Gare aux manants qui croisent la route des carrosses royaux !

Gare aux manants qui croisent la route des carrosses royaux !

Pour avoir croisé d’un peu trop près un Falcon 900 transportant notre fantomatique premier ministricule, un pauvre pilote amateur vient de se faire condamner par le tribunal correctionnel de Versailles à 18 mois d’interdiction de vol et à 1 000 euros d’amende.

Oui, ce pilote était en tort, puisqu’il se trouvait dans une zone où il n’aurait pas dû se trouver, en l’occurrence dans un espace dit de classe A, en clair interdit aux aéronefs évoluant en vol à vue (comme c’est généralement le cas pour les avions de tourisme). Mais de là à monter un cinéma judiciaire avec une accusation de mise en danger d’autrui par violation manifestement délibérée d’une obligation réglementaire de sécurité ou de prudence, avec arrestation, garde à vue, correctionnelle… C’est aussi grotesque que l’affaire des Irlandais de Tarnac !

Car, soucieux avant tout de faire peur à la ménagère de plus de 50 ans, nos media n’ont pas hésité à parler de collision évitée de justesse (comme cet article du Figaro du 29/09/2008), en faisant allusion au fait que l’espacement vertical entre les deux avions était de 60 mètres. Mais en omettant de préciser que l’espacement horizontal était de… 1 000 mètres ! Sur l’article du Figaro on remarque d’ailleurs — humour involontaire — que pour illustrer l’article, on a utilisé la photo d’un Falcon 900 qui n’est autre que celui de… Bolloré (F-HBOL) !

Certes ce pilote privé a fait preuve d’imprudence. Mais si cela s’était produit avec n’importe quel autre avion, l’affaire ne serait pas allée au delà de la commission de discipline des navigants non professionnels. Commission qui, surtout si l’intéressé n’a pas enfreint délibérément l’interdiction et s’il fait profil bas, prononcerait une sanction probablement plus éducative que répressive, du genre suspension de licence relativement courte avec obligation de réentraînement, et surtout sans mettre le fautif au pilori médiatique. Voire peut-être un simple avertissement comme c’est le cas dans 90% des dossiers présentés à ces commissions.

Alors que le cocher du carrosse volait lui à 342 kt bien que la vitesse soit limitée à 250 kt à cet endroit. Limitation de vitesse ayant justement pour but d’éviter les rapprochements trop rapides ! Probablement pas de son propre fait mais à la suite d’une exigence princière !

Cette affaire vient donc bien du fait que la carriole d’un gueux se trouvait trop près de la route du carrosse d’un de nos seigneurs et maîtres. Et donc un prévôt royal, par veule soumission plus que par devoir, s’est empressé de lancer les foudres de la justice contre ce manant. Heureusement que les brodequins et l’estrapade ne sont plus en usage…

Mais… que faisait l’ectoplasme sarthois à bord de ce Falcon 900 ? Il revenait d’un important sommet dans une lointaine capitale étrangère ? Que nenni ! Il était sur le point de se poser à Villacoublay à l’issue d’un vol très long courrier en provenance… d’Angers ! Monsieur Fillon, vous qui nous disiez, début 2008 : j’ai l’air d’être bling-bling ? Eh bien, après un coup pareil : oui !!! Pour un si court trajet où il aurait été plus efficace, tant économiquement que du point de vue du temps de trajet total, de prendre le TGV, c’est se moquer du monde !

Et ce n’est pas vous qui déclariez je suis à la tête d’un État qui est en situation de faillite sur le plan financier ? Visiblement, pour vous, les caisses de l’État sont à double fond pour que vous vous permettiez de vous goberger ainsi aux frais des Français qui eux, subissent de plein fouet la crise économique.

Nos nobliaux affichent donc clairement leur arrogance et leur mépris pour la populace. Le message est clair : manants, hâtez-vous de vous écarter du chemin si d’aventure vous croisez, même de loin, un carrosse royal, ou il vous en cuira !!!