LA VALEUR DE L’INFORMATION DANS LA PRESSE

LA VALEUR DE L'INFORMATION DANS LA PRESSE

De nombreux journaux sont dans l’impasse économique ou s’y acheminent.

Les états généraux de la presse écrite sont en train de se tenir pour remédier à une baisse tendancielle de la diffusion, un déficit chronique d’un certain nombre de titres, et de nombreuses menaces de disparition de journaux, un vieillissement du lectorat, ainsi qu’à une contraction des rédactions. Confrontés à un redoutable effet de ciseaux, avec la hausse des coûts d’un côté, la baisse des recettes de l’autre, qu’il s’agisse des ventes, de la publicité, ou des annonces, de nombreux journaux sont dans l’impasse économique ou s’y acheminent.

Les groupes de presse qui évoluent suivant une logique économique ne se sentaient pas en péril tant que leurs lecteurs estimaient payer le prix acceptable pour leur publication. Mais aujourd’hui, la valeur de l’information est mise en péril.

Et ceci alors que l’information, dans un monde complexe et en mouvement rapide, est au cœur de toutes nos décisions, de nos actions, et qu’elle attise les convoitises de ceux qui peuvent avoir intérêts à manipuler l’opinion où influencer le comportement des masses : politiques, industriels, publicitaires…

L’Élysée propose de créer des groupes de presse "champions internationaux" pour remédier à la crise. Il invite à nous inspirer des journaux à succès de l’étranger (BBC en Angleterre, El Pais en Espagne, qui assurent un meilleur échange entre tous les supports (presse, radio, télé, numérique (internet, mobile...). Mais qu’en est-il de l’indépendance de la presse, de la qualité de l’information, du rôle du journaliste si on s’achemine vers une solution ou l’information est traitée comme de la data qu’on met dans plusieurs tuyaux et le journaliste comme un homme orchestre qui doit retranscrire l’information en texte, son, vidéo, flux RSS pour tous les canaux simultanément ?

Le danger vient non moins de la presse gratuite d’information qui attire les lecteurs qui n’ont jamais été tentés par le payant, que par le Web. En effet, l’information émanant du Web est gratuite, claire, immédiate, efficace, mise en images et en vidéo, on demand. Elle se diffuse à chaque seconde, en même temps que l’évènement qui la fait, en même temps que l ‘événement qui se déroule.

Alors que faire d’une information qui n’a semble-t-il plus de valeur car posée sur le papier, figée, dépassée ? Quel prix est-il bon de payer aujourd’hui pour de l’information relayée par la presse écrite ?

Et surtout comment augmenter la valeur perçue de l’information pour que l ‘écosystème de l’information soit pleinement viable pour toutes les parties prenantes les médias, les journalistes, les lecteurs et les annonceurs ?

Des pistes pour revaloriser l’information en fonction des attentes des lecteurs


Aujourd’hui la valeur de l’information sur le papier réside dans son traitement.

Les journalistes l’analysent, la mettent en perspective, valident les sources, l’illustrent.

Il faut aller encore plus loin pour parvenir à augmenter la valeur perçue de l’information dans la presse. Plus loin…au plus prés des attentes des lecteurs…

Bref la traiter en fonction de leurs attentes spécifiques, en pleine affinité avec eux.

Il existe plusieurs pistes de réflexion possibles, puisque chacun de nous valorise une information d’une façon différente :

- Brute : le lecteur se fait son opinion

- Transparente : l’information transparente : le lecteur suit l’information à la trace pour la valider en fonction des relais d’information

- Opérationnelle : elle devient un moyen de réalisation

- Gratuite : sa valeur est aussi dans son rapport qualité prix

- Ethique : sa valeur vient des valeurs et opinion des personnes qui la diffusent

- Expérientielle : il y a partage d’expériences

- Exclusive : il n’est pas accessible a tout le monde, rédigée par des experts

- Hyper disponible : disponible immédiatement

- Hyper-pertinente : l’information est ciblée

Le nouveau rôle de la presse : aggrégateurs d’information et de communautés d’intérêts.

Jusqu’alors la presse faisait particulièrement autorité face à d’autres grands médias comme la télévision ou la radio. Mais les gens ont accès à de plus en plus de sources ultra ciblées, que ce soient des médias presse, la télé…là ou ils veulent, quand ils veulent.

De plus, tout le monde aujourd’hui peut devenir producteur de contenu, et diffuse via les plateformes de blogging ou micro-blogging.

Il faut se rendre à l’évidence : l’information n’est plus maîtrisable et maîtrisée. Nous assistons à la montée d’un besoin grandissant de filtrage, de hiérarchisation et de simplification de l’information.

Certaines personnes sur internet, choisissent et organisent de façon quasi professionnelle leurs flux d’information grâce aux applications netvibes ou autres igoogle, la ou un très grand nombre de personnes sélectionnent leurs chaînes de TV en choisissant tel ou tel bouquet satellite, ou en choisissant leur journal au kiosque.

On voit paraître un besoin d’agrégation de l’information à la fois individuelle et collective.

C’est pour cela que la presse doit s’adapter. La presse doit donc désormais se présenter comme le meilleur point d’entrée pour prendre connaissance de l’ensemble de l’information qui circule dans la presse, internet, à la TV, de bouche à oreilles et qui est pertinente pour les lecteurs. Elle doit ainsi agréger, en faisant remonter l’ensemble des prises de paroles et en les intégrant : il ne s’agit plus de faire cohabiter l’information « officielle » aux cotés de l’information « non officielle » comme par exemple sur le site web du monde.

Dorénavant pour les journalistes, c’est comme si le vrai travail commençait après la diffusion d’une information. Ils deviendraient plus que jamais aggrégateurs de contenus similaires a ceux qu’ils ont signés et animateurs de communautés d’intérêts autour de ces contenus réunit. Cela permettrait a certains contenus d’émerger dans la presse et sur internet alors qu’ils n’étaient pas encore connus par les journalistes, cela permettrait d’effectuer périodiquement une grande synthèse.

Le développement de services autour de l’information

Puisque Internet a démultiplié les points de relais de l’information, on assiste à une scission entre le média et l’information. Il est donc important de coller au plus près des usages et de mieux appréhender les contextes de vie pour sélectionner au mieux les points de diffusion et la nature des contenus. "Direct soir" n’est que le début d’un grande vague d’innovations contextuelles dans la presse.

Les médias doivent coller a l’actualité des usagers avant tout, en suivant leur consommation d’information d’un média à l’autre : l’information doit décoller a la radio, s’imposer sur le papier, s’étaler sur le net, se partager a la TV...se diffuser de bouches à oreilles...et se retrouver en bas d’un article.

Mais surtout, en prenant pied dans la vie des gens qui utilisent cette information pour réaliser des actions concrètes a un moment ou Internet et le mobile bouleversent l’ordre établit dans la presse traditionnelle : c’est le lecteur qui va vers le contenu et non plus l’inverse….et il le fait quand il a un besoin immédiat, une envie a réaliser, ou un projet a construire.

C’est une évidence, la presse écrite doit réagir rapidement. Mais les différents participants des états généraux de la presse seront-ils assez volontaire pour mener à bien les mutations nécessaires et assez créatifs pour développer de la valeur ajoutée plutôt que de réaliser des économies d’échelles en créant des grands regroupements médias ou ils sont surs d’aboutir à des points de convergences ? Repensons le rôle des médias, développons les services, revalorisons l’information avec créativité, courage et bon sens.

Jérémy dumont, directeur de pourquoi tu cours (l’agence des idées)

AXES DE REFLEXION

PREMIER AXE : Comment favoriser un écosystème logique entre les 3 principaux systèmes de traitement de l’information dans la presse : « les faits », « les opinions », et « le sensationnel » ?
Il semblerait que la viabilité de la presse « d’opinion » et de la presse « à sensation » soit bonne. Par contre l’équilibre économique de la presse « de faits » est plus difficile car l’information traitée par les journalistes a un cout qui n’est pas couvert intégralement alors que la presse d’information gratuite et internet font abonder l’information brute.
1) Analyse des quatre systèmes de traitement de l’information
2) Quelles synergies trouver entre les quatre systèmes ?

DEUXIEME AXE : Quels sont les nouveaux enjeux de la libre circulation de l’information portée par les NTIC ?
Ou comment les médias peuvent recréer les conditions d’un dialogue entre les différents acteurs qui participent a sa circulation ? Les grands médias ne sont plus les seuls émetteurs et les gens commentent les informations diffusées. Pourtant, ces échanges ne sont pas organisés de manière satisfaisante et aujourd’hui cette libre parole, rendue possible a grande échelle par les technologies, mais non-organisée est cacophonique.
1) Humaniser l’émetteur pour recréer les conditions d’un dialogue
2) Mieux gérer l’interactivité des médias
- Identifier les lieux d’échanges
- Clarifier les niveaux de prise de parole entre ceux qui font l’information et ceux qui la commentent
3) Faire « la grande synthèse » :
Comment les medias gardent la main en étant non seulement émetteur mais aussi opérateur de synthèse de la grande conversation.

TROISIEME AXE : L’accès personnalisé à l’information comme service ultime « à la carte »
Et si la personnalisation était un service ?
Et si l’ultime moyen de personnaliser son offre c’était de permettre aux gens de faire leurs choix eux même en fonction de leurs propres désirs ?
1) Fragmenter l’offre d’information en fonction de profils types pour permettre une agrégation personnalisée
2) Optimiser la synergie multimédia (papier/internet/multi mobile) autour de plateformes d’accès
Ex : Carte d’abonnement, site internet de pilotage
3) Offrir une vision panoramique de l’information (pour faire découvrir l’ensemble des possibilités)

QUATRIEME AXE : Renforcer la dimension communautaire des médias
L’enjeu de l’information est aujourd’hui économique, politique et social ?
A qui sert l’information ?
A quoi est elle nécessaire et utile ?
Une question de sens, le retour de la MARQUE !
1) Quels sont les enjeux de l’information pour les lecteurs, les annonceurs, les actionnaires.
2) Comment la presse se met au service de ses communautés d’intérêt (lecteurs, annonceurs, actionnaires).
3) La nouvelle approche des communautés : les communautés de sens (intra et intercommunautaire)

CINQUIEME AXE : Quels sont les nouveaux modèles d’éditorialisation de l’information dans la presse : Les avis d’experts
6-1) L’approche des agences de contenu
6-2) L’approche des concepteur-rédacteurs
6-3) Comment travaillent les comités éditoriaux en presse papier / web ?

SIXIEME AXE : Comment l’information se transmet-elle au quotidien ?
Questionnaire administrée à plusieurs personnes qui au quotidien transmettent de l’information.
"Quand vous avez une information à partager/communiquer à une autre personne,
1) Comment vous y prenez vous ? (jouez vous sur un registre rationnel ou émotionnel ?/Faites vous autorité ou jouez vous de votre empathie).
2) Dans quelle mesure lui laissez-vous la parole ?
3) Dans quelle mesure prenez vous en compte sa réponse ?"

Les membres de courts circuits suivants travaillent ensemble sur ce thème d’innovation :
- Lisa Ernst, journaliste - chargée de communicaton audiovisuelle et éditoriale
- François Laurent, Consumer Insight
- Alain Giraudo, ancien journaliste et fondateur du "Monde interactif"
- François Sergent, rédacteur en chef Libération
- François Kermoal, rédacteur en chef Stratégies
- Eve demange, blogueuse et spécialiste du web
- Eric Scherer, directeur analyse stratégique AFP
- Jean Maxence Garnier, directeur et fondateur de Think Out
- Xavier Dordor, directeur Association de la Presse Magazine
- Philippe Plassart, rédacteur en chef, Le Nouvel Economiste
- Isabelle Fredriksson, chargée de mission, Association de la promotion de la presse magazine
- Eric Faro, Tivi Pro
- Michel Lévy Provençal, responsable nouveaux medias, France 24
- Cédric Guillouet, directeur associé, Autoroute média
- Bruno Ricard, directeur marketing, syndicat de la presse régionale
- Marie-Estelle Rybinski, Directrice de publicité cross media, Mondadori France
- Marcelle Blandel, Directrice audience marketing, Orange
- Jérôme Bell, Extra Live
- Marc-Philippe Dubreuil, Ad&So Consulting – Cohom
- Judith Sautereau, Project manager, Symantec
- Daniel Bô, Quali Quanti
- Benoît Raphael, Rédacteur en chef lepost.fr
- Isabelle Crouzet, fondatrice de Cozop
- Pascal Beauchesne, consultant, Lab Foundation
- Christophe Rebours, directeur In Process
- Stéphane Chirie, COO Yoowalk
- Leila Berrached, chargée de la connaissance média (Argus presse).

Planning des réunions :

· Vendredi 9 janvier 9h30 chez pourquoitucours (8 rue Myrha, 18eme)

· Vendredi 16 janvier 9h30

· Vendredi 23 janvier 9h30

une initiative de pourquoi tu cours.