La Récession pose à nouveau la Question de la Décroissance

La Récession pose à nouveau la Question de la Décroissance

Les mesures que Nicolas Sarkozy doit faire à Douai jeudi sont-elles mieux à même de favoriser la reprise que les précédentes ? Les stocks accumulés par les industriels avant l’été risquent fort de rester sur place, et la confiance est bien plus entamée dans les entreprises que chez les ménages, qui ont l’habitude des années de vaches maigres.

L’économie continue à se contracter et les ventes de véhicules sont le reflet de cette réalité, a déclaré Jim Farley, le directeur des ventes et du marketing de Ford. La compagnie a indiqué que son directeur général ne toucherait qu’un dollar de salaire si le gouvernement décidait de débloquer des fonds publics et le constructeur a également l’intention de vendre cinq avions privés. Si l’industrie automobile américaine est aux abois, ses concurrents français ne sont pas non plus à la fête.

Face à la dégradation du marché automobile mondial, la quasi-totalité des constructeurs européens et des grands équipementiers ont révisé depuis la rentrée leurs prévisions de résultats pour 2008. Et ils ont prédit une année 2009 difficile avant d’égrener au fil des semaines des mesures de chômage partiel, suscitant régulièrement une vive émotion dans les milieux économiques locaux et l’opinion publique. Je n’ai jamais vu tant de stress de ma vie : il y a une grande réunion vendredi et on saura alors qui peut revenir après Noël, a concédé un cadre Peugeot.

En novembre, les ventes d’automobiles ont reculé de 14% sur un an en France, de 50% en Espagne et de 27% au Japon. Conséquence logique du repli de leurs ventes en volumes, ces entreprises doivent gérer la question sensible de l’inflation des stocks, laquelle représente un surcoût significatif. PSA et Renault ont tous deux affirmé vouloir revenir, fin 2008, au moins au niveau des invendus de fin 2007. À cette date, celui de PSA atteignait 604.000 unités tandis que celui de Renault, qui communique sur cette donnée en valeur, portait sur 5,9 milliards d’euros.

C’est la raison pour laquelle on ressort la bonne idée d’Édouard Balladur de proposer une prime à la casse aux acquéreurs de véhicules neufs. Mais les marchands de bagnoles ne trouvent plus cette idée pertinente, et font savoir dans Le Monde qu’on risque de créer un effet d’aubaine pour les constructeurs et pour les ménages qui auraient de toute façon changé leurs voitures. De fait, des incitations fiscales à l’achat de véhicules propres existent déjà, et du côté des ménages, la propension à consommer demeure suspendue à la question du pouvoir d’achat, qui apparaît loin d’être réglée.

Bien mieux, les reports d’achat sont d’autant plus d’actualité que les menaces pèsent aussi sur l’emploi. PSA a tenu mardi un comité central d’entreprise extraordinaire sur le redéploiement des emplois et des compétences, c’est-à-dire 3.550 suppressions d’emplois, dont 850 pour le seul site de Rennes. Ce plan est le troisième en un an et demi et concerne les emplois de structure, les ouvriers professionnels, les employés, les techniciens, les agents de maîtrise, et les cadres. De son côté, Renault a détaillé l’avancement de son plan de départs volontaires lancé mi-octobre. Sur un objectif de 4.000 départs volontaires, 4.037 salariés ont sollicité un entretien, et 3.760 sont encore en cours, du fait d’abandons.

Mais pour faire face, les industriels ont besoin d’argent aux États-Unis comme en France. Ford et Chrysler ont fait savoir qu’ils demandaient au Congrès la possibilité de bénéficier d’un prêt-relais. Ford prévoit de réduire le nombre de concessionnaires et de développer la mise au point de voitures électriques, dans le but de préserver notre modèle et de préserver nos emplois, a déclaré son président à Baltimore. Il n’a pas précisé le montant du prêt-relais demandé par son groupe mais le directeur général, Bob Nardelli, a déclaré le mois dernier devant le Congrès, que l’entreprise avait besoin de sept milliards de dollars pour survivre à la crise actuelle.

De son côté, Carlos Ghosn appelle les pouvoirs publics à aider les constructeurs à se financer, compte tenu de l’importance du secteur automobile en termes industriels et d’emplois. Il plaide pour que les pouvoirs publics permettent au secteur automobile de bénéficier de prêts à long terme à des taux raisonnables. Le gros problème est en réalité un manque de liquidités, alors que les plans sociaux coûtent cher et qu’il n’est pas question de faire supporter leur coût aux actionnaires. Or, le patron de Renault agite l’épouvantail du chômage de masse au cas où les entreprises ne parviendraient plus à se financer.

Dès lors qu’un salarié est au chômage partiel, aux 50% du salaire brut d’indemnisation légale, nous ajoutons 10% prélevés sur un fonds de solidarité, qui a fait l’objet d’un accord en 1986 et qui est alimenté à moitié par l’entreprise et à moitié par un prélèvement de 0,15% sur tous les salaires, a expliqué Gérard Leclerq, directeur des Ressources humaines de Renault. Dans l’industrie automobile, des programmes de restructuration ont déjà atteint un milliard d’euros par constructeur, et ce sont des éléments qui pèsent un peu plus encore sur la rentabilité des entreprises.

 

 


Tous ces stocks d’invendus seront demain soldés
S’ils ne sont pas donnés tout de suite à la casse !
Notre amour pour les biens n’est plus très efficace
Et les consommateurs sont beaucoup trop guindés.

Nos grands entrepreneurs sont là bien emmerdés
De voir un chaland triste et toujours perspicace,
À l’affût d’un bon coup sans avoir l’air cocasse,
Notre histoire et ses heurs ont dû rouler les dés…

À produire à bas coût pour vendre en gros et plus,
On presse un cent d’effets pour garnir les surplus,
Mais sans donner le goût pour l’objet cher et rare.

Les gens n’ont plus celui des cris des camelots
Tant ils sont pleins de ces faux marbres de carrare,
Qu’il est trop tard déjà pour nous fourguer des lots.