Consommation de viande chevaline : les bienfaits d’un aliment controversé

Riche en atouts nutritionnels, la viande chevaline est très prisée
par une large catégorie de citoyens. Celle des individus atteints
d’anémie, ou qui, contraints à suivre une sévère diète, excluent, de
ce fait, tout aliment riche en gras.

En effet, cette viande peu grasse, riche en fer héminique et en
vitamines, est préconisée dans les cas d’anémie sévère. De nombreux
médecins prescrivent en plus du traitement spécifique pour l’anémie
une hygiène alimentaire saine, mais surtout à base de produits
alimentaires riches en fer. En ce sens, la viande chevaline est la
plus riche.

Les vertus incontestables de la viande chevaline sont reconnues par de
nombreux médecins qui n’hésitent pas à la conseiller à leur patients
atteints d’anémie, et ce, en vue de faire équilibrer leur formule de
fer.

Pour le Dr Ouagenoune, généraliste, « la viande chevaline associe
diététique, santé et vitalité. Il est vrai qu’elle n’est pas
massivement consommée, comme les autres types de viandes, mais elle
reste très bénéfique pour l’organisme vu ses atouts nutritionnels
considérables ».

Cette viande est préconisée, indique-t-elle, dans les cas d’anémies
sévères dans lesquels le traitement pharmacologique ne suffit pas à
lui seul. Une alimentation riche en fer s’impose alors. De ce fait, la
spécialiste conseille à ses patients de consommer de la viande de
cheval (plus de 3 mg de fer pour 100 g). Ce fer, ajoute-t-elle,
d’origine héminique, offre l’avantage d’être bien assimilé par le
corps, à l’inverse du fer non héminique présent dans les végétaux, les
œufs et les produits laitiers. « La viande chevaline est donc un
aliment privilégié pour les femmes, les séniors, mais aussi les
enfants et les adolescents soucieux de leur alimentation. »,
poursuit-t-elle. Mis à part ses vertus sanitaires, la viande chevaline
est aussi, de l’avis de nombreux consommateurs, délicieuse et
particulièrement facile à cuire.

Cependant, les grands consommateurs de cette viande savent
pertinemment qu’ils ne peuvent pas la trouver chez n’importe quel
boucher. En effet, cette viande n’est commercialisée que chez le
boucher chevalin. Les points de vente de la viande chevaline ne sont
donc connus que par les grands clients. Les plus réputés sont situés à
Hussein dey, à Belcourt, à El Harrach et à Alger centre.
Des points de vente distincts

Mohamed, boucher chevalin, nous a expliqué que le travail de la viande
chevaline n’est pas le même que celui d’une autre viande et c’est pour
cette raison qu’elle n’est pas disponible chez tous les bouchers.
« Personnellement, je vends la viande chevaline depuis plus de dix ans
et je peux vous confirmer qu’elle est très prisée. En steak ou en
viande hachée, mes clients viennent faire leur commande au cours de la
semaine car elle n’est disponible, chez moi, que les dimanche eu égard
à sa rareté. Le kilo est vendu à 560 DA », nous renseigne-t-il.
« Tous les dimanches, une grande affluence sur ce boucher chevalin,
dont le magasin est situé à Hussein Dey, est constatée. Anémiques ou
pas, quelques clients ont trouvé goût à cette viande tendre, riche en
vitamines et surtout rapide à la cuisson », confie-t-il.
Farida, la trentaine dépassée, avoue être une grande consommatrice de
viande chevaline. « Depuis que j’ai découvert que je souffrais
d’anémie, je n’ai plus hésité à en prendre. Même si certains ont tenté
de me dissuader arguant l’interdiction religieuse de la consommation
de cette viande », révèle-t-elle.
Karima, quant à elle, affirme avoir des réticences vis-à-vis de la
consommation de cette viande. Bien qu’elle soit atteinte d’anémie
sévère et qu’elle connaisse tous ses avantages, elle refuse de la
consommer.

Viande chevaline : licite ou pas ?
Désirant connaître le point de vue de la religion sur la consommation
de la viande chevaline, Cheikh Abdelhamid, imam, questionné à cet
effet, nous explique qu’il n’y a aucun mal, du point de vue islamique,
à manger de la viande de cheval, mais à condition que l’animal soit
abattu selon le rite islamique.

A ce propos, notre interlocuteur s’appuie sur une multitude de hadiths
stipulant en effet que la consommation de viande de cheval est licite.
Il évoque le hadith de Asmâ’ Bint Abî Bakr qui dit : "Au temps du
Prophète, nous avons égorgé une jument et l’avons mangée". Cependant,
M. Abdelhamid insiste sur le fait que chez d’autres imams, cet acte
est répréhensible mais qu’il n’atteint pas le degré de la prohibition.
Ils fondent leurs arguments sur un hadith dans lequel le Prophète
interdit à ses Compagnons de manger des chevaux, des mules et des
ânes. Ils citent également le verset suivant où Dieu dit : "Il a créé
pour vous les chevaux, les mules et les ânes pour que vous les montiez
et pour l’apparat. Et il crée ce que dont vous n’avez aucune
connaissance. ».

Si les points de vue des religieux divergent sur la question, la
consommation de la viande chevaline demeure, enfin, de l’avis de
nombreux médecins et consommateurs, une alternative sanitaire
extrêmement avantageuse pour les personnes souffrant d’anémie.