NEVROPOLIS

NEVROPOLIS

Il est d’excellents romans dont on parle peu, non pas parce qu’ils sont mauvais ou inintéressants mais simplement parce qu’ils ne sont pas sortis chez un grand éditeur parisien qui a "pognon" sur rue.
"Névropolis" de Jean HARTLEYB est de ceux-là. Le livre "noir" est de bonne facture, bien illustré par un magnifique tableau intitulé "New York 2007" de Tony Soulié, le sujet et les thèmes sont remarquables et l’écriture est inventive, soignée, bien maîtrisée, mise en scène et en intringue(s) avec talent et efficacité.

Dans un New York de l’après 11 septembre 2001, un peintre reconnu par ses pairs et le public est en proie à des visions étranges et obsessionnelles.
On pense à Bacon et à d’autres génies torturés de l’univers pictural.
Jean HARTLEYB a parfaitement intégré le personnage à part entière dans ce roman coupé au millimettre qui nous entraîne dans un monde fantasmatique fort, irrationnel -et réaliste à la fois - mais empli de sens.

Visions saisisissantes qui s’incarnent dans les tableaux dans une urbanité pleine de doutes et de violence contenue, on assiste avec Nathan Wilbe à la fin d’un monde et à l’impossibilité de la création d’un autre. On est comme dans un trou noir historique, où les tableaux seraient les lieux de passage des forces.

Dans une mécanique parfaitement huilée, l’auteur distille sa mise en mots avec un beau champ référentiel entre clin d’oeil à Welles et Wells, à la bible et la cosmogonie new yorkaise et à d’autres monstres sacrés de l’Art.

Des toiles qui deviennent des miroirs du temps qui offrent leur vérité, un peintre ultrasensible qui voit ce que les autres ne voient pas, ce que la société préfère ne pas regarder en face, un pyschanaliste en proie à ses propres démons, un champ symbolique et métaphorique qui petit à petit rend l’énigme finale plus évidente, "Névropolis" est un excellent roman entre plusieurs genres mais c’est surtout de la bonne littérature tout court qui ferait la base d’un long métrage riche et pertinent sur une époque qui tout doucement s’écroule ne n’avoir pas su bâtir des fondations solides.

On comprend mieux le monde qui nous entoure si l’on décode les pièces du puzzle pictural de l’auteur.
Un livre plein de suspens, de faux semblants, de quêtes philosophiques et théologiques, de forces qui s’affrontent. Des mots justes et bien choisis, un rythme qui raconte bien ce que peut être une tempête intérieure... dans un monde qui se meurt.

Présentation de l’Editeur

L’existence de Nathan Wilbe, peintre new-yorkais réputé, ami volage et soupirant désastreux, ressemble à une ville de lendemains d’attentats, battue par des vents violents et n’en finissant plus de trembler sur ses fondations. Cloîtré chez lui, ne sortant que pour se rendre aux rendez-vous fixés par son psychiatre, il vit au milieu de ses toiles inachevées, de ses manies et d’étranges apparitions qui l’éloignent chaque jour un peu plus de sa propre histoire. Intimement convaincu d’avoir eu plusieurs vies, ses toiles sont les réceptacles de ses souvenirs, des bons comme des mauvais, de ses désirs enfouis et de sa folie douce. Sous l’œil d’un ange cynique et glaçant, il cherche dans un univers en ruines à retrouver la voie de la raison avant celle du cœur, reproduisant là une erreur vieille comme le monde…

Jean Hartleyb est né en 1970. Docteur en sociologie, il vit à Strasbourg. Jetant un regard à la fois ironique et sans complaisance sur notre époque, il trouve son inspiration dans l’observation des travers et des petites faiblesses de ses contemporains. Passionné de philosophie et de théologie, son écriture puise intimement aux sources de l’Histoire et du désenchantement des idées. Névropolis est son premier roman.

NEVROPOLIS, Jean Hartleyb, Editions Benévent, 2007