Quand Barack Obama vire à Droite

Quand Barack Obama vire à Droite

Les campagnes électorales sont avant tout faites pour séduire les citoyens, aux États-Unis comme partout ailleurs ! Si mercredi soir sur les 4 chaînes publiques de télévision, le spot télévisé du candidat démocrate visait à renouveler l’engagement de Barack Obama pour réformer le système de santé américain, sérieusement mis à mal par l’Administration Bush depuis le début du millénaire, les élus et les soutiens de campagne du sénateur de l’Illinois savent bien que le retour au programme social réalisé par le successeur de John F. Kennedy n’est pas tenable en l’état actuel de la situation financière.

Plus de 5 millions de dollars est le budget consacré par le bureau démocrate de campagne à cette seule soirée de mercredi, en vue d’aborder gonflé à bloc la dernière ligne droite des élections présidentielles américaines. Les téléspectateurs ont ainsi patienté pour voir la finale des World Series opposant l’équipe de base ball des Phillies, en rouge, et les Rays, de Tampa Bay, tout en blanc… Contre toute attente, ce sont les joueurs de Philadelphie qui l’ont emporté 4 manches à 3, apportant la preuve que la position de favori n’est pas forcément un gage de réussite.


L’équipe de campagne de Barack Obama est depuis 15 jours à la tâche pour évaluer les causes et l’ampleur de la crise financière, craignant que les milliards de dollars de fonds publics investis pour résorber la crise des marchés ne le soient en pure perte. Ce serait pour les démocrates non seulement la fin de toute idée de réforme sociale, mais plus encore, l’amère déception d’aborder la prochaine législature contraints et forcés de baisser pavillon devant les exigences des milieux d’affaires.


La priorité est déjà au retour à l’épargne des ménages afin de restaurer les fonds propres des banques. L’aile conservatrice du parti de l’âne est obnubilée par le milliard de milliards de dollars de déficit public accumulé depuis des lustres. Beaucoup d’élus considèrent que l’argent que Barack Obama souhaite consacrer à son programme ambitieux n’est tout simplement pas là, écrit le Wall Street Journal. Ils pourraient s’allier aux républicains grâce à des commissions bipartisanes au Congrès pour faire échouer le plan de santé publique mis en avant durant la campagne électorale démocrate.

Les dessous de la campagne démocrate enfin dévoilés


Comme le souligne Le Monde à la Une de son édition du jour, des secteurs qui étaient les piliers du financement républicain ont rééquilibré leurs dons. Les 605 millions de dollars collectés pour la victoire du sénateur de l’Illinois supposent des engagements plus sérieux qu’envers le citoyen lambda. S’engager dans la bataille avec les meilleures chances de gagner suppose un coût, parfois disproportionné par rapport au terrain conquis.


On ignore encore combien les 30 minutes de publi-reportage ont rapporté à Davis Guggenheim, le réalisateur du film documentaire d’Al Gore : Une Vérité qui Dérange, récompensé par un Oscar en 2007 à Hollywood. L’équipe de campagne de Barack Obama a dépensé 3 fois plus d’argent que les républicains à la télévision en publicité. Depuis un bon moment, des lobbies industriels et financiers côtoient les soutiens intellectuels et artistiques traditionnels du chantre du changement pour l’Amérique.


Le gros des troupes démocrates au Congrès adopte un point de vue pragmatique : elles sont pour un programme progressiste, mais répugnent à aller trop vite et trop loin, poursuit le Wall Street Journal. Elles souhaitent que le président des États-Unis qu’elles appellent de leurs vœux confirme rapidement quelques actions stimulantes pour l’économie, assorties d’une extension de l’aide à l’enfance pour la santé, financée par une augmentation des taxes sur le tabac, mais c’est tout !


À quoi sert de gagner pour ne rien pouvoir faire ensuite ? se demandent les représentants du peuple démocrates, qui songent déjà aux élections de mi-mandat… Le chef de cabinet de la Maison-Blanche au temps de Bill Clinton réfléchit à une stratégie plus efficace que celle qui a prévalu pour les démocrates depuis 1996. Des pourparlers se sont engagés avec certains républicains, en vue d’aborder une législature consensuelle, alors que d’autres ont carrément tourné le dos à John McCain pour soutenir le candidat adverse. Le retour du camp Clinton est forcément aussi celui de l’orthodoxie démocrate, et le soutien que l’ancien président apporte à Barack Obama est vu par beaucoup à l’aune de l’aile conservatrice du parti de l’âne. Il accompagnait le candidat à la tribune d’une réunion électorale en Floride, l’un des swing states, au moment même où les téléspectateurs regardaient ce dernier sur leur petit écran.


Que penser maintenant des engagements de Barack Obama devant les électeurs américains ? Flanqué de la bannière étoilée, assis dans une pièce ressemblant au bureau ovale, le sénateur noir affirme avec force à la télévision : on parle des mêmes problèmes depuis des décennies et rien n’est jamais fait pour les résoudre ; au cours des 20 derniers mois, je n’ai cessé de rencontrer des Américains souhaitant des changements réels et durables qui feront une différence dans leur vie. Il apparaît à l’heure actuelle de moins en moins certain que le changement espéré par les citoyens les plus endettés du monde soit réellement à l’ordre du jour.


Il a promis de créer 5 millions d’emplois, de relancer l’industrie de l’automobile, d’en finir avec la guerre d’Irak et d’utiliser les milliards de dollars qui y sont engloutis chaque mois pour construire des écoles et des hôpitaux pour les Américains. Mais Barack Obama les a prévenus mercredi soir : je ne serai pas un président parfait, a-t-il déclaré, mais je vous promets d’être toujours honnête… Ça commence bien !

 

 


La tendance est au noir, mais dans tous les États,
Un sens inné du mieux possible est fait d’absence
Dans la campagne, et tous n’en ont pas connaissance
Car leurs élus n’ont pas produit les noirs constats…


Pour faire affaire, on doit donner des résultats,
Mais prendre garde à bien garder un peu d’essence,
Ou sinon gare au grand trou noir de la puissance
Qui vire au rouge et aux erreurs des potentats !


Tout le monde est au fait que l’effet des promesses
N’est pas un gage après, d’aller dans les kermesses
Et d’ailleurs, bien souvent, notre espoir est déçu.


Nous aimons les discours des tribuns en campagne,
Mais quand ils font tout un programme à notre insu,
C’est l’électeur, toujours, qui se retrouve en pagne !