« CHAIR AMIE » de LAURENT BENAIM MUSEE de L‘ EROTISME PARIS (Interview)

« CHAIR AMIE » de LAURENT BENAIM MUSEE de L‘ EROTISME PARIS (Interview)

Par ces temps aux avis tiédis d’un point de vue artistique, voici enfin Laurent Benaïm,
un artiste pour lequel le bouche à l’oreille oscille entre celles et ceux qui vous le recommandent chaudement, et les autres qui sont demeurés froids au contact d’une recherche photographique fortement intime et sexuelle.

Contemporaines,les oeuvres originales de Laurent Benaïm s’ apparentent à un joli pied de nez aux travers d’une société qui surfe sur la sexualité au moindre prétexte marketing !
Ainsi loin des clichés,l’ exposition intitulée « CHAIR AMIE » délivre un scoop éloigné de toute hypocrisie à prendre ou à laisser, révélant officiellement la luxure avec pour interprètes toutes formes de silhouettes, de genres, et de fantasmes !!

Autre révélation à la clef de cette exposition, l’utilisation rare de la gomme arabique qui inscrit la démarche artistique de Laurent Benaïm entre photo et peinture.
La texture rejoint alors l’effet de la thématique, elle nous trouble….

Au cours de l’exposition, on s’interroge parfois, sur la « forme » entre photographies ou peintures alors effectivement pourquoi avoir choisi la gomme arabique ?

C’est un choix indépendant pas du tout fortuit. Avant de découvrir la gomme, j’ai toujours recherché des procédés pour altérer l’image photographique en intervenant sur les négatifs, j’inscrivais ma recherche dans la volonté d’atténuer l’état brut photographique.

Comment expliquer que ce procédé est si peu répandu ?

Il s’agit d’une vraie « recette artistique » dont la formule est fluctuante. On peut maîtriser quelque peu, mais il s’agit à chaque fois de réussir à associer trois ingrédients instables, la gomme arabique, le bichromate de potassium et les pigments avec des facteurs comme le taux d’humidité variable et le papier dont la sensibilité varie aussi toujours quelque peu.

Parmi vos fans, certains préfèrent les séries colorées au noir ?

Avec la gomme, les couleurs envisageables avec l’ajout de pigments sont le Bleue de Prusse,
l’ Ocre rouge,le Terre de Cienne, ou les Terres Calcinées ou Brûlées. Actuellement, je travaille plus exclusivement sur le noir pour explorer les contrastes.

Le procédé s’impose comme un voile « pudique » sur des prises de vue à l’impudeur réjouissante ?

Effectivement, la gomme habille mes photos et probablement ce fût la bonne formule pour accompagner mes premiers nus. Ceci dit, j’avais paré de gomme une série de portraits ethnographiques pour la galerie NO en 1998 avant de m’inscrire dans ma thématique actuelle.

Comment se déroulent vos prises de vue au réalisme épanouie particulièrement intime ?

Alors que je ne suis pas très à l’aise pour participer à une soirée mondaine, les rencontres avec mes modèles sont très spontanées, une première prise de contact offre à chacun la possibilité de parler en toute liberté pour savoir ce qu’elles ou ce qu’ils désirent mettre en scène ou pas.

Si on prétend que votre travail est pornographique qu’en pensez-vous ?
Je peux comprendre que cela dérange mais je ne sais pas si la pornographie est clairement définie ? Personnellement, quand la « situation » est figurée ou suggérée, du style une jeune femme dans une pose suggestive collée à un bellâtre, c’est pour moi beaucoup plus grossier que de considérer la réalisation bien réelle de l’acte.

Quelles frontières pourraient ne pas êtres franchis au cours de vos prises de vues ?

Je ne sais pas puisque je n’ai aucun jugement sur les pratiques sexuelles concernant des adultes responsables. Je ne mets aucunement en scène mes propres fantasmes, mais ce qui m’intéresse c’est de capturer le lâcher prise, de rencontrer l’humain au paroxysme du plaisir pour conduire à l’extraordinaire. Mes modèles sont représentatifs de femmes et d’hommes qui en parallèle d’une vie active et sociale bien remplie s’équilibre du fait par exemple de revêtir un costume associé à une séance de soumission. Libre à chacun d’interpréter ce qui démontre selon moi une forme de liberté et de jouissance ludique permettant d’ explorer « l ’ ’Humain ».

Par conséquent quelle est la motivation de vos modèles à témoigner de leurs nudités et de leurs pratiques sous votre objectif ?

Il existe deux cas de figure avec mes modèles qui ne sont pas exclusifs. La prise de vue est une exhibition au regard du photographe et participe alors effectivement à leurs fantasmes,. Mais pour beaucoup, ils épousent ma démarche artistique au point de me recontacter pour de nouvelles propositions.

Avec le temps, vous semblez toujours aussi enthousiasme pour inscrire votre démarche si personnelle ?

Mon travail me comble pleinement. La prise de vue est une étape agréable importante, puis la vraie jubilation c’est l’application de la gomme en souhaitant que la formule ne m’échappe pas.
Et si j’obtiens les bons contrastes et si l’image raconte une vraie histoire ou révèle un véritable instant précieux, elle existe alors.

A Partir du 23 Octobre 2008 – 23 Janvier 2009
« CHAIR AMIE » de LAURENT BENAIM MUSEE de L EROTISME PARIS
72 Boulevard de Clichy
75018 PARIS