La vie en 2010 expliquée par Malo Girod de l’Ain

La vie en 2010 expliquée par Malo Girod de l'Ain

Difficile pour chacun d’entre nous de savoir ce que nous serons et ce que nous ferons en l’an 2010... En 2010, nul doute que le Pape Jean Paul II sera mort et que Mickael Jackson n’aura plus que quelques années de prison à tirer, mais nos voitures, nos maisons, nos livres et nos télés… comment seront-elles ? Comment vivra-t-on en 2010 ? C’est la question à laquelle Malo Girod de l’Ain tente de répondre à travers son livre, Futur virtuel 2010. Un essai pour réfléchir, poser des questions et oser des réponses et un mini-roman pour s’amuser et « prospectiver » sur ce que seront nos vies en 2010… Dans 6 ans… Putain… 6 ans !

Futur Virtuel 2010

1 - Bonjour Malo Girod de l’Ain, quand, pourquoi et comment votre intérêt pour le futur est-il né ?

J’ai eu la chance de vivre la « bulle de l’Internet » de l’intérieur du cyclone. Cette explosion de créativité, avec ses excès et ses erreurs, mais aussi avec ses richesses et ses explorations, m’a poussé à regarder plus loin ce qui se pointait à l’horizon.

2 - Quel est le lien entre Centrale, le Droit, www.filmfestivals.com, la Gemmologie et le futur ?

La curiosité et l’envie d’apprendre en permanence.

3 - « Pour la première fois de l’histoire de l’humanité, nous disposons de bases théoriques solides pour tenter de prévoir les grandes lignes des évolutions futures. Profitons-en.  » écrivez-vous en introduction de votre livre. N’est ce pas ce que pensaient Nostradamus, Voltaire ou Montesquieu en leur temps ?

Nombreux sont ceux qui l’ont pensé effectivement. La plupart des religions ont également leur approche de la question. Mais ce n’est que très récemment que des recherches de niveau scientifique ont été menées sur le sujet de l’accélération du changement et les conséquences pour notre futur. Je rappelle l’une des découvertes récentes les plus importantes et encore méconnue : l’accélération du changement est une constante depuis des millénaires avec un doublement du taux de changement tous les dix ans.

4 - Votre livre offre deux niveaux de lecture : un essai très bien construit et charpenté dans lequel vous détaillez les évolutions possibles de notre société au sens large du terme… et un court roman un peu plus « fouillis » dans lequel vous romancez ces mêmes évolutions. En quoi ces deux textes sont-ils complémentaires ?

D’abord merci pour le compliment sur l’essai. J’ai d’ailleurs commencé par écrire les premières pages de l’essai. Assez rapidement, comme je travaille dans l’entertainment, j’ai trouvé l’approche ennuyeuse. Il faut s’amuser avec notre futur. Il va être fun. Les deux parties sont complémentaires et permettent de passer les messages très différemment. Et quel plaisir à écrire !

5 - Votre vision du monde en 2010 est assez déroutante tant les changements prévus ou devinés sont importants et fondamentaux. Ne craignez vous pas d’avoir un peu trop anticipé…, d’en avoir trop fait ? Souvenez vous des années 50 ou certains prédisaient les voitures volantes pour l’an 2000…

Rappelons tout de même que je ne situe en 2010 que le début de cette nouvelle ère du virtuel. Comme au début de tout changement profond, tout le monde ne le vit pas, ne le voit pas en même temps. Les précurseurs sont déjà partis, la majorité y viendra plus lentement. Et pour les voitures, je suis près à prendre le pari que nous volerons (mais virtuellement) avant les voitures. A suivre.

6 - Qu’est ce que la prospective appliquée ? Quelle crédibilité peut-on lui accorder ?

La prospective appliquée sert à analyser, à appréhender les évolutions d’un domaine particulier, d’un marché, d’une technologie… Nombreux sont ceux qui refusent d’attribuer une quelconque crédibilité à la prospective, cf par exemple l’article assez catégorique et amusant (mais en anglais) publié dans le numéro daté de décembre 2003 de Wired : « Futurism is dead ». Chacun est libre de ses opinions, je ne les partage pas, bien au contraire. Les recherches récentes, encore peu connues même des futurologues ou de leurs critiques, apportent une véritable révolution dans notre façon de penser le futur avec des bases solides.

7 - La maxime populaire énonce que le bonheur est dans l’instant présent… Pourquoi est-il si nécessaire de tenter de prévoir le futur ?

L’humanité a une soif inextinguible de savoir. Depuis des millénaires nous voulons savoir si le soleil se lèvera encore demain, si notre jour de chance est arrivé… Au delà de cela, la détection des grandes tendances donne les repères pour avancer intelligemment. Comme le disait déjà Sénèque que je cite dans le livre : « Il n’y a pas de vent favorable pour celui qui ne sait pas où il va ».

8 - En 2010 débutera selon vous une nouvelle ère, celle du virtuel. 2010 n’est pas une date prise au hasard mais est le fruit d’un calcul que vous détaillez dans la partie « essai » de votre livre. Pouvez-vous nous expliquez ce calcul ici ?

Je propose une division de notre passé et futur proche en trois grandes ères. L’ère industrielle, globalement le 20ème siècle, l’ère de la communication qui commence à la fin de ce 20ème siècle et ensuite l’ère du virtuel. Pour calculer les dates des ères passées, je me base sur une série d’événements marquants, symbolisant le passage d’une ère à l’autre. Pour le début de l’ère industrielle : 1912 pour le cubisme, la psychanalyse… qui apportent une nouvelle représentation de l’homme et une nouvelle vision du monde. Pour le début de l’ère de la communication : 1998 avec le début de l’explosion de l’Internet. Entre les deux dates : 86 ans. Ensuite, plusieurs mesures et exemples démontrent l’accélération du changement et de sa diffusion. Par exemple, il a fallu à la radio 38 ans pour avoir 50 millions d’auditeurs, il a fallu 4 ans à Internet entre le lancement du premier browser web en 1993 et 1997 avec plus 76 millions d’utilisateurs. Sur ces bases, le calcul donne 12 ans pour autant d’évolutions que pendant les 86 ans précédents et donc 2010 pour cette nouvelle ère, baptisée l’ère du virtuel.

9 - « Comment définir le vexisme ? » vous demandez-vous page 41… Oui, comment ?

Sartre a posé, avec d’autres, les bases de l’Existentialisme après la seconde guerre mondiale. L’Existentialisme affirme, selon la phrase célèbre de Sartre : « l’existence précède l’essence ». Les existentialistes soutiennent que l’homme peut « s’inventer » durant son existence au fur et à mesure des choix qu’il fait en toute liberté. D’autres penseurs, philosophes, psychanalystes, linguistes… ont démontré ensuite que les choses n’étaient pas si simples, que notre architecture mentale répondait à des structures dont nous ne pouvions pas nous affranchir comme cela. Rapidement résumées, ces différentes disciplines peuvent être regroupées sous le terme de Structuralisme. Le Virtuel Existentialisme ou vexisme repart des bases de la liberté de l’individu posées par l’Existentialisme et les combine avec les nouvelles libertés du virtuel, des univers en ligne… Le vexisme va faire partie des nouvelles valeurs de cette ère du virtuel avec liberté, plaisir, rapidité, intensité, variation, extrême, virtuel… comme termes pouvant le qualifier.

10 - Le monde tel que vous le décrivez est-il inéluctable ou est-il encore temps de tous se remettre à l’élevage des chèvres sur le plateau du Larzac ?

Pire : même le Larzac sera contaminé ! Plus sérieusement, je pense qu’heureusement ou malheureusement selon le choix de chacun, ces évolutions sont inéluctables. Et il faut vraiment commencer à s’y préparer sous peine d’être totalement dépassé par ce qui va nous arriver.

11 - Droite ou Gauche, quelle est selon vous le courant de pensée politique qui sera le plus apte à s’inscrire dans votre vision du monde en 2010 ?

Bonne question. Malheureusement, Droite comme Gauche, nos élites politiques sont aujourd’hui très loin, beaucoup trop loin, de ces sujets. Ceci dit, en terme de philosophie générale, les valeurs que nous pourrions qualifier globalement de social démocrate avec un mélange de liberté personnelle, d’ouverture, d’entraide et de capitalisme à la New Labor, me paraissent à la fois nécessaires pour contrebalancer les inégalités qui risquent de croître et probablement mieux adaptées, plus « compétitives » que les valeurs d’autorité, d’intolérance ou de laisser faire économique total.

12 - Alain Madelin ou José Bové ?

Choix impossible, je passe mon tour et j’attends 2010 . Si c’est choisir ou mourir, alors Alain Madelin.

13 - Quelle est votre opinion sur le débat actuel de la mondialisation ?

Passionnant. L’irruption de la société civile dans le concert trop huilé des nations est indispensable. La participation aux définitions des grandes politiques aussi. Par contre, le protectionnisme, la fermeture des frontières… ne seront plus jamais que des exceptions temporaires.

14 - Si vous aviez à écrire l’épitaphe du 20ième siècle, quelle serait-elle ?

Ci-gît le bâtisseur besogneux qui nous a permis de nous envoler.

15 - Un site internet ouvert à la participation de tous et de toutes accompagne l’essai et le roman. Qu’y trouve-t-on ?

On y trouve la vie autour du livre avec des nouvelles de science fiction amusantes, des concours, des histoires à mille mains, des liens étonnants… et surtout la participation de tous (déjà des dizaines de contributions un mois après le lancement). C’est un nouveau style de site appelé un Wiki (du hawaïen wikiwiki qui veut dire vite) où chacun peut non seulement lire mais aussi écrire, modifier, supprimer, ajouter à sa guise. Une tout autre approche. A essayer sur le site ou directement sur le wiki.

A coté de 2010virtual, pour continuer dans le domaine du changement et de l’innovation, nous travaillons avec plusieurs amis et partenaires au lancement d’un Générateur d’Innovations basé sur l’intelligence collective. Une version béta est déjà visible (décembre 2003) ici.

16 - Un dernier mot sur notre futur ?

Accrochez-vous cela va décoiffer. Certains ont pu parler de la « fin de l’histoire », nous n’en sommes en réalité qu’au tout début. Joyeux 2010 !

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