Pour un Etat laïc et des citoyens libres

Le débat sur la laïcité est généré par la présence à l’école publique de jeune filles voilées. Il survient en France, où le leader de l’extrême droite est arrivé, il y a deux ans, au second tour des élections présidentielles. Ce débat se déroule alors que le monde est agité par la « lutte contre le terrorisme » lui même trop facilement assimilé à l’Islam. Tous les enjeux du débat ne sont pas clairs !

Qui doit être laïc ? Cette question, essentielle pourtant, a été escamotée !

Ce sont bien entendu les institutions de l’Etat qui doivent être laïques. Le fonctionnaire ne doit pas laisser paraître ses convictions religieuses. L’usager lui, peut à l’évidence afficher ses convictions (barbe pour les juifs et les musulmans, croix et clergyman, kippas, voiles, turbans…) Cela n’autorise pas l’usager à demander que ce soit un fonctionnaire de la même confession que lui qui lui réponde.

L’école de la République également doit être laïque. C’est à dire que les murs doivent être laïcs, les tables doivent être laïques, les programmes doivent être laïcs et les personnels, du professeur au technicien de surface, doivent être laïcs. Rien cependant n’impose que les élèves soient laïcs mais tout impose que l’expression d’une appartenance religieuse n’interdise pas d’assister à la totalité des cours (sciences naturelles, éducation sexuelle, gymnastique, piscine…).

Interdire aux élèves de porter des signes religieux ostensibles, ostentatoires ou discrets, au nom de la laïcité, c’est bannir de l’école publique le fait spirituel. Les empêcher de dire leur choix religieux ou philosophiques et d’en débattre, c’est amputer l’enseignement d’une mission fondamentale qu’est l’accompagnement de la quête de sens. Si nous faisons le choix de confondre laïcité et sentiments antireligieux, il faut alors supprimer l’enseignement de l’histoire des religions.

La question ne doit pas se poser en fonction du caractère ostentatoire, ostensible ou discret d’un signe religieux mais en fonction des limites qu’il apporte à l’élève qui le porte. Voilée ? Fort bien. Mais participant à tous les cours. Ainsi, les jeunes filles voilées, qu’elles le soient volontairement (du moins le croient elles), ou contraintes, se trouvent dans l’obligation d’apprendre à l’école ce qui plus tard devra leur permettre d’exercer leur liberté d’adultes. Une jeune fille, au nom d’un l’Islam qu’elle affiche, conteste l’enseignement de l’histoire ? C’est formidable qu’elle le fasse au sein de l’école de la République qui, en restant laïque, lui ouvre le terrain du dialogue et de la réflexion.

Notons que le débat à glissé du port du voile vers les signes religieux en général. Les conséquences de ce glissement sont plus graves que le mal lui même. Il s’est opéré avec la complice bienveillance des représentants des communautés chrétienne, juive et musulmane, qui trouvent positif le recul de la laïcité, sciemment, mais à tort, confondue avec l’athéisme.

Dans ce contexte, les représentants des communautés religieuses expriment naturellement leur opposition à une loi qui régulera, au nom de la laïcité, les signes religieux extérieurs. Or le problème posé était celui du voile et plus exactement ce que le voile interdisait à certaines jeunes filles (assiduité à tous les cours). Désormais, participent au débat, juifs et chrétiens dont les croix et Kippas ne posaient pas véritablement de problème et les « communautés » s’expriment sur la laïcité… Au lieu de traiter un question qui touche à l’assiduité des jeunes filles musulmanes à tous les cours de l’école publique, et la liberté dans la vie quotidienne, la loi future apportera une solution à un problème qui n’existait, celui des signes extérieurs religieux.

Enfin, parce qu’en politique au moins le ridicule ne tue pas, le Ministre de l’intérieur de la République française, laïque, est allé cherché, au sujet d’une loi française qui touchera des citoyens français, une caution religieuse auprès d’un Cheikh Egyptien qui dirige une université musulmane. Imagine-t-on le Ministre égyptien de l’intérieur légiférer sur le sort des Chrétiens d’Egypte et demander l’avis du Recteur de la « Catho » ou de la très catholique université de Louvain en Belgique ?