Oui à la Redevance Télé sur Internet

Oui à la Redevance Télé sur Internet

Après s’être à longueur de temps plaints au sujet des publicités débiles qui passent à la télé, les mêmes s’indignent de leur suppression, et que le service public de l’audiovisuel soit enfin financé par des fonds qui le seront également.

Bien sûr, face à la concurrence déloyale que les chaînes publiques de télévision opposent déjà au secteur privé, il s’en trouve encore pour lui dénier tout moyen d’existence, et s’opposer ensuite à une taxe sur les opérateurs de la nouvelle économie sous couvert de défendre le consommateur. Mais le quotidien vespéral que le monde nous envie a fait œuvre de salubrité publique en affichant lundi les noms de ces capitalistes avides de profits sans frein, en publiant leur tribune. Chacun sait dès à présent qui sont les seuls ennemis du service public : ils ont fait leur première erreur en avançant à visage découvert.

Évidemment, le manque à gagner des recettes publicitaires de France Télévision sera pioché chez les ménages abonnés à Internet ! L’amendement accepté la semaine dernière rapporterait environ 50 millions d’euros tous les ans. Pour le député UMP à l’origine de cet amendement, Jean Dionis, il serait anormal que des personnes disposant d’un accès Internet ne soient pas assujetties à la redevance. Sont donc visés tous les abonnés Internet, qu’ils bénéficient ou non du Triple Play et qu’ils disposent ou non du haut débit. Pourquoi s’en offusquer ? Tous les lecteurs du journal Le MAGue par exemple, qui se sont détournés des programmes diffusés sur les ondes hertziennes pour lire cet article, et quel qu’en soit le nombre, c’est autant de personnes que j’ai distraites. Il est normal qu’elles payent.

Mais le fond du problème est ailleurs. D’un côté, les chaînes de télévision, qu’elles soient publiques ou non, sont désormais menacées par la chute des audiences générée par les écrans d’ordinateur. Sur un an, les chaînes nationales ont perdu 6,4 points d’audience, qui se situe maintenant à 73,9%. Et la plus touchée est TF1, avec un recul de 3,2 points par rapport à novembre 2007. La 1ère chaîne capte seulement l’attention de 26,1% du public, selon l’étude mensuelle publiée lundi par l’institut de recherche Médiamétrie. Comment les chaînes de télévision parviendront-elles à produire des programmes aussi divertissants que par le passé en perdant leur monopole sur les annonceurs ? Ce n’est évidemment pas le problème des fournisseurs de contenu sur Internet, qui s’en frottent les mains.

Autre chose : ils dénoncent à la fois la juste contribution de la nouvelle économie à la contribution nationale, mais aussi la réglementation de leur activité en diffusant ce message subliminal : deux séries de dispositions qui témoignent d’une vision anachronique et décalée de la réalité de l’Internet et du phénomène dit "Web 2.0" dont sont issus ces sites et qui repose sur l’intérêt des internautes pour la création. En somme, les opérateurs reconnaissent implicitement la concurrence qu’ils font à la télévision, tout en refusant que s’appliquent à eux des règles communes à tous les acteurs de l’audiovisuel. Réglementation fiscale d’abord, mais surtout police des contenus diffusés.

Pour ma part, je serai heureux de savoir que ma plume aussi, sera bientôt scrutée par le CSA. J’aurai de nouveaux lecteurs. Internet, n’en déplaise à ces messieurs, est également un média audiovisuel, et plus encore depuis qu’une plus large bande passante lui autorise à la fois l’écrit, le son et l’image ! Qui le nierait ? Différents amendements ont, en effet, été déposés visant à taxer les sites Web, y compris ceux qui donnent accès à des contenus vidéo générés par les utilisateurs et à faire du CSA, qui n’en demandait pas tant, l’instance de régulation des contenus présents sur les sites communautaires, s’indignent ces vaillants défenseurs du consommateur… Ne répercuteront-ils pas immédiatement l’assiette de ce nouvel impôt sur leurs clients ? Une chose est acquise, ils ont décidé qu’il n’entamerait pas leurs marges.

Dans sa récente évaluation de cette loi, l’Assemblée nationale a exclu de revenir en arrière en assimilant le droit d’Internet à celui de la communication audiovisuelle. Dans ce contexte, on se demande bien pourquoi et comment le CSA s’en ferait le gendarme, s’offusquent-ils ! Non contents d’avoir échappé à toutes les charges financières qui pèsent sur les producteurs de télévision, ils cherchent encore à s’exonérer de tout droit de regard sur leurs activités : paris en ligne, pornographie, subversion et trouble à l’ordre public sans entrave… Elle est belle, cette nouvelle économie !

 

 


Le droit fiscal est clair malgré la controverse :
Pour chaque activité, c’est d’un nouvel impôt
Que les pouvoirs publics ont parfois en dépôt,
Mais pas souvent, et vont surtout à la renverse.

De la richesse, on sait que le produit s’inverse
Après l’avoir taxée à fond pour mettre au pot ;
Du diable abject, la taxe en devient le suppôt
Et prodigue à l’envi de l’argent qu’on lui verse.

Aussi, nous n’aimons pas voir cette inquisition
S’en prendre en fin d’année à l’autre acquisition
Que nous avons bien faite au lieu de la lucarne.

Mais mal nous en a pris au moment du repas,
Je ne veux pas que mon amie aussi — la carne,
S’en prenne à moi pour la télé que je n’ai pas !