Des Dés pipés dans le Débat McCain-Obama

Des Dés pipés dans le Débat McCain-Obama

48 ans jour pour jour après le 1er débat télévisé politique de l’histoire des médias, le candidat républicain John McCain affrontait la nuit dernière son adversaire démocrate Barack Obama. L’âge du futur président des États-Unis est, tout comme en 1964, quand le jeune sénateur John Kennedy s’opposait au vice-président Richard Nixon, un thème majeur abordé par les deux prétendants à la Maison-Blanche.

Alors qu’un désastre financier de grande ampleur fait craindre le pire pour l’ensemble de l’économie mondiale dans les prochains mois et peut-être même les années qui vont suivre, l’essentiel du débat s’est déroulé sur des questions de politique internationale. C’est d’ailleurs sur ce thème que les deux candidats expriment avec le plus de vigueur ce qu’ils pensent les séparer.


Les relations internationales sont le sujet favori du vétéran John McCain, qui préside une ONG puissante destinée à promouvoir la démocratie dans le monde. Alors que Barack Obama s’est dit prêt à des frappes militaires ciblées au Pakistan contre des terroristes, avec ou sans l’autorisation d’Islamabad en claironnant : si les États-Unis ont al-Qaïda, Ben Laden, ou ses lieutenants dans leur viseur, et si le Pakistan ne veut pas ou est incapable d’agir, alors nous devrions les éliminer, son rival estimait que lancer ce genre de menaces en public, ça ne se faisait pas.


S’agissant de la poursuite de la guerre en Irak, le sénateur de l’Arizona a accusé son rival d’avoir voté une chose incroyable : couper les fonds aux soldats en Irak et en Afghanistan, alors que nous gagnons en Irak. Le sénateur McCain a absolument raison, la violence a diminué en Irak, a perfidement concédé Barack Obama en portant ce crédit à la performance brillante des soldats américains. Mais c’était pour ajouter : John, c’est comme si vous prétendiez que la guerre a commencé en 2007… Vous avez eu tort, vous avez eu tort. La guerre en Irak n’était pas justifiée ! Je crains que le sénateur Obama ne comprenne pas la différence entre la tactique et la stratégie, a simplement répliqué l’ancien pilote de l’US-Navy.


Je pense honnêtement que le sénateur Obama n’a ni la connaissance ni l’expérience, et qu’il porte des jugements erronés sur de nombreux sujets, a-t-il prétendu avec force. De son côté, le candidat démocrate a eu beau jeu de confronter le républicain John McCain à ses prises de position par rapport à l’administration Bush durant la précédente législature. C’est sur le terrain de l’économie que Barack Obama s’est montré le plus sûr de lui. En se présentant comme un champion du contrôle des dépenses et de la lutte contre la corruption gouvernementale et financière, John McCain a prêté le flanc à son adversaire, qui lui a répliqué : que le sénateur McCain se présente comme un tenant du contrôle des dépenses est difficile à avaler compte tenu de l’orgie de dépenses et de déficits qui s’est produite sous les républicains ! Et c’est effectivement sur l’économie que le sénateur de l’Illinois de 47 ans s’est montré le plus percutant.


Son homologue républicain a longtemps tergiversé pour accepter finalement un débat télévisé dans l’exercice duquel il sait pertinemment qu’il n’est pas à l’aise… Il avait tout d’abord mis sa campagne entre parenthèses afin de discuter du plan de sauvetage de 700 milliards de dollars proposé par le Secrétaire d’État au Trésor, avant de se résoudre à ce rendez-vous télévisé avec les électeurs américains, certainement sous la pression des médias et surtout des démocrates. Il ne fait d’ailleurs pas l’ombre d’un doute qu’il est apparu vendredi soir comme un participant obligé au débat, ce qui l’a placé dans une situation inconfortable.


Barack Obama en a profité pour ouvrir le débat en tirant les premières salves au sujet de la crise économique : nous devons reconnaître que cette crise est le point final de huit ans d’une politique économique erronée conduite par George W. Bush et soutenue par le sénateur McCain, a-t-il affirmé. Interrogé pour savoir s’il comptait voter en faveur du plan de sauvetage du système financier, le républicain a répondu : je l’espère… ce qui a immédiatement permis à son rival de rétorquer : nous n’avions pas encore entendu ça !


John McCain se présentant comme un champion du contrôle des dépenses et de la lutte contre la corruption gouvernementale et financière, le candidat démocrate ne s’est pas privé de montrer les contradictions de son adversaire qui soutient l’idée d’un sauvetage de la finance américaine par l’argent public.


Mais Barack Obama n’a pas semblé se souvenir qu’il venait de rencontrer avec son adversaire le président Bush pour trouver un compromis sur le plan Paulson pour résorber la crise financière, et que tous les deux venaient de quitter la Maison-Blanche. Alors que la présidence américaine pensait pouvoir rassurer les marchés tout autant que la population en publiant des communiqués optimistes sur l’issue de cette rencontre, le sénateur Obama s’est présenté à la télévision comme un fougueux adversaire des options présentées aux congressistes américains. Si John McCain a publiquement annoncé qu’il se consacrerait à cette question dans les prochains jours, le bureau de campagne démocrate a fait savoir que Barack Obama ferait de même et rejoindrait Washington en quittant l’Université du Mississipi où se déroulait le débat télévisé.


Face à ce dialogue de sourd très largement plombé par des formules toutes faites et des postures impossibles à tenir dans la réalité de l’exercice du pouvoir, il y a peu de chances que les électeurs aient pu sortir quelque chose de cette prestation politique. On attendra donc avec impatience la prochaine, qui doit opposer jeudi 2 octobre la sémillante républicaine de 44 ans Sarah Palin à son homologue démocrate à la vice-présidence, le vieux routier de la politique Joe Biden. Les rôles seront inversés, il devrait y avoir plus de relief.


Si Le 1er débat McCain-Obama a néanmoins décroché des records d’audience, on n’en attend pas moins du face-à-face entre la hockey mom, gouverneur de l’Alaska, et le sénateur du Delaware, ne serait-ce que par curiosité. Afin de prémunir Sarah Palin contre son inexpérience, surtout en matière de politique étrangère, l’état-major de campagne républicain a cependant obtenu que les échanges directs entre les deux candidats soient réduits au minimum. Au grand dam des démocrates et bientôt des téléspectateurs !


Aussi, la tâche la plus difficile sera pour Joe Biden de se mettre en valeur face à une femme qui lui a carrément volé la vedette. L’intérêt suscité par la co-listière de John McCain auprès de l’Amérique ordinaire est tel qu’elle a presque fait oublier son rival à la vice-présidence, qui n’a pourtant pas la langue dans sa poche… Le défi de Biden, disent les stratèges : river son clou à madame sans paraître paternaliste ou sexiste.

 

 


C’est fait ! Le vert tribun s’oppose au vétéran,
Il est bel homme, il sait parler, il tient la scène :
Trop jeune au fait, lui dit le vieux qui lui assène
Des leçons sur le monde et pour faire un tyran.


S’il hait l’Islam, il n’a rien dit sur le coran :
Il veut la guerre et à son tour, se montre obscène
Et sa parole, hélas pour lui, n’est pas plus saine
Que son rival en qui l’on voit un cormoran !


Ils font l’article et se font face assez sur l’homme,
Rien sur celui qui vit de rien en mobile home
Et qui s’inquiète au mieux du prix de son argent.


Ils n’ont pas dit non plus si la finance est braque,
Ni comment mettre au point un plan intelligent :
Donc, personne à ce jour n’a cassé la baraque…