Participation aux prud’homales : MINABLE !!!

Participation aux prud'homales : MINABLE !!!

Qui n’a pas, dans son entourage ou ses relations, d’hier ou d’aujourd’hui, quelqu’un qui ait au moins envisagé l’éventualité « d’aller aux prud’hommes » ? Cette juridiction, dont les origines remontent jusqu’au Moyen Âge et dont le mode de fonctionnement actuel fut ébauché au milieu du XIXème siècle, présente l’originalité d’être en droit français l’une des seules (avec les tribunaux de commerce) dont les juges sont élus par leurs justiciables potentiels, tant employeurs que salariés.

En ces temps de chômage de masse, force est de reconnaître que le rapport de force est, sauf cas extrêmement particuliers, en faveur des employeurs. Ruptures abusives de contrats de travail et litiges en tous genres sur la rémunération représentent près de 50% des saisines. Et dans les petites structures sans instances représentatives du personnel (CE, DP) les « prud’hommes » constituent souvent la seule voie de recours, avec l’inspection du travail, pour les salariés de celles-ci.

Une procédure relativement simple et rapide, peu coûteuse, et les prud’hommes ne sont pas des magistrats « au rabais », puisque le taux de confirmation de leurs décisions par les Cours d’appel est tout à fait comparable aux autres juridictions de première instance.

On pourrait légitimement penser que l’élection des juges d’une juridiction concernant un sujet aussi proche de millions de gens que l’exécution du contrat de travail susciterait un énorme intérêt.

Ce mercredi dernier, les membres du bureau où je suis allé voter m’ont proposé de participer au dépouillement, proposition que j’ai accepté. Je ne m’attendais certes pas à compter une montagne de bulletins, mais ce fut dur de constater directement à quel point le taux de participation était MINABLE !!!

À peine plus de 400 votants sur 1800 inscrits… et encore les votes par correspondance sont inclus dans ces 400 votants… Hélas, ces chiffres sont dans la moyenne nationale et la participation à ces élections est en baisse continue depuis des années.

Je trouve criminel de ne pas se servir de son droit de vote, quel qu’il soit ! Des gens sont morts pour que nous ayons ce droit, d’autres aussi sont morts pour que les salariés bénéficient d’un minimum de droits décents. C’est une véritable insulte à leur mémoire !

Il est tout simplement HONTEUX que les électeurs concernés ne se soient pas plus bougé le c** pour une action qui ne coûte vraiment pas grand-chose ! De part la nature de ces élections, les bureaux de vote se trouvent généralement près des lieux de travail, avec une amplitude horaire d’ouverture suffisante pour y aller soit avant le travail, soit après, soit pendant la pause de midi. Et surtout, chose rare dans les scrutins français, il y a la possibilité de voter par correspondance, sans aucune condition !

N’avons-nous donc plus affaire qu’à des « mougeons » (cet hybride moitié mouton, moitié pigeon, que l’on peut tondre jusqu’au trognon) ? Et en plus, gageons que ce sont ceux qui n’ont pas voté et qui daubent les syndicats qui seront les premiers à venir se plaindre au premier bobo dans le déroulement de leur travail !

À l’inverse d’une certaine marque de piles, la démocratie ne s’use que lorsqu’on ne s’en sert pas, et on peut redouter qu’à ce train, l’institution des prud’hommes finisse par disparaître, alors les tensions dans le monde du travail sont hélas loin d’être en voie d’apaisement…