L’armée israélienne a créé un non-événement

L'armée israélienne a créé un non-événement

Après 8 jours de bombardements sur la bande de Gaza, les soldats israéliens sont restés l’arme au pied samedi. Tous les observateurs, qui pressentaient la veille une invasion de ce territoire aux mains du Hamas par l’infanterie et l’arme blindée respirent maintenant et privilégient la voie diplomatique.

La nuit a pourtant été confuse et la menace n’a jamais cessé de planer sur cette étroite bande de terre privée de tout accès vers l’extérieur. L’aviation a poursuivi ses frappes aériennes sur les objectifs militaires et politiques définis par l’état-major de Tsahal, abattant un nouveau chef de haut rang de la branche armée du Hamas. Par ailleurs, une incursion des forces spéciales aurait été repoussée par les Brigades Ezzedine al-Qassam, mais un porte-parole de l’armée israélienne a a indiqué n’avoir pas connaissance de l’incident, et a ajouté qu’aucun soldat n’avait pénétré dans la bande de Gaza depuis le début des raids aériens.

Une occasion pour l’offensive est passée sous le nez des faucons israéliens. En dépit d’une ultime diatribe de George Bush, rendant le Hamas responsable de la situation de guerre, et la position ambiguë des Nations-Unies, exhortant les combattants palestiniens à cesser leurs tirs de roquettes, le ballet diplomatique initié par Nicolas Sarkozy a bel et bien commencé à entamer la détermination des autorités israéliennes.

Déjà vendredi, le Premier ministre turc, Tayyip Erdogan, a appelé à la fin de l’offensive israélienne, à la levée du blocus de Gaza et à l’arrêt des tirs de roquettes. Ce jour-là, une journée de la colère, qui a débuté après la grande prière du vendredi, a été relayée par des manifestations de solidarité dans tous les pays musulmans. De son côté, le chef d’État syrien a rompu le silence des dirigeants arabes, et si Bachar el-Assad n’a pas grande influence sur Tel-Aviv, son poids politique est tout autre auprès des autres leaders politiques de la région.

La police anti-émeute égyptienne a dispersé vendredi dans le centre du Caire des islamistes qui tentaient de manifester contre l’offensive israélienne contre le Hamas. En Jordanie, 1.500 manifestants ont tenté de se diriger vers l’ambassade d’Israël après la grande prière du vendredi tandis que 5.000 Palestiniens et Jordaniens ont participé à une marche à l’appel des Frères musulmans dans le centre d’Amman.

Après avoir reçu jeudi la ministre israélienne des Affaires étrangères Tzipi Livni, le président français a reçu le chef de la majorité parlementaire libanaise, Saad Hariri. Il ira lundi au Caire, à Ramallah et à Jérusalem. Il sera mardi à Damas, puis à Beyrouth, avant de se rendre dans le Sud du Liban. La présidence française est restée jusqu’ici très discrète sur les objectifs de la tournée de Nicolas Sarkozy, mais présenter ses bons offices dans un contexte où une offensive terrestre aurait déjà eu lieu serait un tel camouflet que les relations entre la France et Israël s’en trouveraient mises à mal.

Tsahal a rappelé 9.000 réservistes, et si quelques journalistes ont été autorisés à travailler à Gaza, 2 autres ont été arrêtés en zone interdite. Les chars d’assaut sont massés à la frontière, où quelques camions de vivres ont pu transiter, sans pour autant lever le doute sur la catastrophe humanitaire dont le Programme Alimentaire Mondial (PAM) s’est fait l’écho. 9 millions de dollars seraient nécessaires pour répondre aux besoins supplémentaires de nourriture en raison du redoublement d’intensité des combats.

Vendredi après-midi, le Premier ministre israélien Ehud Olmert et ses principaux ministres ont tenu une réunion consacrée à l’offensive en cours. Outre le Premier ministre, le ministre de la Défense, Ehud Barak, le ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni, ainsi que les responsables militaires et du renseignement étaient présents. La situation est confuse au sommet, et les buts de guerre sont essentiellement centrés sur l’avantage que les partis politiques les plus influents pourraient obtenir d’une victoire à Gaza.

Benjamin Netanyahu pousse Tzipi Livni à la roue, mais le Premier ministre, acculé à la démission pour être impliqué dans des malversations, s’est refait une santé depuis le début de l’offensive aérienne sur Gaza. Pour l’instant, le Likoud de Benjamin Netanyahu est donné gagnant pour les élections anticipées du mois de mars, mais Ehud Olmert, en jouant la carte de l’apaisement, a l’opportunité de tirer, avec son parti Kadima, tous les bénéfices d’un succès diplomatique.

L’option militaire, aux premières lueurs du jour, apparaît dépassée. Khaled Meshaal a depuis Damas menacé les autorités israéliennes d’un nouveau désastre en cas d’invasion, en avertissant que les Palestiniens étaient prêts pour contrer une offensive terrestre. Les combattants du Hamas, maîtres des lieux depuis un an et demi, se sont préparés vaille que vaille à subir un assaut en creusant des tunnels et des caches un peu partout. Les roquettes lancées depuis la bande de Gaza paraissent de meilleure facture que d’habitude… L’état-major israélien a-t-il eu peur ?

 

 


Tout est fin prêt des deux côtés pour l’offensive,
Et tout le monde attend le moment du grand saut
Vers le choc de la mort, mais là, aucun n’est sot :
La peur les laisse à l’aube ici d’humeur passive !

À la frontière, on prend le pouls d’une excessive
Tension sur les chars lourds et les fusils d’assaut,
Quand l’état-major s’offre au dernier soubresaut
D’un concert des nations à la main convulsive…

Le jour se lève et rien n’est fait malgré les points
D’impact sur un sol sec où les gens ont les poings
Serrés dans leur colère en criant sous les bombes.

Le doute a mis un terme aux bruits de confusion,
Car après l’embarras vient le temps des colombes,
L’arme au pied, les soldats sont privés d’occasion.