C’est trop Dur d’être un Fils de…

C'est trop Dur d'être un Fils de…

Jean Sarkozy a démenti rapidement la rumeur répandue par le quotidien économique Les Échos vendredi : le fils du chef de l’État aurait été choisi par son père pour prendre les fonctions de n°2 de l’UMP, en remplacement de Xavier Bertrand. Le président ne m’a jamais posé la question et il n’en a jamais été question, a déclaré le jeune élu des Hauts-de-Seine à son concurrent Le Figaro en fin d’après-midi. Difficile pour un jeune homme de 22 ans de parler de son père en le désignant sentencieusement par sa fonction à la magistrature suprême, non ? En dépit d’une idée reçue selon laquelle un fils à papa serait favorisé par rapport aux autres enfants de sa génération, la malédiction pèse en réalité sur le destin des fils de… Exemples :

Dominique de Villepin : n’est pas devenu Premier ministre en 2005 à la force du poignet. Il est le fils d’un industriel, Xavier Galouzeau de Villepin, par ailleurs sénateur depuis 1986, et inscrit à l’UMP. Après s’être engagé dans la Résistance à l’âge de 24 ans et avoir participé à la Libération de la France, son père étudie à HEC et à Harvard, dont il sort diplômé. Une carrière menée au sein de grandes entreprises comme Saint-Gobain le conduit à l’étranger, où il s’intéresse à la condition de ses compatriotes établis hors du pays, et devient membre de l’Union des Français de l’Étranger, au sein de laquelle il prend de hautes responsabilités. Xavier Galouzeau de Villepin est membre du conseil d’administration de Institut français des Relations internationales (IFRI) et de la Fondation Robert-Schuman.

C’est donc naturellement que son fils se tourne vers la diplomatie et la politique. Il occupe plusieurs postes à l’étranger après sa sortie de l’École nationale d’Administration (ENA) où il a fréquenté Renaud Donnedieu de Vabres, François Hollande et Ségolène Royal. Mais avant de partir aux États-Unis en 1984, il travaille au Quai d’Orsay sous les ordres de Jean-Louis Gergorin, avec lequel il se retrouve mêlé en 2006 dans une affaire de dénonciation calomnieuse et complicité d’usage de faux, qui lui vaut à l’heure actuelle une citation à comparaître au tribunal correctionnel dans l’affaire dite ClearStream II.

Rama Yade : est la fille d’un diplomate et professeur d’histoire, bras droit et secrétaire particulier du président du Sénégal Léopold Sédar Senghor. De confession musulmane, elle a été éduquée dans un collège catholique à Colombes dans les Hauts-de-Seine. Elle fait de bonnes études en classe préparatoire d’hypokhâgne et suit le cursus de l’Institut d’Études politiques (IEP) de Paris en 2000. En 2005, elle adhère à l’UMP en justifiant ce ralliement par rapport aux prises de position de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, ministre d’État, dont elle déclare admirer le charisme, plus que les valeurs de droite.

Administratrice du Sénat à partir de 2002, elle commence sa carrière à la commission des affaires sociales de la haute assemblée où elle est chargée de l’emploi, de la formation professionnelle et de l’Outre-Mer. Elle est ensuite détachée auprès de Jean-Pierre Elkabbach, à la chaîne parlementaire Public Sénat, au début de l’année 2005, où elle devient directrice adjointe des programmes puis directrice de la communication. Rama Yade participe à la campagne électorale de Nicolas Sarkozy pour les présidentielles en 2007, et fait partie des cabinets Fillon en tant que Secrétaire d’État aux Droits de l’Homme, où à plusieurs reprises, ses prises de position font polémique et créent un malaise au sein du gouvernement. Après une campagne électorale haute en couleurs mais calamiteuse à Colombes en 2008 pour les élections municipales, Rama Yade, échaudée, refuse la proposition du chef de l’État de prendre la tête de liste aux futures élections européennes. Ce revirement devrait lui coûter son poste et peut-être, donner un coup d’arrêt à une ascension politique fulgurante.

Alexandre Dumas fils : est bien entendu celui d’Alexandre Dumas, mais aussi de la voisine de palier de ce dernier. Ses parents ont fini par le reconnaître à l’âge de sept ans. Après un difficile combat pour sa garde, il est confié à son père, envers lequel il conserve un profond ressentiment qui se manifeste dans ses œuvres, marquées par le thème de la désagrégation de la famille et inspirées par un certain moralisme et une profonde ténacité. Il écrit en 1872 La Question de la Femme pour l’association de L’Émancipation Progressive de la Femme, crée par Arlès-Dufour et Julie-Victoire Daubié. Ce texte, préfacé par la seconde, journaliste, est interdit au colportage en 1873. Une œuvre controversée pour l’époque ne lui permet pas d’accéder à la célébrité acquise par son père, génial auteur de romans populaires. Il reste essentiellement connu pour son roman La Dame aux Camélias.

Marcus Junius Brutus Cæpio : n’est pas le fils de César, le premier empereur romain. Mais c’est ainsi que Plutarque décrit les liens qui unissent les deux hommes. Fils de Marcus Junius Brutus, patricien, et de Servilia Caepionis, demi-sœur de Caton d’Utique, il prend le parti de Pompée alors que ce dernier s’oppose à Jules César. Tournant casaque après la bataille de Pharsale, il est nommé par celui-ci gouverneur de la Gaule cisalpine, puis préteur urbain. Mais il finit par s’allier à son ancien rival Caius Cassius Longinus pour fomenter un complot qui se dénoue par l’assassinat de Jules César, considéré par les factieux comme un traître aux valeurs et aux idéaux de la République de Rome. Poursuivi par Marc Antoine qui souhaite venger à la fois la mort de César et celle de son propre frère, il est vaincu à la bataille de Philippes et meurt en s’écriant vertu, tu n’es qu’un nom, d’après les chroniques.

Finalement, l’Histoire nous apprend qu’il n’est pas si simple de suivre l’exemple de son père, et d’acquérir à son tour une renommée forcément encore plus grande que celle de son illustre prédécesseur. Fils de rien, n’en doutez pas : le monde est à vous !

 

 


Si ce n’est pas la mer à boire, on s’y croirait
Et trop de pression pèse au-dessus de sa tête,
Nous le voyons aussi pour le simple épithète
D’un patronyme en or et d’un grand intérêt !

Son père est dans la vie une épée, un fleuret,
Tant de talent chez lui et son enfant s’entête
À bien faire, or ce gosse est hélas un esthète
Qui doit abandonner au premier coup d’arrêt.

Meilleure est la lignée en remontant les âges,
Et bien plus on croit voir décliner les usages
Qui font l’âme et le prix de ce nom fabuleux.

Il ne s’est pas donné un peu de peine à naître,
Et il s’en donne ensuite à des débats houleux
Pour déminer son sort sur la faveur d’en être !

 

Avec Wikipédia et Le Journal de Mickey.