Tout schuss contre les JO 2018 à Grenoble

Tout schuss contre les JO 2018 à Grenoble

Quatre villes françaises (Annecy, Grenoble, Nice et Pelvoux) sont candidates pour accueillir les Jeux Olympiques d’hiver de 2018. Les dossiers devraient être bouclés pour la mi-janvier, mais un comité anti-olympique s’invite dans les débats.

Dès à présent, il est possible d’attribuer la médaille d’or anti-olympique à Grenoble où un comité dynamique proclame clairement : « Moins vite, moins haut, moins fort ! Nous ne voulons pas d’une candidature grenobloise aux Jeux Olympiques de 2018. »

Des habitants de la cuvette grenobloise et des communes voisines se mobilisent depuis quelques mois pour montrer que toute la population ne trépigne pas à l’idée d’accueillir les Jeux Olympiques. Les opposants expliquent que la présentation d’une simple candidature coûte déjà des dizaines de milliers d’euros. Ils rappellent également que les Jeux Olympiques d’hiver de 1968 ont été remboursés, via des impôts locaux revus à la hausse, jusqu’en... 1995. Au fait, allez demander aux Grecs ce qu’ils pensent de la facture de leurs derniers JO…

Du 4 au 6 décembre, pour faire les yeux doux au Comité national olympique et sportif français (CNOSF), la mairie de Grenoble a organisé une opération de communication démesurée : les Jeux de la Neige. Comme on pouvait l’imaginer, l’évènement a été quelque peu chahuté. Le 5 décembre, lors d’une parade pro-olympique, près de 400 personnes ont brandi des banderoles du genre « Gardez vos jeux, on s’amuse tout seul » en gueulant « Ordre, croissance, sécurité, vos JO on n’en veut pas ! » Avec clowns, fanfares et sifflets, le comité anti-olympique (CAO) a pu expliquer que les JO c’est pas jojo.

Pour ces fichus Jeux de la neige, près de 5000 m3 de neige ont été amenés par camions depuis l’Alpe d’Huez. Juste pour réaliser un circuit de ski de fond, une piste de luge et un tremplin de 31 mètres de hauteur en pleine ville. Cette dernière installation colossale était destinée à la Grenoble freestyle battle, le premier meeting de freestyle urbain de France. Coût total de l’opération : 1,8 million d’euros. Coût pour la ville de Grenoble : 400 000€ auxquels il faudra sans doute ajouter les 160 000€ que la Métro, la communauté d’agglomération, a amputés de la subvention espérée.

Le délire est dénoncé par les élus du groupe Écologie & Solidarités (Verts et Alternatifs). « On nous avait promis une candidature aux Jeux Olympiques avec une empreinte écologique minimale, expliquent les écolos en colère dans un communiqué. L’équivalent d’une centaine de camions remplis de neige acheminés depuis l’Alpe d’Huez jusqu’à Grenoble augure mal de prochains jeux écolos. L’infrastructure pour l’épreuve de la coupe du monde de Snowboard ne sera pas réutilisable : c’est le contraire d’un équipement pérenne et d’un engagement pour le développement durable. Nous continuons à penser que dans le contexte économique actuel, il n’aurait pas fallu s’engager dans cette candidature et encore moins croire aux promesses de ceux qui font la promotion de Grenoble JO 2018. »

Les Jeux de la Neige ont donné un avant-goût très amer de ce que pourrait être un Grenoble 2018. Le comité anti-olympique dénonce « la gabegie » et « le pillage des Grenoblois et des fonds publics au profit de la CCI, des entreprises qui constituent le comité de promotion des JO, et au profit du Comité international olympique (CIO) ». Si les JO tombaient sur Grenoble, le CAO prédit en prime un saccage environnemental majeur. Des aménagements gigantesques devraient être réalisés sur les réseaux routiers et autoroutiers, sur l’aéroport de Saint-Geoir et dans le domaine hôtelier (création de 30000 lits hors spectateurs). Tout ça dans une cuvette asphyxiée par la pollution et une urbanisation galopante.

Les décideurs ont la mémoire courte. Pas le CAO. Ce dernier passe en revue un triste héritage. « Les JO de 1968 ont laissé des massifs défigurés : tremplin à ski de Saint-Nizier du Moucherotte (280 000 m3 de terrassement) devenu un tas de béton abandonné ; matériel d’éclairage laissé tel quel aux Trois Pucelles et sous le Moucherotte ; piste de bobsleigh de l’Alpe d’Huez (3000 m3 de béton coulé) abandonnée depuis 1972, etc. » Depuis 1968, les données climatiques ont évolué. La neige devient rare dans les stations de moyenne altitude. Ces JO exigeraient donc l’usage de canons à neige qui imposeraient en plus la création de lacs artificiels. Le sport business est prêt à gaspiller de l’eau et de l’électricité, à bouleverser les cycles naturels de la végétation et de la faune, à ravager les paysages. Tout ça au nom d’une saloperie d’idéal olympique !

Les anti-JO ne sont pas dupes. L’idéal olympique loué par les décideurs au portefeuille musclé c’est évidemment « Par ici la monnaie ». Le petit monde économique voit dans ces JO une occasion de s’en mettre plein les poches. Ils le reconnaissent volontiers quand ils disent que l’organisation des Jeux serait « une formidable opportunité pour la montagne française confrontée à une concurrence mondiale en matière de développement sportif, économique et touristique. » L’association Pro Jo montée par la Chambre de commerce et d’industrie a écrit aux patrons locaux pour les doper, pardon, pour les motiver : « Vous êtes chef d’entreprise responsable, vous vous devez d’être intéressé par cet événement. »

Ce n’est pas demain la veille que les militant-e-s du CAO se laisseront berner par les sirènes olympiques. Ils/elles détestent les sportifs de haut niveau, l’esprit de compétition, le dopage, la loi des plus forts, les magouilles, le business, les flics (en 1968, 7000 soldats s’étaient déployés dans Grenoble)… autant qu’ils adorent la dignité humaine, les rencontres fraternelles, la solidarité internationale, la liberté et la montagne.

De Berlin à Pékin, on a vu dans quelle fange peut se traîner le soi-disant idéal olympique. Pour le bien de tous, pour la sauvegarde de l’environnement, gueulons avec eux « Non aux Jeux olympiques, à Grenoble ou ailleurs ! »

La messagerie électronique du comité anti-olympique.

Le site Internet du comité anti-olympique où l’on trouve arguments, affiches, pétition…

Adresse postale : Comité Anti-Olympique chez les Bas Côtés 59 rue Nicolas Chorier 38000 Grenoble.