L’Atelier du Monde est prêt à racheter la Planète

L'Atelier du Monde est prêt à racheter la Planète

Alors que les chefs d’État et de gouvernement de la zone euro se sont mis d’accord à Paris pour se débrouiller chacun de leur côté, que les Américains ont réservé une confiance limitée au plan Paulson, les communistes chinois sont prêts à mettre les bouchées doubles en vue d’assurer à la Chine la suprématie économique sur le monde de demain.

La crise est entrée dans une nouvelle phase tumultueuse en septembre 2008, qui a pesé négativement sur la confiance dans les institutions financières et les marchés mondiaux, souligne l’institution dirigée par Dominique Strauss-Kahn. Le FMI prédit la récession aux États-Unis, dont le PIB devrait augmenter de 1,6% cette année mais de seulement 0,1% en 2009, avec probablement deux trimestres de décroissance fin 2008-début 2009. La zone euro ne devrait guère mieux faire, avec 1,3% cette année et 0,2% l’année prochaine. Dans le panorama établi par le Fonds, 2009 sera une année de croissance quasi-nulle en France, nulle en Allemagne ou négative en Espagne, en Grande-Bretagne, et en Italie.


Les pays en développement tireraient donc à eux seuls la croissance mondiale, la Chine en tête, avec 9,3%, même si la crise financière est en train d’affecter de manière croissante les marchés émergents également, selon l’économiste en chef de la Banque mondiale, le Chinois Justin Lin. Mais la Chine peut surmonter la crise financière actuelle, la plus importante depuis la Grande Dépression dans les années 1930, a-t-il fait remarquer devant la presse, en marge des réunions annuelles du FMI. Je pense que la Chine est sans doute capable de surmonter la crise mieux que d’autres pays en développement, a indiqué Justin Lin, qui a été nommé en février vice-président de la Banque mondiale.


Premièrement, la Chine détient d’importantes réserves de devises ; deuxièmement, la Chine pratique le contrôle des capitaux, donc elle peut s’isoler et bâtir un rempart contre la contagion, a-t-il expliqué. Et troisièmement, la Chine connaît une situation fiscale très favorable, ayant enregistré durant les quatre dernières années d’importants surplus fiscaux, a-t-il ajouté. Cette situation favorable permettra à la Chine de limiter les effets de la crise en stimulant le marché intérieur par l’investissement, a indiqué le premier économiste en chef de la Banque mondiale à être issu d’un pays en voie de développement.


Les forfanteries des managers de l’atelier du monde pourraient prêter à sourire si elles n’étaient justifiées par la toute nouvelle puissance chinoise. À la mi-septembre, le fonds souverain chinois China Investment Corp. était approché par le courtier américain Morgan Stanley qui cherchait de l’argent frais pour avaler la banque Wachovia, juste avant qu’elle ne révèle l’étendue de ses difficultés. Le fonds chinois était entré au capital de Morgan Stanley en décembre 2007, et pourrait prochainement porter sa participation de 9,99% à 49%. Peer Steinbrück, ministre allemand des Finances, a brisé un tabou il y a quinze jours, en prédisant que les États-Unis allaient perdre leur statut de superpuissance du système financier mondial, qui va devenir multipolaire. Dans un éditorial publié dans The Observer, le politologue John Gray estime que nous vivons un tournant géopolitique historique, dans lequel l’équilibre des pouvoirs sur la planète est irrévocablement modifié. L’ère de la domination américaine commencée avec la Seconde Guerre mondiale est terminée.

La Chine est appelée à jouer un rôle dans la crise financière


Une liste des entreprises chinoises payant le plus d’impôts a montré un déséquilibre entre les différentes régions du pays et une grave dépendance envers l’industrie lourde ! Selon le classement publié par le Bureau d’État des Affaires fiscales et la revue China Taxation Magazine, parmi les 500 premières entreprises qui ont payé le plus de taxes l’année dernière, 359 se situent dans l’est de la Chine, alors que seules 83 sont dans le centre du pays, et 58, à l’ouest. Ce sont aussi les entreprises d’État qui paient les plus d’impôts.


Au total, 305 d’entre elles font partie des 500 1ères entreprises, contribuant à près de 90% des revenus fiscaux. Les industries lourdes, notamment celles qui sont spécialisées dans l’industrie lourde chimique, se trouvent en tête du classement. Arrivent ensuite les industries du pétrole et du charbon, suggérant une trop forte dépendance du développement économique chinois par rapport à la production de biens de consommation. Un tel constat est propre à renverser tous les lieux communs relatifs à la structure économique de l’Empire du Milieu…


Au moment de définir un nouvel ordre mondial, les réponses claires manquent, et une majorité d’experts pensent que les États-Unis vont continuer à dominer la scène, ne serait-ce que par inertie. Ils ne pourront cependant plus le faire seuls. La liste des plus grosses fortunes du monde compte moins d’Américains que dans le temps et des Russes, des Indiens ou des Mexicains y ont surgi en nombre. Tous conversent encore en anglais et les places de New York et Londres donnent pour l’instant le ton.


Nicholas Burns, professeur de politique internationale et de diplomatie à l’Université Harvard et ancien porte-parole du département d’État, reconnaît que la crise est devenue, dans la dernière phase de la course à la Maison Blanche entre le démocrate Barack Obama et le républicain John McCain, la principale préoccupation stratégique des États-Unis : le grand défi pour le prochain président va être de diriger de manière plus efficace notre politique mondiale, en s’assurant des alliances dans chaque continent, souligne ce vétéran de la diplomatie américaine.


Pour se maintenir au sommet, Washington devra dialoguer plus avec les autres puissances, par exemple dans l’enceinte de l’ONU. Nous avons besoin d’un réseau multilatéral plus fort pour nous attaquer aux grands problèmes mondiaux de l’économie, du terrorisme ou du changement climatique, estime-t-il. Le retour des États-Unis au multilatéralisme implique la fin de la doctrine Bush inaugurée par le président sortant, et selon laquelle la superpuissance n’a besoin de personne pour exercer sa politique étrangère.

Le potentiel industriel chinois est arrivé à maturité


La crise bat aussi en brêche le consensus de Washington, le credo libéral préconisé par les États-Unis à travers les organisations monétaires et financières mises en place par les accords de Bretton Woods. La nationalisation de fait d’une partie du système financier américain n’a pas réussi à arrêter l’effondrement de Wall Street, mais elle a été vécue comme une revanche par les pays qui ont fait la sourde oreille aux injonctions du Fonds monétaire international. Les indicateurs de confiance des chefs d’entreprises et des consommateurs américains sont désormais proches des plus bas connus lors de la récession de 2001-2002, relève le FMI. Il prévient par ailleurs que la situation est exceptionnellement incertaine et considérablement susceptible d’entraîner des révisions à la baisse. Les tensions financières pourraient rester très élevées et les pressions exercées sur le crédit par la réduction du recours à l’endettement pourraient être plus profondes et plus longues qu’envisagées dans nos prémisses, fait-il savoir.


En fait, les investisseurs se sont désintéressés de l’outil industriel des pays développés, où la main d’œuvre est trop chère et dont le potentiel ne paraît plus autant générateur de profits qu’auparavant. En Chine, en revanche, tout reste à faire, tout est à construire, le marché intérieur est pratiquement sans limite et les besoins à satisfaire sont nombreux. En 2008, les investissements étrangers sur la partie continentale de Chine a augmenté de près de 40% en comparaison avec la même période de l’année précédente. Ils ont ainsi atteint 74,37 milliards de dollars, a indiqué le ministère chinois du Commerce.


Zhang Hanya, chercheur de la Commission d’État pour le Développement et la Réforme, a déclaré que cette croissance impressionnante montrait que la Chine était une opportunité importante dans le monde pour les investisseurs. La Chine continentale a permis la création de 20.801 entreprises à capitaux étrangers durant les neuf premiers mois de cette année, en baisse de 26,25% sur une base annuelle. Pour Zhang Hanya, ces chiffres reflètent la volonté du pays de renforcer la qualité des investissements en provenance de l’étranger. La Chine réduit actuellement la proportion de son industrie de transformation dans ses efforts visant à améliorer sa structure industrielle. Les entreprises à haute consommation d’énergie ou très polluantes n’ont pas été autorisées à entrer sur le marché chinois, a souligné le chercheur.


La Chine est confrontée au problème du maintien de la croissance économique rapide et de la montée en génération de la chaîne de valeur. Avec l’élévation du coût du salaire, il lui faut améliorer la productivité. Ce qui signifie pour la Chine d’améliorer les facteurs de base de la compétitivité, c’est-à-dire la qualité du système, des installations d’infrastructure, de la santé publique, de l’enseignement primaire et d’autres, et il faut en même temps maintenir une gestion macroéconomique efficace. Les Chinois se trouvent désormais confrontés aux problèmes des pays riches. Ensuite, il faut perfectionner les facteurs de progression de l’efficacité, et surtout élever la qualité de l’enseignement supérieur, renforcer la capacité d’utilisation des technologies de télécommunication informatique et des autres technologies de pointe introduites de l’étranger, et parfaire l’efficacité du marché des biens et du marché du travail ainsi que la maturité du marché financier.


Le Comité central du Parti communiste chinois a présenté dans un rapport que la maturité du marché financier chinois laisse encore à désirer, mais que le gouvernement chinois est conscient de la gravité du problème et est en train de prendre des dispositions et des mesures pour le régler. Le rapport estime que l’excellent et le remarquable comportement de l’économie chinoise ne doit pas cacher les grands défis que celle-ci sera obligée d’affronter pour maintenir sa compétitivité : le sous-développement économique des régions de l’ouest du pays, la vaste répartition de la population absolument pauvre, etc. À l’heure actuelle où la Chine se trouve dans une période clé de son développement économique, elle ne peut en aucun cas maintenir sa croissance économique en s’appuyant simplement et seulement sur l’utilisation de facteurs abondants à bas coûts. Ce sera bientôt chose faite, grâce aux divers apports de technologie et aux investissements réalisés avec l’épargne issue des pays développés !

 

 


Le monde occidental n’a plus d’argent du tout,
Sa richesse est passée au creux de ses finances
Jugeant qu’il est la proie aussi des convenances,
Il en disperse et il en cherche un peu partout !


Que lui importe ! Hélas, ce qu’il voulait surtout,
C’est s’affranchir des lois et des appartenances
Pour se dissoudre au ciel, où sont les éminences,
Cette œuvre immatérielle est leur plus bel atout.


Grâce au négoce, aucun conflit ni d’autre entrave
Ne pouvait plus bloquer de leurs bateaux l’étrave,
Mais nos prudents banquiers les ont perdus au jeu.


Se voir autre qu’on est reste un caprice immonde
Quand les rivaux patients ont bien compris l’enjeu,
Tant pis ! Ils vont se vendre à l’atelier du monde.