Impression

Géologie historique, L’Erosion, Le Roi de terre et Migrations d’eaux forment un ensemble où le mouvant et l’immobile, la fluidité de l’eau et les strates de la pierre se conjuguent pour dire l’histoire de l’Homme et l’aspect "tectonique" du présent (mai 68).

Poésie de l’observation, de l’énumération, du dévoilement des formes.

L’air du temps. C’est bien un certain air du temps que l’on perçoit dans cette poésie imprégnée de l’avant-garde des années soixante, de la sémantique, du structuralisme ; une écriture qui travaille sur l’écrit ; un champ qui s’ouvre au son bien plus qu’au sens, faisant écho - lointain - aux Champs magnétiques.

Poésie marquée par une adolescence de la mémoire qui retient plus la forme que le fond et qui s’englue dans la complaisance de jeux intellectuels où se cherche l’esprit.

Que restera-t-il de ces juxtapositions de flashs trop maîtrisés et de pensées trop éphémères ? L’intelligence n’est pas dans l’accumulation ; pas plus que dans la surprise. Elle réside avant tout dans ce qui voyage, ce qui transmet, ce qui transmue, ce qui transporte.

Et là, les transports sont en grève.
D’où ces pages embouteillées de faux concepts et de vrais éclats de miroirs - qui ne renvoient que des reflets brisés.

Il faut dire combien l’écriture est un combat. Non un onanisme. Combien les mots doivent s’aimer pour se surprendre, se connaître pour penser.

Assez de la suffisance mécanique, de l’automatisme sonore, de la brume qui enveloppe même ce qui tait.
De ce livre, on pourrait faire dire tout et son contraire tant y pèsent un aléatoire combiné, une horlogerie stochastique.

Ouvrez-le en tous sens afin de savoir ce que les courants d’air vous laisseront - après avoir emporté le non-essentiel.