Leila Ghandi : Reporter photo sur tous les Fronts purs

Leila Ghandi : Reporter photo sur tous les Fronts purs

La chasse au scoop ne fait pas partie de son quotidien. Leila Ghandi est certes toujours par monts et par vaux, pour témoigner de la vie ordinaire des gens qu’elle a croisés au Tibet ou au Sahara occidental, et non pour couvrir les conflits armés qu’ils subissent, et qui font trop souvent la couverture des magazines.

Je n’irai sûrement pas en Afghanistan à cause de la guerre, se récrie-t-elle en marquant sa réprobation. Les pérégrinations de Leila Ghandi empruntent les chemins que suivent des hommes en armes, sans jamais les croiser. Son sujet n’est pas de rendre compte d’événements qui défraient la chronique, mais de montrer ce dont on ne parle pas. C’est dans les villages et sur les chemins d’alpage, avec les paysans et les ouvriers agricoles que se focalise l’objectif de ce reporter qui a fait du voyage une raison de vivre.
C’est ainsi qu’elle a suivi en 2005 le Marathon des Sables au fin fond du désert marocain, et l’année précédente, elle a promené son regard tendre et curieux sur le plateau du Tibet, juste avant de traverser la région chinoise où vivent les musulmans ouïgours et la Mongolie pour embarquer dans le transsibérien. Le voyage est seul à même de donner un vrai sens à mes passions, dit-elle… Tandis que les uns parcourent le monde pour s’extasier des paysages magnifiques offerts par la nature, Leila Ghandi préfère s’attacher à découvrir la beauté chez les hommes et les femmes qui les habitent. Quoi de plus logique alors, d’apprendre par sa bouche que la photo est un outil pour témoigner de la beauté qui nous entoure !


Leila Ghandi a vécu et grandi au Maroc, mais elle affirme avec fierté qu’elle voyage seule depuis l’âge de 15 ans. Bonne élève, elle a fait ses études en Angleterre et en France, et se destine au marketing au cours d’un 3ème cycle à Sciences-Po. Ma première intention était de travailler à l’étranger, déclare-t-elle. L’établissement de la Rue Saint-Guillaume, en effet, lui permet d’effectuer des stages de longue durée dans des pays lointains, au Pérou et en Chine… Mais ce ne sont pas des plans de carrière et un carnet d’adresses bien rempli qu’elle ramène à Paris. Dans ses bagages, des bobines de film et des rouleaux de pellicule…


Chant népalais, par Leïla Ghandi


La jeune femme a la bougeotte… Son père a traversé le Maroc à pied avec l’équivalent de 15 euros en poche, et lui a inoculé le virus du voyage. Enfant, l’entraînant dans les bas quartiers de Casablanca pour y accomplir de bonnes œuvres, sa grand-mère lui a transmis l’intérêt qu’elle porte aux autres, dans l’accomplissement des plus petits gestes quotidiens. Enfin, elle explique avec beaucoup d’émotion dans la voix que son grand-père a renoncé à son patronyme pour choisir le nom du Mahatma. Ce geste a valeur de symbole et paraît guider son destin depuis son enfance.


C’est l’idée d’organiser en décembre 2005 une expo sauvage en face de l’église Saint-Germain qui décide de son orientation professionnelle : maintenant, je suis photographe indépendant pour le meilleur et pour le pire… Le meilleur, ce sont évidemment des papiers publiés dans de nombreux magazines français et francophones, et une récompense remise par Fadela Amara sous les lambris dorés du Sénat. Le pire, ce sont les galères, mais Leila Ghandi semble s’en moquer : je pense qu’être une femme est aussi un atout pour voyager, s’amuse-t-elle, en racontant certaines de ses bonnes fortunes, dont personne ne pourrait imaginer qu’elles puissent arriver à un confrère masculin !


Si elle n’a pas froid aux yeux, la jeune free lance a bien la tête sur les épaules. Son truc, c’est de s’immiscer dans les lieux les plus anodins, de s’intégrer aux populations locales afin de saisir les moments de la vie quotidienne. Elle fuit les endroits où ça chauffe parce que tout simplement, ce n’est pas l’actualité du monde qui l’intéresse. Son objectif est pointé sur celle des gens du peuple, où elle entend saisir une expression, une émotion, un sourire ou un regard intense pour rendre compte de la réalité de leur vie. Mais c’est surtout ça qui compte.

 

 


La nuit rapproche au fond les gens perdus dans leur
Vie assez vaine, un peu plus longue auprès du vide,
Qui peine à ne point voir sur l’huis la main avide
D’un usurier qui vient chez eux pour leur malheur.


Mais l’ombre, enfin, fait place à l’aube, et sa pâleur
Révèle au jour qui naît qu’un ventre est gai, gravide
Et s’ouvre en exhibant un bout d’homme impavide :
La liesse au creux des draps fait place à la douleur…


Grands faits de petits riens font dans notre ordinaire
Habits juste assez grands pour plaire au visionnaire :
Avec deux doigts adroits, ses liens sont nos témoins.


N’ayons plus peur de mettre un sens au mot partage
Dans un monde aussi dur pour ceux qui ont le moins,
Ils vont se rendre aux seuils sans cesse en reportage…

 


En savoir plus sur Leila Ghandi et découvrir l’actualité qu’elle a déjà couverte.