Ségolène Royal n’incarne pas le Renouveau des Socialistes

Ségolène Royal n'incarne pas le Renouveau des Socialistes

Les grandes manœuvres ont bien eu lieu au Parti socialiste, mais elles se sont soldées par un échec… Les 4 courants principaux définis par leurs motions se sont crispés sur leurs propres positions ou dans le front du refus à Ségolène Royal. Si Martine Aubry se retrouve en situation de favorite avec la défection, puis le soutien inconditionnel de Bertrand Delanoë, le report des voix du maire de Paris (25,24%) et la participation restent deux inconnues de taille pour avancer un pronostic.

Mais comme à la 1ère représentation de La Bataille d’Hernani, le conflit doctrinal fait la part belle entre les anciens et les modernes… Faisant toutes et tous le constat que leur parti s’est sclérosé, qu’il n’a pas pris en compte les mutations de la population et de la société françaises, des minorités, visibles ou invisibles, des chômeurs et des exclus, des jeunes et des vieillards, de la presse people et de la télé-réalité, etc. les socialistes ont pris conscience qu’un renouvellement des cadres et de la base est nécessaire, au risque de voir leur mouvement politique se scléroser avant de se déliter.


Ségolène Royal, auréolée du score honorable obtenu le 6 mai 2007 à l’élection présidentielle, est favorable à de nouvelles options pour recruter de nouveaux adhérents, qui ont fait son succès lors des primaires organisées à l’automne 2006. Le coup de pied qu’elle a donné au vieux parti, en arrivant contre toute attente en tête des motions le 6 novembre dernier (29%), et en organisant depuis toute la campagne interne autour de l’étiolement du PS ou sa renaissance, doit provoquer, quoi qu’il arrive, une onde de choc durable dans le parti.


À cet égard, tous les regards se tournent vers Benoît Hamon (18,52%), 41 ans, issu de la gauche du parti, qui a fait savoir qu’il irait jusqu’au bout de son engagement, et n’a pas donné de consigne de vote. Il a toutefois souvent reconnu des proximités avec Martine Aubry. Les meetings télévangélistes de Ségolène Royal rebutent autant les militants, conçus comme incompatibles avec l’expression de leur conscience politique, que les sauts du coq à l’âne permanents de la candidate.

Martine, Ségolène, Bertrand et Benoît : même combat !


Elle a également eu des phrases sibyllines, comme ce souhait, en cas de défaite, d’aider tous les socialistes à réussir. Toute la semaine, elle a revendiqué sa double légitimité, d’ancienne candidate à la présidentielle et de leader de la motion arrivée en tête, insistant sur le combat d’appareil un peu étrange qui a eu lieu au congrès pour lui faire barrage. Comme si peu à peu remontait à la surface la performeuse du Zénith : celle qui, fin septembre, dans un exercice de communication nouveau et sans prononcer le nom de socialisme, avait lancé : je suis là aujourd’hui, je serai là demain ! Comme pour signifier qu’avec ou sans le Parti socialiste, forte d’un contact particulier avec le peuple, elle poursuivrait son chemin, quitte à défier le candidat socialiste en 2012.


Mais Benoît Hamon se sent prêt à lui contester ce leadership, grâce au soutien des quadras et des jeunes de Razzi Hamadi, en se situant dans une opposition frontale à Nicolas Sarkozy, qui n’est pas sans rappeler l’attitude adoptée par les trotskystes d’Olivier Besancenot depuis fort longtemps. Mais avant de se tourner vers les agitateurs du Nouveau Parti Socialiste avec Arnaud Montebourg et Vincent Peillon, il s’est découvert une sensibilité rocardienne, puis a été le conseiller pour la Jeunesse auprès de Lionel Jospin, 1er secrétaire du PS de 1995 à 1997. Il est ensuite entré au cabinet de Martine Aubry, ministre de l’Emploi et de la Solidarité, comme conseiller technique chargé de l’emploi des jeunes (1997-98), puis comme conseiller chargé des affaires politiques (1998-2000). Rien de nouveau sous le soleil…


Si Ségolène Royal a donné l’impression de lui faire les yeux doux ces jours derniers, c’est uniquement pour lui ravir les militants du Mouvement des Jeunes Socialistes et conforter son positionnement politique. Sur l’autre bord, elle a pris un malin plaisir à enfermer Martine Aubry dans le rôle du gardien du cimetière des éléphants qu’incarne bien malgré lui le maire de Paris. Mais tout le monde a en mémoire l’expérience contrariée qu’il a faite au cours de la campagne présidentielle de la candidate socialiste, des ses continuels atermoiements destinés à plaire aux caciques, jetant aux orties les idées et les projets qui ont fait son succès tout au long de l’année précédente. Les dommages collatéraux ont fait beaucoup de dégâts, bon nombre de déçus…


À savoir si elle est prête à renouveler les modes de pensée socialistes, nous pourrions retenir sa réponse à la question resterez-vous au PS ? mardi sur Canal+ : oui, vous en doutez ? Cela fait 25 ans que je suis là ! Le mouvement Désirs d’Avenir apparaît dès lors moins comme une fraction susceptible d’ouvrir une scission dans le Parti socialiste, ou une autre porte d’entrée du siège de la Rue de Solferino, mais bien comme un gadget, un miroir aux alouettes…

 

 


Elle a fait peur, et à bon droit, aux vieux caciques,
Mais elle a pris en compte un changement sérieux
Dans nos comportements qui sont parfois curieux ;
C’est qu’elle a pour de vrai potassé ses classiques.


Elle a eu de gros coups qu’ils ont dits narcissiques
Avec la presse et dans son camp, mais laborieux…
Elle est sans cesse ailleurs et ils sont tous furieux
De voir dans ses propos des mots jugés toxiques.


Ceux qui ont cru en elle ont peur d’un grand écart
Et des desseins dont nous n’avons pas fait le quart,
Royale, elle a du cran, tout en crispant son monde.


Alors, nous n’adressons aucun blâme envers ceux
Qui l’ont mise à la rue et dans l’offense immonde,
Mais nous ne les sentons jeudi pas plus chanceux.