Les Banques françaises touchées par la Crise financière

Les Banques françaises touchées par la Crise financière

Contrairement à ce qu’avait claironné la semaine dernière le ministre de l’Économie Christine Lagarde, l’État va bel et bien participer au financement de plusieurs banques françaises, en mettant en place un guichet de la honte, ainsi que l’a fait savoir le quotidien de référence à l’issue du Conseil des ministres de lundi.

La plupart des responsables politiques et financiers se sont déclarés soulagés par les mesures prises par les gouvernements européens, et des quelque 200 milliards d’euros qui seront consacrés à fournir au secteur bancaire la trésorerie qui leur fait défaut. La garantie apportée par les États doit s’élever à 1.780 milliards d’euros pour garantir les prêts que les banques s’accordent entre elles, mais il s’agit pour le moins d’inciter celles-ci à dépasser leurs craintes, et il y a peu à miser sur un engagement réel des pouvoirs publics à ce niveau-là, dans la mesure où ils ne pourraient pas débloquer une telle somme dans un court laps de temps.


La Grande-Bretagne a pris les devants en débloquant d’ores et déjà 47 milliards d’euros. Royal Bank of Scotland devrait recevoir jusqu’à 26 milliards d’euros, dont l’État pourrait détenir jusqu’à 60% du capital après l’actuelle levée de fonds. Les groupes Halifax Bank of Scotland (HBOS) et Lloyds TSB recevraient ensemble jusqu’à 21 milliards d’euros, permettant au gouvernement d’acquérir 43,5% de la future entité HBOS-Lloyds TSB. La garantie interbancaire s’élève à 321 milliards d’euros. Au Royaume Uni et sur le continent, la banque la plus sûre et la mieux notée demeure HSBC (Hong-Kong & Shanghai Bank).


L’Allemagne a prévu 480 milliards d’euros pour venir à la rescousse de ses banques, et s’engage à intervenir dans les capitaux bancaires à hauteur de 80 milliards d’euros. Hypo Real Estate est sur les rangs depuis la semaine dernière, mais le gouvernement d’Angela Merkel se fait également beaucoup de soucis pour la Deutsche Bank, l’établissement le plus important du pays et le 7ème au niveau européen ! Mais sa politique de croissance externe serait arrivée au point de non-retour.


Christine Lagarde l’avait affirmé haut et fort le 29 septembre : nous avons toutes les raisons de penser, compte tenu du rôle que joue la commission bancaire dans l’examen de la situation de toutes les banques qui sont soumises à sa régulation, que le système est solide ! L’État français se montre aujourd’hui le 3ème au niveau des garanties apportées au secteur bancaire, ainsi que de celui de l’écot qu’il propose d’apporter dans l’opération de recapitalisation qui s’annonce également en France. Sur les 400 milliards d’euros qu’il apporte en garantie, 40 y seront consacrés. Bien que notre ministre de l’Économie affirme encore que les banques françaises sont parmi les plus capitalisées de l’ensemble de la zone euro, un établissement de renom est en ligne de mire.

La Société Générale à nouveau dans la Tourmente


Le public connaît depuis une semaine les difficultés de Natixis, du groupe Caisses d’Épargne-Banque Populaire, et de Dexia, désormais sortis de la zone rouge. Les milieux de la finance ont cependant de grandes craintes en ce qui concerne la Société Générale, dont tout le monde a eu vent des défauts en matière de gestion du risque, et qui se trouve en plus fragilisée par sa filiale russe RosBank, dont elle détient 60% des parts. L’action de la Société Générale, qui a perdu à un moment plus de 15% lundi, a été réservée à deux reprises à la baisse. Les milieux autorisés font état d’un besoin d’argent frais à hauteur de 10 milliards d’euro… Enfin, d’aucuns prétendent que l’affaire Kerviel pourrait révéler des malversations suite à la crise des subprimes.


La palme de la mauvaise foi revient cependant à un tenant de la haute finance internationale, puisque Dominique Strauss-Kahn a déclaré que le pic de la crise est peut-être derrière nous. Le cours des évènements nous ont pourtant enseignés que les déclarations des uns et des autres nous sont à prendre à contre-pied, mais ils semblent persister à donner le change…


Les pouvoirs publics ne sont pas plus épargnés que le secteur bancaire marchand : la Caisse des Dépôts et des Consignations a dégagé au premier semestre un résultat net de 731 millions d’euros, en recul de 57% sur un an. La forte baisse des marchés boursiers a réduit de manière significative les gains latents sur les portefeuilles actions qui sont ainsi passés de 8,8 milliards d’euros à 4,2 milliards au 1er trimestre 2008. L’établissement a dû passer aussi pour 481 millions d’euros de provisions à caractère durable pour dépréciations de son portefeuille d’actions. De ce fait, la contribution du seul pôle Caisse des Dépôts au résultat net consolidé est en repli de 67%. Et c’est bien entendu à lui que revient de contribuer au plan gouvernemental de financement des banques françaises ! Heureusement que François Fillon nous affirme que les Français n’y seront pas de leur poche…

 

 


C’est pour donner le change et pour gagner du temps
Qu’ils nous ont présenté en chœur un beau mirage
Dans l’espoir vain d’offrir un dos rond sous l’orage,
Ou simplement d’attendre un redoux au printemps !


Les avons-nous choisis pour nous vendre à mi-temps
Des bobards sans vergogne ? Il faut voir leur courage
Et leurs yeux révulsés quand leur corps fait barrage
À la peur d’un bon peuple idiot depuis longtemps…


Nous laissons bien palais, honneurs, rouler carrosse
Au plus beau des menteurs, et qu’il ne soit pas rosse,
Gageons qu’il lui revient le plus méchant des lots !


Car nous aimons bien voir tous nos savants ministres
Sans cesse et sans pudeur passer pour des charlots,
En nous donnant pour faux les bruits les plus sinistres.