Grèce Archaïque

Grèce Archaïque

"L’Univers des Formes" est celle collection voulue par André Malraux. Elle est de loin la plus prestigieuse Histoire universelle de l’art. Voici une réédition augmentée d’une nouvelle bibliographie et d’une préface de Bernard Holtzmann, professeur émérite d’archéologie. Et illustrée par une riche documentation photographique en couleurs.

Comme toute les phases de la civilisation grecque antérieures au classicisme, l’archaïsme doit se redécouverte au développement de l’archéologie. C’est ainsi que les découvertes de toutes sortes faites depuis une quarantaine d’années s’inscrivent dans l’enchaînement d’une évolution artistique. Paradoxalement mieux connue que ne l’est l’histoire politique.
Mais quels sont la place et le rôle des identités artistiques que l’on arrive aujourd’hui à cerner ? Précèdent-elles ou suivent-elles le développement des identités politiques qui s’affirment depuis le VIIème siècle ? Ou, au contraire, les accompagnent-elles ? IL faut surtout faire attention à ne pas tomber dans le piège de la réponse globale. Il y a des situations particulières. Par exemple, l’architecture dépend plus du contexte politique que la sculpture.

C’est pourquoi on perçoit dans l’architecture archaïque plutôt des styles régionaux que des styles locaux. La multiplication des fouilles et l’affinement de leurs techniques ont permis d’observer un phénomène essentiel de la civilisation grecque : la fondation et l’essor de noyaux urbains son planifiés. Les sites de Métaponte, de Mégara témoignent d’une spécialisation de l’espace (public, religieux, privé) et d’un lotissement régulier.

En sculpture, certaines découvertes ont enrichi des types connus. Que ce soit une statue funéraire de style dédalique en marbre, un kouros funéraire, etc. toutes ces pièces souvent exposées témoignent d’une analogie ressentie aujourd’hui avec les peintres de l’Europe moderne. Bien que ces artistes athéniens aient été des graphistes. Et non des peintres.
Quant à la peinture à proprement parler, elle ne s’est enrichie que d’exemples isolés (dans les tombes de Kizibel et Elmali, en Lycie). L’impression générale est celle d’un dessin parcimonieusement colorié en grands aplats.

Donc, point de grand bouleversement en ces quarante dernières années de recherches intensives. Mais un enrichissement considérable du paysage artistique. Cela confirme avec éclat ce que l’histoire ne peut qu’entrevoir. Le VIème siècle a bien été l’âge d’or des cités grecques.
Pour les amoureux de cette période. Ou les spécialistes en devenir, les étudiants … Signalons parallèlement à cette publication – et dans la même collection – le volume Les Etrusques et l’Italie avant Rome de Ranuccio Bianchi Bandinelli et Antonio Guiliano. Qui, lui aussi, bénéficie d’une nouvelle bibliographie et d’une préface de Jean-Paul Thuillier, directeur du département des sciences de l’Antiquité, à l’Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm.

Jean Charbonneau, Roland Martin & François Villard, Grèce Archaïque, 195 x 234, plus de 300 illustrations couleurs, coll. "L’Univers des Formes", Gallimard, octobre 2008, 415 p. – 29,00 €