Peut-on être romantique en levrette ?

La réponse de Maïa

Quand on pense romance, on imagine le dîner en tête-à-tête, pas vraiment l’orgie en tête-à-queue. Et pourtant, non seulement on peut s’aimer par-derrière, mais c’est recommandé, à la fois pour des questions physiologiques (la pénétration est plus profonde) et pour des raisons psychologiques (les jeux de domination et la sodomie sont rarement tapis loin de la levrette).

Le « problème » de cette position, c’est qu’elle peut sembler dépersonnalisante. La femme est réduite à son dos, sa nuque et ses fesses, l’anus est aisément accessible, le partenaire a tout pouvoir : c’est rarement ainsi qu’on imagine, mettons, sa nuit de noces ! La levrette, pour ne rien gâcher, est la position favorite des rares animaux que nous voyons souvent copuler : les chiens et les chats. On dit d’ailleurs « doggy style » en anglais – la position du chien. Une association d’idées d’autant plus malheureuse que le comportement de drague de nos amis les canidés est un repoussoir collectif : quoi de moins romantique que d’aller se renifler le derrière en public ? Pour tout humain qui se respecte, le chien incarne la soumission au biologique, à mille lieues du raffinement exigé dans la séduction humaine.

Pas de grand amour, pas de prince charmant, pas de repas aux chandelles…Reste la levrette, position sexuelle pratique, efficace, célébrée par le cinéma porno, plébiscitée par les utilisateurs, et dont on aurait tort de se priver.

Si vous avez vraiment du mal à concilier vos identités humaine et animale, si l’idée de le faire « à la chienne » vous répugne, essayez la position des petites cuillers : sensiblement la même, mais allongés sur le flanc, les bras du Mâle entourant le buste de la Femelle, à qui il peut prodiguer des baisers dans le cou au passage… tout de suite, ça devrait être plus romantique ! Et enfin, parce qu’il ne faut pas abuser des bonnes choses, rappelons que la romance 24 heures sur 24 peut devenir lassante. Rien n’empêche de varier les situations de couple : une balade à Venise + une fellation surprise dans la voiture (mais sans conduire), ça va très bien ensemble !

L’avis du sexologue : sexe trinité

Cette première question — si tant est que vous lisiez ce livre dans l’ordre (rien ne vous y oblige, d’autant que des renvois prolifèrent entre les questions) — met les pieds dans le plat. Elle nous permet d’introduire en douceur trois éléments qui jouent un rôle clé dans l’activité sexuelle : le coeur, l’esprit et le corps.

La véritable trinité de la sexualité humaine (pour l’animal, on est plus réservés). Beaucoup de manuels du sexe traitent exclusivement de l’aspect physique des choses, d’autres se focalisent sur ce qui se passe dans la tête et l’on trouve aussi – trop rarement – des ouvrages qui s’attachent au sentiment amoureux et ses aléas. Ici,nous ne sommes pas sectaires, nous envisageons les trois aspects.

L’exemple de la levrette est donc particulièrement bien choisi puisque la position ouvre des perspectives liées, bien sûr, à la physiologie humaine (cf. question 45), mais aussi sur le plan mental et affectif. Car pratiquer la levrette, c’est convoquer aussitôt dans notre inconscient une série de représentations mentales issues de « ce que veut dire pour nous, à ce moment précis, dans notre culture et par rapport à notre partenaire » l’image de ladite position.

C’est aussi, potentiellement, éprouver un conflit psychique, une contradiction ou un simple malaise (stimulant ou inhibant ! rien n’est simple et, en tout cas, rien n’est généralisable) eu égard à nos sentiments pour le partenaire, au sens que nous donnons à l’acte sexuel, à la valeur affective que nous accordons à cet échange amoureux incarné dans la chair. Bref, toute une dynamique (positive ou négative) qu’il est parfois utile, souvent amusant et toujours intéressant d’explorer.

Question exemplaire donc, car elle préfigure à travers son plan de décryptage (valable pour toutes les pratiques sexuelles) la recette de ce livre : vous offrir les clés pour mieux comprendre VOTRE sexualité et celle de VOTRE partenaire. Et surtout, surlignez les passages qui vous semblent les plus pertinents (vous pouvez aussi rayer rageusement ceux qui vous semblent absurdes !) et offrez donc le livre à votre partenaire amoureux quand vous l’aurez fini (le livre, pas votre partenaire !), il aura ainsi le plaisir de vous (re)découvrir…