LÉGALISONS L’EUTHANASIE

LÉGALISONS L'EUTHANASIE

Le dimanche 2 novembre 2008 sera la journée consacrée à la légalisation de l’euthanasie. Hasard du calendrier ou volonté de se réunir en nombre le jour où l’on célèbre les défunts. Comme le soulignait Marie Humbert, dans les 4 vérités du magazine Télématin sur France 2 le vendredi 31 octobre, la loi Leonetti du 22 avril 2005 reste insuffisante car elle n’aide que des personnes en fin de vie, mais pas forcément tous ceux qui souffrent physiquement et psychologiquement alors qu’ils sont encore relativement jeunes et incurables.

Tout le monde se souvient de Marie Humbert, cette femme courageuse et admirable qui a effectué le plus beau geste d’amour qui soit vis-à-vis de son fils Vincent. Le problème est qu’elle porte seule la culpabilité de cet acte, même et surtout avec le non lieu qui n’a eu pour effet que de nier l’évènement.

Marie Humbert et les Associations pour le Droit de Mourir dans la Dignité (ADMD) ou "Faut qu’on s’active" proposent l’ajout d’un amendement "Vincent Humbert" à la Loi Leonetti. Cet amendement porterait sur "l’exception d’euthanasie" qui n’a pas été retenue dans la loi proposée par Jean Leonetti qui n’a certainement pas été totalement impartial pour mener les débats, eu égard à sa fonction de Médecin-Cardiologue qui lutte pour la vie à n’importe quel prix ! Laurent Fabius a d’ailleurs proposé un texte qui va dans le sens de cette exception d’euthanasie.

Si une personne demande l’euthanasie et est d’accord avec le Médecin, cela reste une exception !
Marie Humbert ajoute qu’on a bien mis 30 ans pour avoir une loi sur l’avortement, alors tout espoir n’est pas perdu en ce qui concerne l’euthanasie.

Reste à lutter, sans relâche, car si nous ne choisissons pas de naître gérons au moins une mort douce qui mettra fin à nos souffrances et à notre vie devenue impossible dans l’horreur de chaque seconde. Quel est le but de voir le jour si c’est pour souffrir de maladies invalidantes, nécrosantes qui nous délabrent jusqu’à offrir aux nôtres une image de répulsion. Quel est le but ultime d’un acharnement thérapeutique contre nature ? Les Unités de Soins Palliatifs ne représentent que l’arbre qui cache la forêt, sans aller véritablement au coeur du problème. Certes la personne ne souffre plus grâce aux puissantes drogues et antalgiques administrés... mais l’agonie reste plus ou moins longue et n’empêche pas la famille de constater la déchéance humaine.

Sur un échantillon représentatif de la Société, 9 personnes sur 10 seraient plutôt favorables à l’euthanasie.

Faut-il attendre qu’on nous donne l’autorisation de partir dignement, lorsque nous choisissons d’en finir et qu’en connaissance de cause toutes les autres solutions médicales ou chirurgicales n’apportent plus aucun espoir, lorsque le mal continue de nous ronger tant intérieurement que physiquement... après avoir été brûlé par les rayons et que la chimiothérapie nous fait ressembler à un zombi. Faut-il mettre fin à nos jours par nous-mêmes au risque de se rater ? Nous attendons la solution qui nous permettrait de savoir qu’on peut arrêter la mascarade d’une vie qui n’en est plus une et cela nous permettrait de ne plus avoir peur de la mort, de l’aborder sereinement... comme une étape normale de la vie.

Croyez-vous qu’un être qui souffre puisse assimiler toutes ces questions imposées par la morale ou la religion. Personne n’a le droit de nous interdire cette possibilité et de nous juger pour ce que nous décidons. Ne pas laisser l’individu choisir c’est ne pas respecter son libre arbitre. Chacun doit pouvoir disposer de lui-même devant la souffrance qui ne s’explique pas, car elle est parfois intolérable. La mort est l’unique réponse qui soulagera définitivement l’invincible douleur. Cette mort ne doit plus être un tabou qui nous empêche d’être civilisé. Il n’y a bien que nos sociétés occidentales pour avoir peur de cette mort, qui de toute façon reste inéluctable et n’est qu’une question de temps. Il faut donner à la mort le sens que la vie ne lui donne plus parfois. La mort n’est rien à côté d’une vie faite de souffrances liées à la maladie.

Si personne ne veut avoir le courage de légaliser clairement l’euthanasie... alors dépénalisons au moins ce geste d’amour pour éviter que Médecins et familles se retrouvent accusés d’assistance au suicide, voire de crime, devant la Justice.