Comment John Maverick McCain est devenu Joe the Looser

Comment John <i>Maverick</i> McCain est devenu <i>Joe the Looser</i>

Dernier incident en date dans la campagne républicaine, le soutien de Dick Cheney à John McCain… Le vice-président des États-Unis, à qui l’on impute la plupart des orientations controversées de George Bush, s’est déclaré samedi ravi de soutenir sa candidature…

Au cours d’une réunion électorale dans le Colorado, son rival s’est amusé des propos chaleureux de l’éminence grise de la Maison-Blanche à l’égard de John McCain : je tiens à féliciter le sénateur McCain pour ce soutien, qu’il a bien mérité. Il n’a pas été facile à obtenir : le sénateur McCain a dû pour cela appuyer les décisions de George Bush dans 90% de ses votes, et partager l’avis de Dick Cheney. Depuis le coup de poignard dans le dos de Colin Powell sur NBC, le 19 octobre, tous les signes que les républicains envoient aux citoyens américains sont autant de clous plantés dans le cercueil de John McCain.


Très à cheval sur ce qui le sépare du président sortant, auquel il s’est opposé lors des primaires de 2000, le sénateur de l’Arizona a dû encaisser le soutien de George W. Bush lundi 24 octobre : le président dit depuis des mois qu’il soutient la candidature de John McCain à la présidence ; bien sûr, c’est pour lui qu’il a voté, a déclaré la porte-parole de Maison-Blanche, Dana Perino ! Les baisers de Juda s’accumulent sur les joues couturées du vétéran pendant que les éloges se multiplient à l’endroit de son adversaire dans les colonnes de journaux conservateurs.


Chris Shays, membre de la Chambre des représentants et co-président de la campagne McCain dans le Connecticut, a ainsi déclaré au Yale Daily News qu’il ne voyait pas comment le sénateur de l’Arizona pouvait l’emporter. Le gouverneur du Minnesota Tim Pawlenty a souligné mardi que Barack Obama disposait d’un assez bon avantage à présent dans son État. Enfin, l’ex-gouverneur du Massachusetts Mitt Romney, qui a levé plus de 20 millions de dollars pour John McCain et devait passer le week-end à faire campagne à son côté, a averti dans un courrier électronique de la possibilité très réelle d’une présidence Obama. Le candidat républicain paraît ne pas s’en émouvoir. Matt Welch, l’un de ses biographes, raconte qu’il pratiquait la boxe à l’académie navale, mais il n’était pas très bon, et il était connu pour encaisser de nombreux coups, jusqu’au moment où il revenait et lançait un terrible uppercut.


Il manque de se faire renvoyer d’Annapolis à cause de ses frasques. Il a une fois l’idée d’amener une strip-teaseuse à une réception de l’amirauté, en grande tenue… Sorti 894ème sur 899, John McCain s’écrase à 2 reprises à bord d’appareils d’entraînement. Mais c’est après son retour de captivité au Viêt-Nam, que John McCain se lance en politique et acquiert cette réputation de franc-tireur. Il n’en fait qu’à sa tête, votant parfois avec les démocrates, ou adoptant des positions encore plus droitières que celles de son parti. C’est en 1993, avec un autre vétéran, le sénateur démocrate John Kerry, qu’il milite et obtient la réouverture des relations diplomatiques avec le Viêt-Nam. Fils et petit-fils d’amiral, John McCain est toujours le guerrier des débuts.


Il se voit toujours seul à bord de son bombardier, tête brûlée comme tous les pilotes de l’Aéronavale… Pendant les primaires, il ne parvient à se détacher qu’au dernier moment, tandis que Barack Obama et Hilary Clinton tiennent le haut de la rampe dans les rangs démocrates. Là ou Barack Obama est entouré de 300 conseillers, John McCain a une petite équipe, dont il appelle les membres, dix minutes avant de passer à la télévision, pour connaître leur avis. Notre campagne a été menée de tactique en tactique, a confié l’un des proches du candidat au New York Times Magazine. Tout en refusant la connivence avec l’équipe sortante, John McCain s’est senti obligé de composer avec les néo-conservateurs. Le choix de Sarah Palin n’est pas une idée de Karl Rove, mais justement, des néo-conservateurs. Et plus particulièrement de la coterie du Weekly Standard, le magazine de Bill Kristol.


C’est indéniablement un choix étonnant : première femme à devenir colistière sur un ticket républicain, elle est l’un des gouverneurs les plus populaires du pays. Atypique. C’est le qualificatif de départ lorsque la très populaire, énergique et télégénique gouverneur de l’Alaska, 44 ans, mère de famille nombreuse, originaire de Wasilla et finaliste en 1984 de Miss Alaska, Sarah Palin est choisie parmi d’autres prétendants mieux cotés au parti républicain. Réformatrice, grande gueule et indépendante, donc assortie à un John McCain à l’image de franc-tireur… Mais elle est aussi socialement conservatrice, farouchement opposée à l’avortement et au mariage homosexuel, pour séduire ce segment très droitier de l’électorat républicain, pas franchement convaincu par le vétéran du Viêt-Nam.


Le tandem a fait un tabac dès sa formation, mais les milieux d’affaires ont eu envie de plus de sérieux après l’effondrement des cours de la Bourse. La fascination s’effrite et les soutiens se font moins chaleureux, jusqu’à se retirer dans le courant du mois d’octobre. William Kristol, du Weekly Standard, a également eu la dent dure contre le candidat républicain, estimant notamment qu’il devrait arrêter de dévoiler tous les deux jours des propositions supposées traiter la crise financière. Pour lui, John McCain devrait plutôt souligner que nul ne sait quelle sera la situation le 20 janvier 2009, date d’investiture du successeur de George Bush. Aux yeux du journaliste, le prochain président doit avoir fait preuve durant sa carrière d’un jugement solide et de qualités de dirigeant dont ont besoin les États-Unis pour passer la crise. L’heure est grave et n’est plus aux états d’âme…


La semaine dernière, John McCain cherchait désespérément Joe le plombier dans la salle d’un meeting, mais l’avatar républicain n’est pas venu lui apporter son soutien. À Springfield, ce week-end, il bafouille : si je suis élu président, je veux dire… quand je serai élu président, oui : quand, quand je serai élu… La ferveur des premiers jours est dépassé par les évènements. Sa campagne est limitée aux bastions républicains et aux fameux swing states, qui peuvent encore basculer en sa faveur. Mais il ne se risque pas à se battre sur le terrain de son adversaire, qui paraît déjà sentir dans sa poche tinter les clés de la Maison-Blanche.

 

 


Les remords sont trop forts pour aider l’insolite
À l’emporter sur l’ordre et le rouge au veston,
Pétri d’immobilisme, et d’un qu’en-dira-t-on
Qui prend peur à sa vue et pourtant pour l’élite.


L’esprit petit-bourgeois sent l’ours et se délite
Dans la contemplation d’un si charmant téton,
Mais son bon sens refuse un changement de ton
Dès que l’allure est preste avec l’autre acolyte !


Rechercher son bien-être à l’abri des vents forts
N’incite à rien de plus, et surtout moins d’efforts
Que le refus d’ouvrir sa porte au grand mystère.


S’il préfère un sandwich au plus copieux festin,
C’est qu’il choisit de voir toujours sa vie austère :
Le monde a peur de tout pour choisir son destin.