Faut-il brûler Dieudonné et Robert Faurisson ?

Faut-il brûler Dieudonné et Robert Faurisson ?

Un nouveau couple diabolique est né depuis quelques heures sur la scène du Zenith de Paris. L’humoriste Dieudonné a commis le pire acte symbolique qu’il pouvait faire au sein de la planète Média, il a invité sur les planches Robert Faurisson, Maître-assistant à la Sorbonne, puis maître de conférences en littérature contemporaine à l’université Lyon II, le plus connu des partisans français du discours négationniste, niant l’existence des chambres à gaz homicides, des camps d’extermination (qu’il considère comme de simples camps de concentration) et, plus généralement, de la réalité du génocide des Juifs commis par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale. Faurisson a été condamné à plusieurs reprises pour « négation de la Shoah ».

Acte immonde, impardonnable et consternant pour certains, de bravoure pour d’autres, Dieudonné une nouvelle fois frappe fort, dérape, provoque, joue avec le feu séparant au moins les avis en deux, cassant un tabou, osant aborder de front (national ?) un sujet qui fait polémique depuis près de trente ans en France et ailleurs. Comme pour tester les limites d’un système et surtout les siennes.

Dieudonné met de l’huile sur le feu alors qu’on aimerait plutôt un apaisement à l’heure où Israël frappe à mort(s) sur la Bande de Gaza.

Comme chacun le sait Dieudonné est un des plus grands humoristes français de sa génération et son travail sur scène et ailleurs mérite le respect.
Ses prises de positions politiques depuis quelques années alimentent la chronique, Dieudonné étant devenu le "mouton noir", l’individu à ne pas fréquenter ni citer si on veut être dans les bonnes listes médiatiques.
Seul Frédéric Taddeï osera lui donner une tribune télévisuelle ces derniers mois dans "Ce soir ou jamais" son émission de débats sur France 3.

De Robert Faurisson on sait que c’est un obsessionnel maladif, reclu à Vichy, qui a fait de ses théories anti-Shoah son fond de commerce, entre à peu près et certitudes subjectives et personnelles peu rigoureuses.
Dieudonné a lui-même pris quelques précautions oratoires lors de son Show au Zenith avec Faurisson en disant qu’il n’était pas d’accord avec toutes les théories de Faurisson. Dont acte.
Toujours est-il que faire remettre un prix de l’infréquentabilté et de l’Insolence à Faurisson est une idée comme une autre, certes pas drôle du tout et maladroite, mais pas en déguisant son propre régisseur Jacky en Déporté avec une étoile jaune. Il est des symboles du Mal et des douleurs que l’on se doit de respecter même si on est dans l’humour provocateur extrême.

Toujours est-il que le couple d’enfer Dieudo et Faurisson nous pose de vraies questions sur les limites de la liberté d’expression en France.
C’était peut-être là toute le sens de la démonstration de Dieudo, même si elle est très rude et qu’elle a frisé l’inacceptable tout du long. Diaboliser Dieudonné ne servira à rien, il faut donc trouver une solution pour apaiser les esprits et ouvrir le dialogue sur ces sujets si complexes une bonne fois pour toute. Qu’en pensez-vous ?