MYLÈNE FARMER, L’ANGE MYTHIQUE DE L’ENFER

MYLÈNE FARMER, L'ANGE MYTHIQUE DE L'ENFER

Mylène Farmer est la reine de la chanson française et la patronne incontestée de la mise en scène. Lorsqu’on n’entend plus parler d’elle, ce n’est que pour revenir encore plus fort qu’avant. Elle tient le haut du pavé depuis des années et existe toujours face à celles qui voulaient la détrôner et dont on n’entend déjà plus parler. Mylène, c’est un peu notre "Mickaël Jackson" à nous. Elle n’a certes pas la voix d’une cantatrice, ce qui ne l’empêche pas de nous entraîner dans son univers étrange, tant sur scène que dans ses clips où règnent toujours une ambiance un peu glauque, voire sombre et irréel, à la limite du rituel vaudou fait d’offrandes sexuelles et sanguines sur fond de messes noires.

Mylène Farmer est un personnage troublant et troublé, c’est bien de là qu’émane tout son charme envoûtant qui nous attire irrésistiblement vers elle. Mylène sait nous attendrir, surtout lorsqu’elle entame son voyage jusqu’aux confins de la psychose, de la névrose et de la paranoïa. Dans ce cocktail qui oscille entre l’enfer et le paradis, elle met juste ce qu’il faut de machiavélisme, de gothique et de satanisme... sans jamais être vulgaire, puisque la belle connaît la frontière de la délicatesse pour ne jamais nous écoeurer. Dans ses clips bien travaillés, il y a un soupçon de sensualité, un zeste de perversion, un rien de libertinage coquin et quelques gouttes de sang. Elle sait créer le désir, tout en nous livrant sa nature profonde qui est assez proche de l’asexualité des anges, ce qui lui va à ravir !

En dehors de la scène Mylène est une femme effacée, presque taciturne, timide et très douce, qui semble ne pas être très adaptée à notre monde hypocrite... alors elle s’invente un monde fantasmagorique qui n’est pas sans nous rappeler les jeux de notre petite enfance. Les enfants refusent spontanément la triste réalité qu’on leur propose et se complaisent dans un monde parallèle au nôtre... Mylène est restée dans ces moments d’innocence et de pureté, c’est une écorchée vive qui souffre sans jamais nous l’exprimer autrement que dans les non-dits de ses images très parlantes.

Mylène Farmer a débuté sa carrière artistique, en passant chez le réputé François Florent. Son talent de comédienne n’est plus à démontrer, puisqu’il est omniprésent dans ses clips. C’est une travailleuse acharnée qui ne fait que récolter les fruits de ses efforts. Son seul nom, sur une pochette de disque, suffit à faire exploser les ventes sans investir dans une publicité outrancière. Il lui a juste suffit de savoir entretenir le mystère autour de son personnage quasi mystique et à présent mythique. Mylène sait ne jamais se dévoiler totalement, par peur d’être encore blessée en subissant de nouvelles trahisons privées et médiatiques.

C’est une grande affectif qui compense son manque par une extrême générosité envers son public. Sa personnalité est assez morbide et l’idée de sa propre mort lui traverse l’esprit au quotidien. Elle essaye de vivre l’instant présent à fond, tout en étant hantée par la folie et la vieillesse dont elle ne supporte pas l’idée. Mylène manque de confiance en elle, mais comme dirait mon ami Frédéric Vignale : "Les gens confiants sont soit cons, soit morts"... ou quelque chose dans ce genre-là ! Heureusement que Mylène connaît bien les limites de la perversité, mais le jour où elle perdra le contrôle et tombera sur un vrai pervers, elle sera détruite à jamais. Mylène Farmer est une grande et belle artiste, mais avec une fragilité qui n’échappe à personne.

Elle est tellement vraie qu’elle arrive à trouver de la beauté dans la laideur, il n’y a qu’à regarder ses clips pour s’en rendre compte... c’est dans ses oeuvres qu’elle tente de nous faire partager sa vision des choses. L’écriture est, à priori, son meilleur remède... un exutoire à tout ce qu’elle a enterré en elle, depuis sa prime jeunesse. Mylène ne peut exister que dans le regard des autres et principalement dans celui de son public, c’est là qu’elle va puiser toute son énergie tel un vampire. Mylène est une petite poupée de porcelaine qu’il ne faut pas lâcher, sous peine de la voir se briser définitivement. Il y a une vraie dualité en elle et elle mène un réel combat contre tous ses démons qui vivent dans son for intérieur. Il n’y a que la scène qui puisse soigner valablement cette schizophrénie.

Il est difficile de sortir d’un tel personnage car le risque est de ne plus jamais exister, alors la belle se veut sexy, provocatrice et libre. Mylène aime tant la liberté qu’elle ne supporte pas la censure, sous toutes ses formes, et déclare volontiers que tout ce qui est tiède n’a aucune chance d’attirer son attention... réflexion que je partage avec toi, Ma Chère Mylène !