Les Constructeurs automobiles sont en pleine Forme

Les Constructeurs automobiles sont en pleine Forme

À lire les échos de la presse économique, le secteur de l’automobile serait en crise… Il n’en est rien. Si les marchands de bagnoles font grise mine en ce moment, ce n’est pas parce qu’ils accusent le coup de la dégringolade des cours de leurs actions ou qu’ils ont moins d’accès aux crédits bancaires, c’est que les profits qu’ils enregistrent pourraient donner à penser qu’ils sont logés à la même enseigne que les malheureux cambistes ou leurs ouvriers qu’ils viennent juste de licencier.

Tout le monde est à présent bien au courant : Renault doit son redressement au succès de la Logan, un produit conçu avec des pièces de rebut et assemblé par des ouvriers payés au lance-pierres à l’étranger. En revanche, les véhicules estampillés français font tous l’objet de la désaffection du public. C’est pourquoi les constructeurs automobiles n’en finissent plus d’abaisser leurs prévisions de ventes pour l’année 2009 : Renault table désormais sur une chute de 20% du marché automobile européen, tandis que Peugeot table, pour sa part, sur un recul d’au moins 10% pour ce même segment. Du coup, les groupes continuent de réduire leur production pour ajuster leurs stocks : Peugeot va ainsi supprimer 3.550 postes supplémentaires.


Aux États-Unis, les pouvoirs publics sont prêts à mettre la main à la poche du contribuable américain pour assister les grands d’un secteur d’activité vital pour l’économie et l’emploi. Les Big Three ont longtemps vécu sur leurs rentes, ont négligé la concurrence asiatique et ils ont acheté la paix sociale en accordant aux syndicats des régimes de retraites spécifiques qu’ils ne parviennent plus à financer. Pour y arriver, Chrysler et General Motors (GM) sont prêts à fusionner, mais les économies d’échelle estimées pourraient leur fermer le robinet des 25 milliards de dollars destinés à financer leur R&D sur les véhicules à propulsion hybride.


Mais les dirigeants des 3 grands de l’automobile américaine ont fait une boulette en arrivant aux auditions de la commission des Finances à bord de jets privés. Le témoignage du P-DG de GM, Rick Wagoner, a été complètement escamoté par des législateurs furieux, outragés de l’avoir débarquer ainsi pour venir quémander des fonds publics, en formulant tellement peu d’ardeur à faire des sacrifices personnels en échange de l’aide fédérale. Rick Wagoner et Alan Mulally, P-DG de Ford, utilisent les avions de leur société à la demande de l’entreprise et pour des raisons de sécurité, selon des accords passés avec la commission américaine des opérations boursières.


Le P-DG de Chrysler, Robert Nardelli, n’y est néanmoins pas astreint, l’entreprise n’étant pas cotée sur les marchés. En revanche, le dirigeant de Ford Alan Mulally avait disposé l’an dernier selon des sources internes, de 752.203 dollars de compensation pour utiliser des jets privés à des fins personnelles. Deux ans auparavant, le directeur du département des opérations pour l’Amérique du Nord de Ford avait fait l’objet d’une controverse pour s’être rendu en Floride à bord d’un avion de l’entreprise alors que Ford accusait des milliards de dollars de pertes et licenciait en masse. Il vole à présent en 1ère classe sur des vols commerciaux.


Des parlementaires caustiques ont demandé aux 3 dirigeants d’entreprise d’expliquer les raisons de ces usages pendant les auditions : ne pouvez-vous pas voyager en première classe, ou prendre ensemble un seul jet pour venir ici ? C’est évidemment un Représentant démocrate, Gary Ackerman, de New-York, qui a posé la question pendant les auditions de la commission des Finances. D’autres démocrates ont trouvé saumâtre à l’égard de leurs employés, que leurs dirigeants voyagent en avion privé tout en prônant des compressions drastiques, qu’ils appliquent à leur personnel… Les dirigeants de Ford Motor Co. et de Chrysler LLC, qui sont eux aussi venus plaider pour obtenir cette aide, ont également essuyé un feu nourri de critiques parce qu’ils étaient arrivés à bord d’avions d’affaires.


Les services de communication de GM ont dit vouloir désormais se débarrasser de 2 des jets utilisés par ses dirigeants, sous la pression des critiques formulées à Washington. Le constructeur automobile, engagé dans des réductions de coûts importantes, analyse tous les déplacements, mais son porte-parole a refusé de préciser les raisons de ces voyages en jet : c’est une question d’interprétation, a-t-il justifié au sujet de la pertinence de ce moyen de transport, mais nous devons être très attentifs à ce que nous devons faire. Il a cependant admis que la direction n’a rien décidé en ce qui concerne les déplacements futurs de Rick Wagoner, au cas où il devrait à nouveau se rendre à Washington…


Pendant qu’ils dégraissent aux États-Unis, les constructeurs automobiles investissent ailleurs. GM et le russe Avtotor ont lancé vendredi une unité d’assemblage à Kaliningrad, dans l’enclave russe de Prusse orientale. Les investissements dans la production se sont élevés à 80 millions d’euros, ils ont financé la création d’ateliers de peinture et de soudage de carrosserie. Les capacités de production s’élèveront à 80.000 unités par an, la première voiture qui y sera construite sera la Chevrolet Lacetti.


Avtotor, une usine spécialisée dans la construction et l’assemblage de marques étrangères en Russie, réalise déjà l’assemblage de différentes marques de GM, dont Chevrolet, Cadillac et Hummer pour le marché russe. Outre l’usine de Kaliningrad, GM dispose depuis 2002 d’une usine à Togliatti, sur la Volga, où il construit conjointement avec le russe AvtoVAZ, des Chevrolet Niva. En novembre 2008, les Américains ont ouvert une usine près de Saint-Pétersbourg qui doit produire des Chevrolet Captiva et Opel Antara.


En décembre 2007, Toyota a déjà lancé une unité de construction à Saint-Petersbourg. Des usines de trois grands de l’automobile mondiale, Hyundai, Suzuki et Nissan, y sont en chantier. Entre janvier et septembre 2008, GM a doublé ses résultats en Russie, avec 256.700 voitures vendues et portant ainsi sa part sur le marché russe à 11%. GM détient ainsi la palme parmi les grands constructeurs internationaux automobiles présents sur le 2ème marché automobile en Europe. Kaliningrad demeure néanmoins un lieu stratégique, tant d’un point de vue militaire que logistique, puisque ce port de la Baltique est situé à l’intérieur du territoire européen. Des trafics importants y sont organisés en direction de l’espace communautaire.

 

 


Ils font partout la tête et dans l’automobile,
C’est la fête en dépit des mauvais résultats,
Et la chaîne à l’arrêt est dans tous ses états
Mais les patrons adroits ont tendu la sébile.


Le plus madré escroc reste assez malhabile
En s’affichant plus vil que tous les apostats,
Ses façons sont hélas de nouveaux attentats
À la pudeur bourgeoise et au prurit de bile.


Restons-en là pour le moment, un tel affront
Demeure inscrit à vie en rouge sur son front
Quand ceux de la plupart ici, sont à la peine.


L’artifice est la règle et le vol reste humain
Or, la forfanterie est l’excès de trop : haine
Et révolte ont sans cesse été sur leur chemin.