Coffret Douglas Sirk partie 2…

 Coffret Douglas Sirk partie 2…

« All I Desire », « Demain est un autre jour », « Les Amants de Salzbourg » et « La Ronde de l’aube », ou quatre œuvres fortes réalisées par Douglas Sirk (1900-1987), le maître du mélodrame hollywoodien…

D’emblée, Douglas Sirk nous apparaît comme un cinéaste des plus éclectiques ! On lui doit au cours de sa longue carrière au service du septième art un grand nombre de comédies, de thrillers, de mélodrames – ces derniers étant les plus célèbres. Réalisateur d’origine danoise, vivant en Allemagne, il est tôt happé par la passion du théâtre. (En 1922, il traduit des sonnets de Shakespeare en allemand.) Au Théâtre de Hambourg puis à celui de Leipzig, Sirk met en scène de nombreux auteurs comme Brecht dont il monte « L’Opéra de quat’sous » en 1929. Sa période allemande est marquée par des films musicaux et les remakes de films de Stahl. Mal à l’aise dans l’Allemagne hitlérienne, il choisit de s’installer aux Etats-Unis. Il y dénoncera dans « Hitler’s Madman » la folie du régime nazi. Dans les années 60, il revient en Europe et reprend à Munich son activité théâtrale.

Un certain déracinement et une profonde solitude esquisse la trame psychologique des quatre films tournés entre 1953 et 1957 sortis en DVD.
Une actrice à la carrière médiocre [Barbara Stanwyck] revient voir sa fille – qui fait du théâtre - dans la maison familiale et constate désabusée que rien n’a changé (« All I Desire »). Le gérant d’une fabrique de jouets [Fred Mac Murray], lassé de la routine de son couple et de l’éducation des enfants, revoit une ancienne amie (« Demain est un autre jour »). Un aviateur aigri et alcoolique [Robert Stack], ancien héros de guerre de l’aviation, joue les filles de l’air pour gagner sa vie dans des spectacles de forains (« La Ronde de l’aube »). Une Américaine, séjournant à Munich [June Allyson] s’éprend d’un chef d’orchestre, sous le regard plaintif de sa femme et d’un médecin ami (« Les Amants de Salzbourg »).

Chez Sirk, l’on balance entre la comédie et le mélodrame, et le naturalisme pessimiste se pare de beaux atours. Celui qui a pour modèle la tragédie grecque et comme constante source d’inspiration la famille, selon lui « image et symbole du monde » a un sens aigu de la forme cinématographique. Il offre une image léchée, voire très sophistiquée, particulièrement repérable dans les quatre films qui nous intéressent. (Sirk qualifie d’ailleurs de « style baroque » certains films de sa période américaine comme « La Ronde de l’aube ».) Ses histoires, marquées par l’ambivalence de ses personnages, semblent comme magnifiées par une puissante vision à la fois musicale et picturale. Car Sirk s’y connaît pour planter ses décors : acrobaties aériennes d’avions au-dessus d’une foule, tumulte du carnaval sudiste de La Nouvelle-Orléans avec masques grimaçants (« La Ronde de l’aube »), immensité du désert californien et piscines futuristes pour milliardaires de la côte ouest (« Demain est un autre jour »), région verdoyante et féerique de la Rome des Alpes (« Les Amants de Salzbourg »).

Pour chaque film l’on signalera en supplément DVD les bandes-annonces et les intéressants commentaires de Jean-Loup Bourget, historien du cinéma, et de Pierre Berthomieu, spécialiste du cinéma hollywoodien. Dans cette abondante masse de documents sur Sirk, l’on notera également une instructive étude de l’adaptation de Pylône [roman de Faulkner, 1935] par Marguerite Chabrol (Faulkner/Sirk : la défaulknérisation de Pylône, 25 mn), une conversation avec l’acteur William Schallert (Parlons du spectacle, 18 mn) et des interviews de Douglas Sirk, Rock Hudson, Robert Stack, Dorothy Malone et du producteur Albert Zugsmith (Jouer pour Douglas Sirk, 22 mn). Enfin la rencontre de Pascal Thomas et de Dominique Rabourdin avec Sirk dans sa résidence de Lugano offre de nouveaux éclairages sur l’univers sirkien (Quelques jours avec Sirk, 1982, 60 mn). Agé alors de 82 ans, le cinéaste y évoque pêle-mêle sa passion pour le théâtre et l’architecture, ses peintres favoris [français !] (Delacroix, Daumier), et son goût pour un certain baroque. Avec une nonchalance aristocratique, Sirk relate sa filmographie, insistant sur son rapport avec les acteurs. Une remarque anodine souligne finalement tout le mystère de son œuvre. Il raconte qu’enfant, il ne comprenait pas pourquoi chaque semaine au Kinorama le pianiste jouait dans la salle et non dans le film !

Biblio : Cahiers du cinéma, avril 1967. J.-L Bourget, SIRK (1982)

Coffret Douglas Sirk partie 2 collector 8 DVD (novembre 2008)
« All I Desire », 2DVD ; « Demain est un autre jour », 2 DVD ; « Les Amants de Salzbourg », 2 DVD ; « La Ronde de l’aube », 2 DVD

et en éditions collectors 2 DVD

Carlotta Films