Tout le Monde a le Droit de s’offrir Carla Bruni nue pour Noël

Tout le Monde a le Droit de s'offrir Carla Bruni nue pour Noël

La marque de vêtement réunionnaise Pardon ! qui a naguère déshabillé Valérie Bègue a eu l’idée de réaliser un cabas destiné à fourrer ses achats après être passées en caisse… Quoi de plus normal, en somme ! Sauf que la silhouette nue qui orne cet accessoire de mode est celle de Carla Bruni-Sarkozy, telle qu’on a pu l’admirer lorsqu’elle était mannequin, photographiée par Michel Comte en 1993. Il est offert pour tout achat chez Pardon !

Quelle mouche a donc piquée les créateurs ? Il ne semble pas qu’un couple présidentiel ait fait autant fureur dans le monde raffiné de la mode. Sur le site Internet de Pardon ! on affiche crânement la couleur : pratiques, funs et écolos, ces sacs, bien plus que de simples sacs d’achat, sont de véritables fourre tout que vous pourrez réutiliser pour aller à la plage, faire vos courses chez carrouf’, draguer les filles et les mecs… en bref, pour tout ce que vous voulez ! Il est vrai que c’est l’été à La Réunion, et que le ciel est moins terne là-bas que le nôtre, dans l’hémisphère nord.

Après les poupées vaudou, la publicité RyanAir, les T-Shirts publicitaires assez trash il est vrai, une marque de vêtements qui n’a pas froid aux yeux se lance à l’assaut de l’outrage à l’autorité publique suprême. Certes, le dernier jugement prononcé stipule que l’objet mis en cause s’inscrit dans les limites autorisées de la liberté d’expression et du droit à l’humour, et ouvre la porte à d’autres interprétations plus insolites les unes que les autres.

En ce qui concerne les droits relatifs à l’image, la société Pardon ! les a sans doute acquis sans difficulté, d’autant plus que Carla Bruni a tourné la page. Elle se lance désormais dans le caritatif, et propose de vendre aux enchères une robe portée lors de son voyage officiel à Londres, au printemps dernier… Le profit de cette action est au bénéfice de l’association Aides, qui milite pour la prévention contre le Sida. Mais elle prête facilement à une autre, d’idées cette fois-ci : pour un vêtement enlevé, un sac offert !

Il y a fort longtemps que nos gouvernants n’ont pas autant prêté le flanc à la caricature et au détournement d’image. Charles de Gaulle en a fait les frais sur de splendides affiches en mai ’68, mais de mémoire d’artiste, seuls les dessinateurs de presse ont eu l’habitude de croquer le personnel politique dans les journaux. Il faut remonter à l’Ancien Régime et la monarchie absolue pour retrouver un tel engouement satirique pour nos maîtres… Les sociologues feront sans doute un peu plus tard le rapprochement, et se livreront à des thèses volumineuses, quoiqu’un écrit succinct à la manière de Roland Barthes serait peut-être plus percutant.

Ce n’est pas une tradition française que l’offense à la magistrature suprême, mais celles de régimes controversés. Sans doute vivons-nous à l’aube d’une ère troublée, et les menaces qui pèsent sur le monde en ce qui concerne le niveau de vie, le progrès social, spirituel et culturel, les risques de guerre au Moyen-Orient accentuent la pression sur des esprits surchauffés. Heureusement, le président de la République préfère l’excès de caricature à l’absence de caricature, mais en revanche, il aime aussi se constituer partie civile auprès des tribunaux, sans doute la déformation professionnelle d’un ancien avocat.

 

 


Si ton corps nu n’est pas ton plus beau vêtement
Malgré ce que je pense à l’endroit des coutumes,
Les gens bien nés ont leur avis sur les costumes
Que les manants n’ont pas prévu pour châtiment.

Les cieux t’ont faite ainsi et je crois qu’un amant,
Sur les regards portés n’a des remords posthumes
Que s’ils sont corrompus et pleins des amertumes
Sous un dogme et des lois qu’il manie hardiment !

Qu’on couvre un sein, et vite on dresse une statue
À la chair complaisante, afin qu’un grès blanc tue
Le sens du moindre hasard qui nous fait vivre ici…

La beauté dans la vie est tout au moins charnelle,
Mais je ne sais pourquoi les pieux ont pris ainsi
Que cette œuvre est pour nous la faute originelle.

 


Le corps du délit sur le site du créateur Pardon !