Ma Compagnie ne connaît pas la Crise

Ma Compagnie ne connaît pas la Crise

Alors que les têtes commencent à tomber à cause de la crise des marchés, l’actualité des entreprises devrait voler la vedette aux péripéties de la crise financière avec la publication les jours prochains des résultats des sociétés pour le 3ème trimestre. Avec un baril de pétrole à la hausse jusqu’au début de l’été, avec des pointes record à plus de 140 dollars, les compagnies pétrolières vont à nouveau pouvoir afficher leur santé insolente.

La 1ère à communiquer sur le sujet est le géant russe Gazprom, dont le président du conseil d’administration n’était autre que Dimitri Medvedev jusqu’en mai dernier, lorsqu’il est devenu président de Russie ! Le groupe escompte 30 milliards de dollars de bénéfice net en 2008 contre 24 milliards de dollars l’année précédente, a fait savoir à la télévision Alexeï Miller, le P-DG de la compagnie : s’agissant du montant de notre revenu annuel, nous obtenons des chiffres astronomiques ! Je peux dire qu’à l’issue de l’année 2008, notre recette sera d’environ 100 milliards de dollars, et notre bénéfice net se chiffrera à 30 milliards de dollars.


Et la crise ? Pour le géant qu’est Gazprom, la crise financière n’est pas un facteur déstabilisant : nous nous sentons très sûrs de nous. À l’heure actuelle, Gazprom travaille dans des conditions de prix très favorables pour la holding. L’ère du pétrole et du gaz bon marché est terminée… Malgré la crise financière, les prix des hydrocarbures resteront élevés. Et selon des experts et des spécialistes, ils ne feront que s’accroître, a claironné Alexeï Miller.


Pour la plupart des entreprises, même les plus puissantes, le soutien des banques est cependant essentiel, ne serait-ce que pour couvrir une bonne trésorerie. C’est aussi le cas de Gazprom, bien sûr, mais il semble qu’en dépit de la crise des liquidités, le géant russe, à la différence de la plupart des autres compagnies, affiche un bon flux monétaire. C’est la raison pour laquelle la situation financière de Gazprom est stable ; dans les conditions de la crise bancaire, de la crise sur le marché des crédits, les banques se bousculent pour accorder des crédits à Gazprom. Pourtant, le groupe possède des ressources financières considérables, et nous sélectionnons scrupuleusement nos partenaires, a-t-il précisé.

Les compagnies pétrolières conservent une belle santé


Le prix du baril de pétrole est toutefois affecté par la crise financière actuelle et la débâcle des établissements financiers américains. Un possible ralentissement économique mondial et la baisse consécutive de la demande de matières premières ont entraîné les cours à la baisse. Les géants du pétrole ont établi leurs prévisions annuelles aux alentours de 90 dollars pour un baril.


L’envolée des cours du pétrole depuis le début de l’année explique les excellents résultats des principales compagnies pétrolières durant le 2ème trimestre. Le profit de Royal Dutch Shell a bondi de 33% à 11,5 milliards de dollars (7,32 milliards d’euros) et son chiffre d’affaires de 55% à 131 milliards de dollars. L’activité d’ExxonMobil s’est accrue de 40% (à 138 milliards de dollars) pour un bénéfice en hausse de 14% (à 11,68 milliards de dollars). Mêmes tendances pour British Petroleum (BP), dont le chiffre d’affaires augmente de 49% (à 110 milliards de dollars) et le bénéfice net de 28% (à 9,4 milliards de dollars).


Les performances du français Total n’échappent pas à ce mouvement. Sur le premier semestre, son chiffre d’affaires progresse de 21% à 92,4 milliards d’euros pour un résultat en hausse de 29%, à 8,33 milliards d’euros. Pourtant, si le résultat opérationnel des activités comme l’exploration et la production de gaz et de pétrole progresse, celui des activités en aval, raffineries et stations-service, recule de 39% du fait d’une moindre consommation de carburant. La timide baisse des prix à la pompe peut-elle se confirmer ?


D’après l’Agence Internationale de l’Énergie, la demande mondiale de pétrole ne devrait progresser que de 1% en 2009. Cette augmentation représente un ralentissement après la hausse de 1,1% en 2008 et de plus de 2,5% entre 2003 et 2004. Cette évolution résulterait essentiellement d’une demande réduite en provenance des États-Unis. D’autre part, le développement des compagnies pétrolières est limité par un regain de nationalisme, en Russie, au Venezuela et en Iran, qui se traduit sur le marché pétrolier.


Après avoir investi 258 milliards de dollars dans des projets pétroliers au cours des 3 dernières années, les prospecteurs trouvent aujourd’hui moins de pétrole qu’ils n’en produisent. En 2007, aucun d’entre eux n’a réussi à renouveler la totalité de ses réserves et la situation devrait se prolonger en 2008. C’est pourquoi les compagnies se sont trouvées contraintes de partager les ressources avec des entreprises nationales, en créant des holdings pétroliers. Par exemple, le russo-britannique TNK-BP a enregistré un bénéfice net de 4,72 milliards de dollars au premier semestre 2008, multiplié par 2,2 par rapport à la même période 2007. Son chiffre d’affaires a augmenté de 62,6% à 24,91 milliards de dollars.

Des solutions envisagées pour faire face à tous les déboires


Les actionnaires de la société pétrolière détenue à part égale par BP et trois milliardaires russes ont cependant réglé en septembre un long conflit qui avait opposé des mois durant les propriétaires russes et la compagnie britannique. TNK-BP avait dû aussi faire face à toutes sortes de tracas judiciaires portant en particulier sur le respect du code du travail et des problèmes de visa pour ses collaborateurs étrangers.


Si les relations internationales ont un retentissement sur l’activité des compagnies pétrolières, le mouvement baissier causé par la crise des marchés n’a pas été freiné par une nouvelle attaque contre une installation de Shell au Nigeria, par les dégâts causés par l’ouragan Ike aux infrastructures pétrolières, ni par les incertitudes sur la situation politique en Géorgie et en Iran. Les prix du baril de pétrole ont rebondi vendredi à New York, après être tombés sous les 70 dollars, les investisseurs anticipant une réduction de la production de l’Opep lors de sa réunion d’urgence convoquée la semaine prochaine.


Sur le New York Mercantile Exchange, le baril de light sweet crude pour livraison en novembre a fini à 71,85 dollars, en hausse de 2,00 dollars par rapport à la clôture de jeudi. À Londres, le baril de brent pour livraison en décembre, dont c’était le premier jour de cotation, a gagné 3,28 dollars à 69,60 dollars. Après avoir chuté de près de 9 dollars en deux séances, les cours sont remontés en réponse à la convocation d’une réunion d’urgence de l’Opep, déclare un expert.


L’Organisation des pays exportateurs de pétrole a avancé à vendredi une réunion d’urgence initialement fixée au 18 novembre, parce que le baril est tombé jeudi dernier sous les 70 dollars à New York, au plus bas depuis août 2007. Les prix ont été divisés par plus de deux depuis le mois de juillet. Il y a le sentiment que la production va être réduite d’environ un million de barils par jour, observe-t-on dans les mieux pétroliers. Confirmant cette idée, les ministres de l’Énergie du Qatar et de l’Iran ont estimé que le cartel devrait décider de réduire sa production de brut d’au moins un million de barils par jour.


Globalement, le marché reste plombé par les interrogations sur la demande, a relevé le même expert. Selon les statistiques du département américain à l’Énergie, sur les 4 dernières semaines, la consommation des Américains en produits pétroliers a baissé de 8,9% comparé à un an plus tôt. Rien que depuis l’été, la consommation a encore reculé de 500.000 barils par jour. Et le déclin est visible également dans certaines parties de l’Asie et en Europe, qui subissent de plein fouet le ralentissement économique. Il vaut mieux être roi du pétrole que banquier en ce moment, mais sûrement passer faire le plein à la station service !

 

 


Les cours sont au plus bas, et ce n’est plus l’orgie
Que nous avons connue avant la crise : aux cœurs
Vaillants, rien d’impossible ont rêvé les vainqueurs
Qui ont pour eux sans craindre un os, leur énergie !


Leur pouvoir reste au mieux question de stratégie :
Garder quand même un peu la main sur les liqueurs
Dont le monde a besoin pour tourner hors les chœurs,
Sans eux et leur pétrole, on n’a que la bougie…


Nous leur donnons sans cesse et vite un lourd tribut
À la pompe en sachant aussi qu’ils n’ont qu’un but :
L’argent remplace un peu de sueur à si bon compte !


Le puits paraît sans fond et sort toujours plus cher
Un alcool pour lequel on ne tient plus l’escompte,
La Terre a dû puiser nos bonheurs dans sa chair…