Philippe Marini : le Sénateur qui murmurait à l’Oreille des Gens riches

Philippe Marini : le Sénateur qui murmurait à l'Oreille des Gens riches

Après avoir provoqué un tollé dès lundi en proposant un abattement d’impôt sur les moins-values boursières, le sénateur Philippe Marini a de nouveau défrayé la chronique le lendemain avec un nouvel amendement prévoyant de supprimer la demi-part des parents isolés qui n’ont plus d’enfants à charge… On pourrait croire que l’ancien inspecteur des finances est juste un provocateur, mais c’est aussi un ingénieux spécialiste des niches fiscales.

Inspecteur des finances à la retraite, dont la carrière a surtout été en marge, au sein d’établissements publics prestigieux, comme le Commissariat à l’Énergie Atomique (CEA), Philippe Marini est encore membre de la commission de surveillance de la Caisse des Dépôts et Consignations… C’est dire combien les missions confiées à ce haut fonctionnaire par les pouvoirs publics ont eu de spécial ! L’homme a vite eu l’impression d’être un sous-marin d’intérêts qui le dépassent, et mène en tant que parlementaire un combat personnel pour une fiscalité débridée qui les met parfois en porte-à-faux.

Ainsi, Philippe Marini, par ailleurs Rapporteur général à la Commission des Finances du Sénat, dépose un amendement à la loi de finances de 2009, visant à exonérer les boursicoteurs malheureux de leurs pertes, aux dépens de la collectivité. Comptant sans doute sur l’attention portée à la composition du futur gouvernement, le fiscaliste astucieux a fait cette proposition dès le début de la semaine, mais l’émoi provoqué par son incongruité l’a fait passer à la trappe. Qu’à cela ne tienne, Philippe Marini en a une dizaine en poche, et à chaque jour suffit sa peine !

Provocateur patenté ? Non pas : le sénateur est tout à son ouvrage en ce moment, puisque se prévoient ces jours-ci les comptes de la nation pour l’an prochain. Nul doute qu’on entendra encore parler de lui les suivants. Dans le lot, certaines de ses propositions insolites passeront la rampe incidemment, ou à l’usure… Les marottes de Philippe Marini sont toutes de nature fiscales, et le parlementaire s’est fait une spécialité du surendettement, le crédit à la consommation et les droits de succession. Mais son cheval de bataille est l’Impôt de Solidarité sur la Fortune (ISF), qu’il n’a de cesse de faire abroger : la France connaît près de 2 délocalisations fiscales chaque jour à cause de lui, s’est-il exclamé en février 2007 à la tribune.

Venu à la politique sur le tard, Philippe Marini n’en est pas moins un rouage essentiel de la droite au pouvoir… Souvent l’engagement est un hasard de la vie, mais c’est aussi, pour beaucoup d’entre nous, un véritable besoin que l’on porte en soi et qui s’exprime un jour ou l’autre, confie-t-il sur son site Internet. Il a siégé au conseil municipal de Compiègne dès l’âge de 27 ans, ville dont il est à présent le maire, et depuis 1987, il s’est longtemps cantonné sans passion à la vie locale… et à la préparation des conseils d’administration ! Ce n’est qu’à l’issue d’une carrière professionnelle qu’il a vraiment pu servir à temps complet les intérêts qu’il défend. Administrateur ou membre du Conseil de Surveillance de 3 sociétés, Philippe Marini est également avocat, mais ne plaide pas : je réserve mon temps disponible à une activité qui préserve mon indépendance : celle d’arbitre ou de médiateur, dans le cadre de procédures bien définies, nationales ou internationales, et qui ne mettent jamais en cause aucune entité se situant de près ou de loin dans la mouvance de l’État, fait-il savoir sans ambages.

De fait, il a surpris tout le monde en annonçant le premier sa candidature à la présidence du Sénat, le 8 août dernier, brûlant la politesse à Jean-Pierre Raffarin, mais surtout à son camarade Alain Lambert, avec qui Philippe Marini avait pourtant travaillé à un nouvel élan pour cette institution républicaine. Mais cette initiative a fait long feu, car elle n’était pas dirigée contre les deux ténors de la Chambre Haute, et l’impétrant s’est retiré dès que l’exécutif a montré son hostilité à la multiplication des candidatures au sein du même groupe politique. Le principal adversaire de Philippe Marini n’était autre que son compagnon d’armes dans cette campagne pour la rénovation des pratiques sénatoriales !

Mais l’action du sénateur original ne s’arrête pas aux frontières du code des impôts : j’ai eu le plaisir de succéder l’un de mes amis, comme président du groupe France-Syrie, après les dernières élections sénatoriales. Les relations avec ce pays sont prometteuses, tant en raison de sa place importante sur l’échiquier du Moyen-Orient, que de la richesse exceptionnelle de son patrimoine culturel, religieux et artistique. J’ai effectué deux brèves missions en Syrie ces derniers mois, affirme-t-il dans un entretien non daté sur son site, mais que l’on peut situer à l’été 2008… juste après la visite controversée de Bachar el-Assad à Paris.

 

 


Ce n’est pas lui qui mène un train de sénateur,
Bien au contraire ! Il fait ici tout son possible
Pour aider les nantis dont l’âme est si sensible
À mieux garder un train de vie un peu flatteur.

S’il n’est pas à la chambre un très bon orateur,
Les lois qu’il a en poche ont un poids indicible,
Mais l’homme insatisfait a juste atteint sa cible
Dès qu’il a fait admettre un texte imprécateur…

Gardez votre fortune est aussi son mot d’ordre
Et sans la controverse il n’espère en démordre :
Les mieux lotis lui sont sans un sou débiteurs !

Nous n’écrirons jamais qu’un élu est nuisible
À la nation, mais sans le front des détracteurs,
Considérons que sa passion n’est pas plausible.

 

Pour faire connaissance avec Philippe Marini.