Il y aura d’autres Otages français en Afghanistan

Il y aura d'autres Otages français en Afghanistan

Dany Egreteau, enlevé le 3 novembre dernier par des hommes armés en plein cœur de Kaboul, a été libéré mercredi des mains des hommes de réseaux criminels liés aux talibans, a indiqué la diplomatie française. Il n’y a pas eu de demande de rançon et il n’y a pas eu de versement de rançon, précise Frédéric Desagneaux, porte-parole de l’organisation humanitaire pour laquelle il travaille, mais l’ambassade a fait savoir que la pression policière a beaucoup joué dans la décision des ravisseurs de hâter la libération de l’otage français.

Le même scénario s’était déroulé pour Éric Damfreville et Céline Cordelier au printemps de l’année dernière, et leur sort a failli peser sur l’élection présidentielle, si tous les candidats n’avaient adopté une attitude identique en adoptant un profil bas. La diplomatie a pu alors activer ses réseaux dans l’ombre et la sérénité nécessaires à un dénouement heureux de l’affaire. En dépit des moyens mis en œuvre, la guerre est toujours vive en Afghanistan, et le secrétaire général de l’OTAN a déclaré mercredi que l’Alliance atlantique a besoin de plus de troupes en Afghanistan pour pouvoir tenir ses positions sur le terrain et éviter l’impasse dans son combat contre les rebelles.

L’engagement occidental dans ce conflit apparaît plus que jamais comme un puits sans fond. La doctrine de Barack Obama est de mettre le paquet en profitant d’un relatif répit en Irak, mais les forces armées qui opèrent dans les montagnes afghanes ont l’impression que les deux foyers de troubles sont des vases communicants : on observe l’arrivée d’éléments étrangers, qui leur apportent des armes et des méthodes nouvelles, explique un officier du 8ème RPIMa. Dégarnir le front irakien pour renforcer celui d’Afghanistan aurait pour seul effet de déplacer le problème de l’un à l’autre de ces pays frontaliers.

À Kaboul comme à Bagdad, le pouvoir politique n’est que l’ombre de lui-même : les gens détestent le gouvernement et le parlement qui ne se soucient pas de leur sécurité, confie un homme d’affaires afghan : le gouvernement est inutile. L’action humanitaire est en réalité de peu de poids face à la catastrophe économique et la corruption. Le nombre de ministres, de préfets corrompus est noté noir sur blanc, ainsi que les montants des sommes détournées, a révélé en juin dernier un parlementaire et ancien membre du gouvernement afghan à propos du rapport annuel remis chaque année à Hamid Karzai : en 2004 par exemple, le ministère des Transports a détourné près de 160.000 dollars, une bagatelle par rapport au ministère de l’Éducation, où près de 2 millions de dollars ont disparu dans les poches du ministre et de hauts fonctionnaires. À l’Agriculture, on joue petit bras, c’est 63.000 dollars qui se sont volatilisés. Depuis 2004, Hamid Karzai connaît les noms de tous ceux qui organisent la prévarication

Si les ravisseurs ont réussi cette fois à opérer en plein Kaboul, c’est que le pays entier part à la dérive. La Croix-Rouge a déclaré récemment que les opérations humanitaires sont considérablement réduites dans des régions de plus en plus vastes de l’Afghanistan, et plus de 4.000 personnes, dont au moins un tiers de civils, ont été tués au cours des 11 derniers mois, ainsi que des dizaines de soldats de l’OTAN et 30 travailleurs humanitaires. Les talibans, tout comme les forces régulières, exécutent leurs prisonniers en nombre toujours plus grand. Les Afghans travaillant pour des associations caritatives et l’ONU confient à leurs employeurs qu’ils sont soumis à une pression croissante pour donner des informations aux talibans et pour leur offrir l’hébergement. Dans les campagnes, les agriculteurs vivent dans la peur des deux côtés dans cette guerre.


Nicolas Sarkozy sur l’Afghanistan en avril 2007

Pour l’ancien officiel afghan, l’argent qui arrive à Kaboul ne sert ni à la population ni au développement du pays. Grâce aux dollars de l’aide internationale, les membres du gouvernement mènent des vies de maharadjahs. Le ministre des Finances, les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat roulent avec des voitures à 200.000 dollars ! Il a d’ailleurs mis en cause en 2004 1935 ONG sur les 2355 qui opèrent sur le terrain afghan, et prétendu que certains responsables humanitaires participaient à la ruine du pays en profitant d’un contexte troublé. Pour l’homme d’affaires kabouli, l’Afghanistan est un champ de bataille pour l’idéologie, l’opium et la corruption politique. Maintenant on a toutes sortes d’entreprises qui ont des contrats avec des organisations comme l’USAID. Tout d’abord, elles prélèvent 30 à 50% pour leur propre compte, puis sous-traitent et sous sous-traitent à d’autres entreprises et il ne reste seulement que 10% du montant initial pour les Afghans eux-mêmes.

Le ministre afghan de la Défense a 65.000 soldats sous ses ordres, mais il en aurait besoin de 500.000 pour contrôler l’Afghanistan… Les Soviétiques n’ont pas réussi à maîtriser le pays, même lorsqu’ils ont déployé 100.000 hommes sur le terrain, avec l’appui de 150.000 soldats afghans. Au moment où Barack Obama se prépare à envoyer un autre contingent de 7.000 soldats américains sur ce territoire, les Espagnols et les Italiens parlent de se retirer, alors que les Norvégiens pourraient désengager leurs 500 hommes. La mort de 10 parachutistes au mois d’août dernier a provoqué une vive émotion tandis que l’armée française est en train de se restructurer. Un autre militaire français a été tué le 22 novembre dernier en sautant sur une mine avec un de ses camarades, qui a été grièvement blessé. Mais le coup de l’émotion est passé… Les quelque 3.000 hommes que la France a dépêché là-bas poursuivent leur mission sans en voir le bout. Les talibans essaient de nous faire passer pour des soldats américains, voire russes, explique l’officier parachutiste. L’Afghanistan, c’est 30 ans de guerre !

 

 


Plus de soldats au front là-bas, et pourquoi faire ?
La subversion s’y tient comme en un château fort,
Mais notre armée est loin pour fournir tout l’effort
Qu’il faudrait pour la vaincre où tout est à refaire.

Plus notre armée est forte et moins on nous préfère
Aux gueux qui font leur guerre avec un vrai confort
Et bien, tant que la haine envoie un prompt renfort
À des damnés, quand nos secours font leur affaire !

Hélas, ils sont aussi chez nous pour un gros coup,
Et sans bonne raison, nous nous faisons beaucoup
De tort à l’un et l’autre en ruinant trop de vies…

Comme au vieux temps jadis ce sont les religions
Qui font office en mieux de dard pour nos envies,
Nos espoirs fous de faire un pont pour nos légions.