Un Journaliste à la Source de l’Affaire qui frappe Julien Dray

Un Journaliste à la Source de l'Affaire qui frappe Julien Dray

Le député de l’Essonne a du mal à croire au Père Noël : une enquête diligentée par le Parquet et la Brigade financière a soulevé une tempête médiatique et fragilise un des tribuns les plus en vue du PS. Celui qui aurait pu assurer la transition après la démission de François Hollande à la tête du camp socialiste se retrouve en caleçon, l’absence de mise en examen et son immunité parlementaire le privant de tout moyen de défense.

Les conséquences politiques me dépassent. Je suis rentré dans un autre monde. Il y a une vie qui vient de s’achever, c’est triste pour moi. Mais elle s’était déjà achevée avec le congrès, a déclaré Julien Dray lundi soir aux journalistes du journal Le Figaro. Le parlementaire est désarçonné par un coup dont il ignore l’origine, et le pire pour lui, c’est que parmi les soutiens les plus appuyés qui lui sont apportés figurent celui d’un boutefeu du camp adverse : Frédéric Lefebvre…

Au sein de sa propre famille politique, les déclarations en sa faveur se comptent sur les doigts de la main. Martine Aubry présente cette enquête comme une affaire privée, tandis que Ségolène Royal n’a ni connaissance ni lien avec l’affaire évoquée par les médias et ne souhaite plus que son nom soit associé à celui qui fut son porte-parole pendant la campagne présidentielle. Julien Dray ? Connais pas ! Les éléphants socialistes ont soudain la mémoire courte… Le seul à bien vouloir prendre sa défense est Jack Lang, mais son poids politique a fondu à gauche, depuis qu’il fait des risettes à la majorité.

Le député de l’Essonne est bien embêté, car il ne sait pas ce qu’on peut lui reprocher : en l’absence de poursuites, Julien Dray ne peut avoir accès au dossier, aussi a-t-il décidé de saisir le taureau par les cornes, en portant plainte à son tour. Si l’immunité parlementaire le protège contre un placement en garde à vue, la presse a saisi tout ce qui pouvait plaire au public en période creuse, et le scandale est né comme est née en d’autres temps l’affaire Clearstream… dont il n’est encore rien sorti !

Pour l’ancien ministre socialiste Jack Lang, la présomption d’innocence est une fois de plus bafouée ; on jette en pâture un nom, a-t-il déclaré à la radio. La présomption d’innocence n’est pas le souci de la presse, et nous voulons connaître l’origine des fuites qui ont permis que les informations de l’enquête soient transmises à des médias ; nous voulons déterminer quel service ou quelle personne en est à l’origine, a déclaré l’avocat de Julien Dray pour justifier le dépôt d’une plainte contre X pour violation du secret professionnel à la suite de fuites sur ce dossier dans la presse.

Le Figaro, notamment, se fait lundi l’écho d’une note au parquet de l’organisme anti-blanchiment Tracfin, à l’origine de l’enquête sur des détournements de fonds au détriment de deux associations : Les parrains de SOS Racisme et la Fédération indépendante et démocratique lycéenne (FIDL). Mais la personne qui a soulevé l’affaire vendredi est un journaliste du quotidien de référence que le monde nous envie : Gérard Davet. Par ses enquêtes et ses articles, cet homme s’est fait un nom dans les salles de rédaction et beaucoup d’ennemis. Il a sorti un certain nombre d’affaires et a été condamné pour diffamation le 23 mars 2005 à la suite d’une plainte de l’ex-gendarme Michel Roussel, qui avait dirigé l’enquête sur Patrice Alègre.

Les relations de la presse avec les services de police ont connu des jours meilleurs depuis que Jean-Marie Pontaut, rédacteur en chef du service investigations à L’Express, a prétendu que l’ancien patron des Renseignements Généraux a essayé de le manipuler en lui racontant longuement comment Lionel Jospin faisait une croisière avec toute sa famille sur un bateau payé par la République. Yves Bertrand a démenti ces propos tenus devant les États généraux de la Presse, mais le doute est permis et l’opprobre est jeté. De fait, tous les journalistes ont devoir d’entretenir de bonnes relations avec la police, des rédacteurs en chef aux plus obscurs localiers…

Le problème est que personne ne sait vraiment pour qui roule Gérard Davet. Bien introduit dans les services de police, rien ne lui échappe des scandales financiers de Clearstream… des Frégates de Taïwan ou d’autres affaires politico-judiciaires. Toujours est-il que l’intérêt porté par des officines sur celles de Julien Dray paraît bien plus probante qu’un règlement de comptes effectué par des proches de Martine Aubry, qui est aussi partie prenante dans les relations que tient le PS avec ses satellites que l’est Julien Dray. D’autant plus qu’il est difficile de reprocher à un journaliste de faire son travail.

 

 


L’argent circule au sein des partis politiques,
C’est le nerf de la guerre et bien plus délicat
D’en faire usage, et d’en donner sans avocat,
Et les fonds clandestins sont aussi élastiques.

Ils n’ont pas inventé de moyens plus pratiques
Pour soutenir au mieux l’action d’un syndicat,
Mais qui lui fait faux bond pour un certificat ?
Ses amis de la veille ont eu des mots critiques.

Qui lui dit que l’affaire est bien d’ordre privé ?
Cette enquête intervient dans un conflit larvé,
Un député dénonce un règlement de comptes…

Tous ceux qu’il a montrés du doigt sont abrutis
Alors, il ne peut pas nous raconter des contes :
Dans de tels faits, en plus, ils se sont engloutis !