre. Si j’étais à la place des ministres de l’Intérieur et de la Justice, je les remettrais tout de suite en liberté. Malheureusement, la clairvoyance ne semble pas être, jusque-là, la principale qualité de ces dernières… »

Gérard Coupat, médecin à la retraite, n’est pas franchement proche de la mouvance « ultra-anarcho-autonome » brandie comme un épouvantail par le gouvernement aux abois. Il déclare qu’il a voté pour Bayrou, puis pour Royal à la dernière élection présidentielle. Nous sommes donc bien loin d’un fan de Bakounine ou de Ravachol. Les événements qui frappent sa famille le rendent néanmoins très compréhensif à l’égard de son fils et de tous les jeunes qui en prennent plein les dents. « Depuis le 11 septembre 2001, on a affaire au marketing de la peur, commentait-il dans l’Humanité. C’est un mode de gestion politique. Et si, autour de la jeunesse de banlieue, a été dressé une sorte de « cordon sanitaire », là, à travers les jeunes de Tarnac, le pouvoir vise essentiellement les jeunes politisés issus de la classe moyenne, celle qui est en train de s’en prendre plein la gueule en ce moment. La classe politique sait qu’en janvier et en février, ça va péter. Parce qu’on ne peut pas accepter 150 000 chômeurs en plus et, dans le même temps, des milliards pour sauver les banques, ni des suppressions de postes dans l’Éducation nationale alors que cela fait deux générations que l’école est en panne. Il va donc y avoir des manifestations dans lesquelles on trouve cette jeunesse issue des classes moyennes, qui commence à remuer parce que, ayant fait quelques études, elle sait qu’on est en train de l’envoyer dans le mur, qu’on est en train de mettre en place une société inacceptable pour elle. Comme le pouvoir ne veut surtout pas que cette jeunesse puisse être l’élément déclencheur d’une révolte, il la met en taule. Après avoir vu fonctionner un mois durant le ministère de l’Intérieur et celui de la Justice, moi qui me suis toujours pensé comme un républicain, j’en suis arrivé à comprendre ces jeunes qui ne votent plus : ce personnel politique ne mérite pas qu’on vote pour lui ! Sans parler du temps qu’il a fallu à l’opposition - à l’exception de Noël Mamère, de Patrick Braouezec et Nicole Borvo, pour le PCF, ainsi que de quelques socialistes à titre individuel - pour s’exprimer et dénoncer ce qui n’est qu’une magouille. »

« Association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste », voici l’étiquette qui, à la moindre occasion, risque de pendre au nez des syndicalistes, des chômeurs, des anti-nucléaires, des sans-papiers, des militant-e-s des droits de l’Homme..., bref de toutes celles et de tous ceux qui vont vouloir affronter l’ordre capitaliste.

Pour lutter contre l’anti-terrorisme qui menace l’ensemble du mouvement social de nombreuses actions sont organisées un peu partout du 15 au 25 janvier.

Pour exiger la libération des otages de l’anti-terrorisme et l’arrêt des poursuites, une grande manifestation nationale est par ailleurs organisée le samedi 31 janvier à Paris. Départ à 15 heures devant le métro Saint-Michel.

Plus d’infos sur le site du comité de soutien aux inculpé-e-s du 11 novembre