Génération DERRICK !

Génération DERRICK !

Horst Tappert est mort et c’est un mythe télévisuel qui disparait, celui de l’inspecteur DERRICK laissant orphelins des millions de fans dans le monde entier.

Hommage à Derrick, une série culte, étrange, une drogue pour les amateurs du genre. Adieu l’ami de notre mémoire référentielle...

J’ai grandi avec Derrick et cette après midi je suis bien triste comme beaucoup de trentenaires et autres admirateurs !

Inspecteur Derrick (Derrick) est une série télévisée allemande en 281 épisodes de 59 minutes, créée et entièrement écrite par Herbert Reinecker et diffusée entre le 20 octobre 1974 et le 16 octobre 1998 sur ZDF. En France, la série a été diffusée à partir du 26 février 1986 sur La Cinq et rediffusée sur France 2 puis sur France 3. Elle est actuellement toujours diffusée sur France 3 du lundi au vendredi de 13h45 à 14h50.

Allemagne Fédérale (1973), Herbert Reinecker met au point la future série, destinée à remplacer la série Der Kommissar (1968-1979), en noir et blanc, par la série Inspecteur Derrick, cette fois-ci en couleurs et mettant en scène, dans l’esprit de Der Kommissar, les enquêtes de l’Inspecteur Stephan Derrick avec son associé l’Inspecteur Harry Klein de la police criminelle de Munich.

Cette série policière (281 épisodes) met en scène les enquêtes de l’Inspecteur Stephan Derrick et de son adjoint Harry Klein dans la ville de Munich. Divers types d’enquêtes y sont entrepris, notamment des cas de mort par assassinat ; complots. Chaque épisode est construit sur un scénario et qui s’intéresse à la psychologie des personnes appartenant à l’entourage de la victime. Très souvent, la réponse à l’intrigue posée par le scénario est obtenue à la fin de l’épisode.
C’est donc un travail minutieux d’accumulation de déductions et de psychologie des personnages qui est réalisée.

Le succès, de cet enquêteur non violent, moralisateur, psychologue, droit et quelquefois philosophe, s’explique par les qualités particulières de la série, tant au niveau des scénarios que de la mise en scène. Par la qualité des castings (interviennent très souvent des vedettes outre-Rhin, voire internationales comme Curd Jürgens, Horst Frank — le gangster prussien des Tontons flingueurs — ou encore Lily Palmer) et par le personnage atypique, aussi original et cohérent que Columbo avec lequel Derrick partage, en dépit des apparences, de nombreux point communs (y compris l’ apparition de personnalités connues dans les épisodes). Il a été fait reproche à Derrick d’être franchement démarqué du théâtre[réf. nécessaire]. De nombreux acteurs y intervenant en sont issus.

L’acolyte de Derrick, joué par Fritz Wepper, est un acteur très connu en Allemagne. Il avait déja joué dans une série policière culte outre Rhin, "Der Kommissar", ainsi que dans "Cabaret".

Les scénarios sont souvent tristes, parfois sordides voire atroces : suicides d’enfants, femmes battues, jeunes filles prostituées, étudiants drogués, vieillard assassinés pour leur héritage, vieilles femmes handicapées, SDF, alcooliques, chômeurs au bord du suicide, boîtes de nuit glauques peuplées de maquereaux sont des thèmes et des personnages récurrents. Tous les milieux sociaux sont traités par les scénarios de Derrick, du HLM sinistre d’un quartier ouvrier à l’immeuble central dans la belle ville très allemande de Munich, où se situe l’action.

Horst Tappert, comme Peter Falk, a réussi à créer un archétype. Les deux nous font, au cours de leurs enquêtes, voir le meurtrier peu à peu contraint d’avouer. Dans Columbo, cependant l’on connait déjà le meurtrier qui, arrogant au début, finit par s’effondrer. Le coupable est, en outre, toujours un membre de la haute société se croyant à l’abri. Mais dans Derrick, les coupables appartiennent à tous les milieux, et l’on ne connait pas toujours le meurtrier à l’avance ; Derrick comme Columbo se font généralement leur opinion dès le début ; Derrick est donc un « Whodunit » (« Who done it ?, qui l’a commis ? »). Et parfois le coupable de Derrick a des excuses légitimes : misère, drogue, vengeance.

Comme Columbo, Derrick joue un personnage conciliant, quelque peu manipulateur, qui cache une moralité irréprochable : ces deux justiciers ont une vision assez conservatrice de l’ordre social qu’ils sont chargés de maintenir, ce qui selon le sociologue suisse Thomas Sandoz explique le succès de Derrick (dans plus de cent pays). Horst Tappert est un maître de l’expression faciale (2 expressions au moins !, raillent les détracteurs humoristes), et une simple mimique lui suffit parfois à exprimer son mépris pour un affreux criminel, un minable ou une balance, ou son humanité envers une victime éplorée. Mais il est vrai qu’un certain ordre moral est inconsciemment rappelé au téléspectateur.

On reproche à Derrick un public âgé ; mais "Arabesque" (Murder she wrote), démarcation d’Agatha Christie, met elle aussi en scène, à travers l’on ne peut plus sympathique Angela Lansbury, un enquêteur féminin et (relativement) âgé, type de la grand-mère inoffensive. Arabesque ne brille pas non plus par ses scènes de violence ébouriffante. Or Arabesque a tenu 263 épisodes, c’est-à-dire presque autant que Derrick. On peut reprocher néanmoins à Derrick par rapport à Arabesque d’être complètement dénué d’humour.

Les acteurs, et particulièrement les acteurs de théâtre, sont souvent des fans de Derrick (Annie Girardot et Valérie Lemercier, deux outing Derrickiens), y reconnaissant le talent et la psychologie qu’exige le jeu très psychodramatique de Derrick.

En 1998, l’épisode Das Abschiedsgeschenk ; Le cadeau d’adieu : L’Inspecteur est censé bénéficier d’une promotion à Europol, et doit donc quitter Munich pour Bruxelles. Herbert Reineker a 82 ans au moment de l’écriture de cet ultime épisode et n’a pas eu le cœur de faire mourir son cher inspecteur. En 24 ans de série, sur 281 épisodes, Derrick aura démasqué 282 coupables, vu 344 cadavres et laissé échapper 3 meurtriers. Il est à noter que cet ultime épisode fut un phénomène médiatique.