Bien sûr, le Quai d’Orsay annonce une réunion de circonstance des ministres européens des Affaires étrangères pour faire le point mardi sur la situation au Proche-Orient après trois jours d’opération militaire israélienne… Il n’en sortira rien, évidemment, même si Bernard Kouchner tente de négocier une trêve humanitaire afin de mettre un terme à l’opération militaire, comme on l’apprend lundi de source diplomatique.

Roselyne Bachelot, quant à elle, fait de son mieux pour déminer la polémique après plusieurs décès aux urgences de l’hôpital. Elle estime que les moyens de l’hôpital ne sont pas en cause et explique l’épisode par un problème d’orientation et d’organisation, et dénonce, lors d’une conférence de presse, une exploitation politicienne. Sa collègue Christine Boutin enregistre consciencieusement le nombre des morts dans la rue et met en garde les associations qui menacent de couvrir les trottoirs parisiens de tentes en pleine vague de froid.

Pendant ce temps, la vie continue à Salvador de Bahia, et le quotidien brésilien local A Tarde fait ses choux gras des reports successifs observés pour le départ de l’hôte présidentiel, dont les lecteurs s’amusent follement. Ses pages nous font part des tergiversations vestimentaires de Carla Bruni, un jour en maillot de bain, et l’autre en bikini blanc… Il paraît même que le président Luiz Inácio Lula da Silva s’est déplacé dans la station balnéaire pour s’enquérir de l’efficacité du service d’ordre !

Nicolas Sarkozy s’est un peu occupé des affaires du monde, et a fait publier par l’Élysée quelques communiqués bien sentis sur l’actualité du moment, histoire de signifier à son peuple qu’il garde un œil sur les problèmes qui nous concernent, à part la crise économique, dont il n’a depuis sa lointaine villégiature plus aucune idée. Nous savons donc que la nouvelle de la mort du dramaturge et prix Nobel Harold Pinter a pu l’atteindre, et qu’il s’est entretenu avec Mahmoud Abbas et Hosni Moubarak au sujet des bombardements israéliens sur la bande de Gaza, puis qu’il recevra la ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni au début du mois de janvier.

Quand ? Nul ne peut le dire… L’agenda du président s’est arrêté au 23 décembre, et demeure désespérément vide ensuite. Le service de presse de l’Élysée déclare d’une voix revêche, où l’on sent le désespoir du petit personnel abandonné par le maître des lieux à son triste sort, qu’il n’a aucune information le concernant sur aucun des sujets qui font l’actualité. Nicolas Sarkozy, pourtant, a prévu avant son départ pour les plages brésiliennes de revenir le 29 décembre, mais aucune directive ne semble avoir été donnée pour son retour à Paris, et de leur côté, les ministres paraissent donner de la bande lorsqu’il s’agit de définir la politique suivie, ou simplement, de contribuer au débat public !

En ce qui concerne les vœux traditionnels que le président de la République prononce à la télévision le 31 décembre, tout comme ceux qu’il fait aux différents corps constitués de l’État, rien n’est apparemment mis au net ! Le Figaro s’est fait l’écho de rumeurs derrière lesquelles on sent la patte de Franck Louvrier, le conseiller en communication rentré en grâce après le départ de Cécilia… Rien de vraiment sérieux en somme, sauf que l’intervention sera diffusée en léger différé. L’allocution est certainement préparée de longue date, et confiée au réalisateur de Thalassa, Yves Barbara. Elle pourrait très bien être enregistrée dans un petit studio au bout du monde, personne n’y trouverait à redire, puisque Nicolas Sarkozy a déclaré qu’il s’en allait au Brésil avec toute la technologie nécessaire pour faire face à toutes les situations.

D’ailleurs, le site Désinformations n’a-t-il pas ces jours derniers insinué que désormais, la France serait gouvernée par satellite et à mille lieues de la Rive Droite ? Le président de la République et son épouse feraient en effet le tour du monde et profiteraient des outils de la technologie moderne pour assurer une présence virtuelle à la tête du pays. Ce qui ressemble à première vue à un canular pourrait bien devenir réalité, puisqu’une agence de presse helvète annonce le couple présidentiel à Crans Montana pour le réveillon du nouvel an !

 

 

Quand le chef de l’État s’expatrie en vacances
Dans un autre hémisphère en retrait du regard
Importun de la presse et sans le moindre égard,
Chacun se dit inquiet des suivantes séquences.

Si pas un bruit ne filtre aussi sur les fréquences,
Les attachés de presse ont l’air en plus ringard
De ne rien pouvoir tendre au journaliste hagard,
Les gens vont des congés tirer les conséquences.

Dès qu’on nous habitue au gouvernement fort,
Moins souvent le souhait de faire un seul effort
Nous prend ici, malgré le peu qu’il nous apporte.

La fois prochaine, on lui fait suivre un dictateur
Qui ne fait pas l’erreur d’ouvrir un peu la porte,
Et reste auprès de nous comme un bon serviteur !