Algérie : Les enfants en proie à tous les dangers

Algérie : Les enfants en proie à tous les dangers

Les enfants en Algérie subissent des maltraitances à tous les
niveaux. La société algérienne ne respecte pas l’enfance, et bien que
l’Algérie soit signataire de nombreuses conventions internationales
relatives à la protection de l’enfance.

Le constat est amer. Les enfants en Algérie subissent des
maltraitances à tous les niveaux. Les spécialistes n’hésitent plus,
désormais, à tirer la sonnette d’alarme. Et pour cause, la société
algérienne ne respecte pas l’enfance. Et bien que l’Algérie soit
signataire des nombreuses conventions internationales relatives à la
protection de l’enfance et qu’elle dispose d’un arsenal de lois
destinées à protéger les enfants et à les obliger à fréquenter des
établissements scolaires, elles sont rarement appliquées, en
particulier lorsque les parents refusent d’inscrire leurs enfants à
l’école.

Autre le problème de la déscolarisation, la délinquance juvénile et
les violences sexuelles sont autant de fléaux qui touchent de plein
fouet l’enfant dans notre pays.

A ce propos, la ligue nationale de la défense des droits de l’homme
(LDDH), suite à son enquête portant sur la réalité de l’enfance en
Algérie, nous a révélé des chiffres effrayants qui témoignent de la
situation dramatique que vit cette frange fragile de la population.
Ainsi, selon la LDDH, pas moins de 64 enfants ont succombé au cours
d’une « harga » et ce, durant seulement ces deux dernières années. Ils
seraient même de plus en plus nombreux ces enfants harraga qui
accompagnent souvent leurs parents dans cette traversée incertaine en
vue de rejoindre la Sardaigne ou l’Espagne. Pour preuve, parmi les 25
harraga interceptés mardi dernier par les éléments des garde-côtes de
la marine d’Annaba, une femme de 35 ans, avec son enfant de 4 ans,
faisait partie de l’expédition clandestine qui aurait pu se terminer
par un drame. L’émigration clandestine ne concerne donc plus seulement
les adultes puisque même nos enfants se retrouvent régulièrement à
bord de ces embarcations de fortunes fuyant nos côtes.

Sur un autre registre, il en ressort de l’enquête de la LDDH que prés
de 1250 enfants ont tenté de se suicider depuis le début de cette
année. Par ailleurs, plus de 1.800.000 enfants sont exploités dans
différentes activités. Ces enfants exercent généralement dans le
secteur des professions libérales où l’employeur échappe aux impôts
faute de déclaration de la nature de l’activité et le nombre
d’employés.

Au chapitre de la délinquance juvénile, l’enquête de la LDDH souligne
que pas moins de 500.000 enfants se sont distingué par leurs actes de
déviances. Aussi, une augmentation alarmante a été enregistrée sur le
nombre des crimes commis par les mineurs des deux sexes. Preuve en
est, 12.000 enfants sont jugés annuellement alors que pour le premier
semestre de cette année l’on a recensé pas moins de 5.000 enfants
sanctionnés par la justice.

Les enfants, dans notre pays, sont également durement touchés par
l’analphabétisme. A ce sujet, la LDDH précise qu’au moins 6 % de nos
enfants ne savent ni lire ni écrire. 10 % autres ne sont pas
scolarisés.

En ce qui concerne le volet sécuritaire, la LDDH signale que les
enfants continuent à payer les frais de la dégradation persistante du
climat sécuritaire régnant au sein de nos villes. Dans ce contexte,
l’on a enregistré plus de 1.545 enfants kidnappés ces dernières
années, dévoile la LDDH en s’appuyant sur les bilans des différents
services de la sécurité. D’autre part, les accidents de la route ont
emporté dans leur sillage plus de 3.000 enfants ces dernières années.
Au regard de ces données poignantes, l’on se demande vraiment où en
est la protection de l’enfance en Algérie. Enfin, pour de nombreux
spécialistes de l’enfance, avec l’immobilisme ambiant des pouvoirs
publics qui se contentent de lancer des promesses et des projets sans
lendemain, les enfants, en Algérie, ne sont pas prêts de vivre la
douceur du printemps. Malheureusement, l’innocence a cédé le pas à la
souffrance.