Histoire : LES DERNIERS JOURS DES ROMANOV…

Histoire : LES DERNIERS JOURS DES ROMANOV…

Démembrés, dispersés, brûlés et enterrés, les restes des derniers Romanov demeureront introuvables jusqu’à la chute de l’URSS, donnant cours aux plus folles rumeurs… Luc Mary, écrivain et historien, se penche sur l’actualité la plus brûlante des Romanov tout en esquissant les contours à la fois tumultueux et tragiques d’une des périodes les plus fascinantes de l’histoire de la Russie.

Ouvrage historique passionnant, ces DERNIERS JOURS DES ROMANOV aborde parallèlement deux grands mouvements : d’une part, un survol généraliste mais très précis des événements ayant contribué à la chute du régime tsariste ; d’autre part le récit détaillé – et parfois poignant – des quinze derniers mois de captivité des Romanov en divers lieux (Tsarskoïe Selo, Tobolsk, Ekaterinbourg). Luc Mary, au fil de 253 pages, nous fait pénétrer dans cette Russie en ébullition du début du XXe siècle, peuplée d’hommes phares : Stolypine, Kerenski, Lénine, Raspoutine, Trotski…

Plantés dans leur décor de palais hermétique et dans un environnement de ferveur religieuse trouble, le tsar Nicolas II et la tsarine Alexandra paraissent bien anachroniques : le premier, bon père de famille et homme doux mais entêté, manquant de souplesse et de lucidité dans un monde qui bouge ; la seconde, femme influençable et bigote, sous la coupe d’un mauvais génie, Raspoutine. Pour compléter le tableau, quatre grandes duchesses élevées dans un vernis culturel des plus cosmopolites et un tsarévitch, frappé d’hémophilie.

L’auteur nous évoque donc cette Russie traversée de spasmes, tentant d’éclaircir ce grondement qui touche toutes les couches de la société et qui va bientôt emporter comme un fétu de paille ce régime tsariste honni. Paysans en colère, petits-bourgeois frustrés, ouvriers sans travail gonflant dans les grandes villes le rang des mécontents, vite rejoints par les soldats dont Mary nous évoque les surprenantes (voire incroyables) conditions de vie.

FATALITE est sans doute le maître mot de ce début de siècle : la guerre russo-japonaise, les mutineries et famines, le massacre de 1905, l’assassinat de Stolypine (qui avait amorcé des réformes), tout semble contribuer à la chute d’un régime désormais sans réel soutien. L’entrée en guerre de la Russie contre l’Allemagne de Guillaume II (un cousin de Nicolas II !) scelle le destin des Romanov, désormais « trimballés » à travers la glaciale Sibérie. Ces derniers durant leur captivité, soudés et finalement très courageux, semblent se résigner à leur sort.

Comme dans une tragédie de la Grèce antique, un des membres de la famille (Alexandra) pressent sa mort. « L’ange approche », écrit la tsarine dans son journal intime, soit un mois avant sa mort. Dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918, les membres de la famille impériale sont massacrés dans une minuscule pièce (certains à coups de baïonnettes) puis brûlés et jetés dans un puits d’une forêt. Ce n’est que…. le 22 janvier 2008, grâce à l’ADN que l’un des derniers mystères sur la mort des Romanov est enfin éclairci !

Luc Mary, LES DERNIERS JOURS DES ROMANOV, éditions de l’Archipel, 2008. Prix : 18, 95 euros