Les chenilles du Sud Ouest

Les chenilles du Sud Ouest

Les myriades de chenilles processionnaires voyagent et prospèrent à nos risques et périls en la demeure des forêts du Sud Ouest

- Che nille tout en bloc.
- Laisse-béton Goingoin, ça va pas le faire dans ce block Haus ! T’es pas crédible dans le rôle de l’officier allemand que je passe à la question.
- Alors ça va les bestioles, on s’amuse bien ?
C’était le Bartos guilleret qui nous fourra un papier sous le nez.
- Che ne lit pas le français.
- Ta gueule Goingoin !
- Et ça cause de quoi cet article ?
- C’est l’invasion barbare des chenilles processionnaires qui menacent les massifs forestiers du Sud Ouest, mais pas seulement.
- Et, plus de 7,5 milliards en Aquitaine, c’est d’elles dont il s’agit.
- Tu m’étonnes !
- Et ça se bouffe ces machins là ? Je sens que je vais leur tirer les vers du tarin et vous compter leurs horreurs. A votre bon cœur messieurs dames et toutes et tous aux abris, c’est moi qui vous le dis.

Elles sont pas connes ces chenilles et ne craignent pas la crise. Les notes de chauffage, elles érigent le solaire dans les airs de leur soie blanche aux branches et, la nuit elles digèrent les aiguilles de pin qu’elles ont ingurgitées dans la journée. Elles se bougent les mille pattes dans le massif forestier landais qui regroupe à peine les Landes, la Gironde et le Lot et Garonne. Même qu’au dernier recensement de 2005, on en comptait seulement 7,5 milliards d’exemplaires créchant dans pas moins de 75 millions de nids. Mais que fait le planning familial ?
Et tout ce monde qui boulotte les aiguilles, je ne sais pas ce que les syndics des pins en pensent de cette situation. Boudiou, ça empêche quand même de croître les cimes de ces arbres majestueux !
Y’aurait bien une solution pour restreindre leur envahissement. Imaginez qu’on coupe le chauffage atmosphérique et qu’on revienne à l’âge de glace et ce serait la fin du fin des chenilles processionnaires, puisque qu’à moins 16 degrés, elles se gèleraient les gambettes. Mutantes, elles se rigolent de nos doux climats et exercent leur sacerdoce même en hiver sous nos températures clémentes entre 0 degré la nuit et 9 degrés le jour.
Elles se bougent. Même le grand Nord au-dessus de la Loire n’effraie pas leur moral. Il n’y aura pas de jaloux. Normands, parigos têtes de veau farci à vos certitudes d’échapper au drôle de drame. Le Massif central et le Limousin ne sont pas ménagés.
Gaffe à celles et ceux qui voudraient s’enflammer à leur fourrure et les rencontreraient dans les jardins de nos bancs publics bétonnés à l’orée de nos zones urbaines. Ca me gratte docteur. Avec ses poils dans les airs, gare à l’urticaire et aux allergies. Et ces tâcherons de toutous à mémères ou chachats qui n’en font qu’une bouchée, ils risquent l’euthanasie pure et simple.

Vaches et moutons, hé bandes de ruminants, ne sont pas épargnés. La maladie de la langue bleue ou la fièvre aphteuse, on se les arrache pour les diagnostics.

Nos amis les zoiseaux sont vraiment nos amis. La preuve, la huppe, la huppe fasciée, le coucou geai, l’engoulevent ont été recrutés à l’ANPE du coin. On leur propose de crécher à l’œil s’ils se régalent de ces saloperies rampantes. Enfin, les bouleaux et les chênes ont du taf en perspective. Je ne veux voir qu’une tête dans les rangées en lisère des parcelles de pins. Crachez vos essences répulsives et sus à la vermine.

C’est très sérieux cette affaire. Micropolis, la Cité des insectes dans l’Aveyron a passé au scalpel cette affaire, lors du dernier week-end des 15 et 16 novembre 2008. Un certain sacré bonhomme du nom d’Hervé Jactel qui tourne sa bosse et son géni à l’INRA de Cestas-Pierroton en Gironde éclaire de sa bougie fulgurante cette problématique issue du réchauffement climatique. C’est lui qu’on voit sur la photo. Des projets et des remèdes sont à l’étude. A suivre.
Faudra que j’en cause à mon amie Fred Romano de Formentera. Depuis, la publication de son recueil de nouvelles intitulé « Contaminations » et le fait qu’elle soit une spécialiste de la vache folle, la chenille processionnaire pourrait l’intéresser.

L’autre nuit, j’ai fait un rêve jouissif. Parmi les calamités existentielles du Sud Ouest, celle des frelons asiatiques remporte presque ex æquo son prix de cacahuètes. Ce qui serait bath de chez bath, ce serait que des escadrilles de frelons se régalent de la chair épicée des chenilles et piquent bonzaï billes en têtes sur tous les kakis embusqués dans les fourrés. Un chasseur sachant chassé doit savoir chasser grillagé, ha ha ha ! Ainsi, on mettrait les nuisible dans un même sac et on agiterait l’encensoir comme un hochet grimaçant. Piqûre de rappel pour tous, au plomb ou à la sauce béchamel.

En revanche, parfois un cauchemar récurant me dévisse le cervelas, j’y vois le Franckos tombé en amour pour une chenille sexy. Bonjour la descendance de cette engeance boutonneuse. En plus, ce con il m’invitait à la noce, et moi qui me tirait en Afrique demander la rescousse à Gogo le Gorille mon chéri, histoire de lui remettre les idées en place à cette limace à la masse.
Non mais sans dec !

Sources : Sud Ouest du lundi 17 novembre en pages 8 et 9, un grand merci à Jacques Ripoche pour son article qui a du poil aux pattes et qui me gratte.