Un Journaliste en Grève raconte la Guerre des Chefs à 20 minutes

Un Journaliste en Grève raconte la Guerre des Chefs à <i>20 minutes</i>

La rédaction du site Internet du journal 20 minutes est en grève depuis lundi soir, sans que personne ne sache vraiment pourquoi. Les hypothèses les plus absurdes circulent sur le réseau mondial, à la suite de la mise à pied du rédacteur en chef d’un des sites d’information les plus visités de France. La direction du journal n’a pas donné de raison à la mesure disciplinaire qu’elle a prise à l’égard de Johan Hufnagel, qui doit se taire, conformément à la loi. Impossible d’obtenir la rédaction au téléphone, et c’est par des moyens détournés que le journal Le MAGue est parvenue à joindre un des grévistes, qui répond à ses questions sous couvert de l’anonymat.

Le MAGue : Quand avez-vous décidé de vous mettre en grève à 20 minutes ?

La rédaction du site est en grève depuis lundi 18 heures. Corinne Sorin, directrice des rédactions, qui rentrait de congé ce jour-là, a eu un entretien avec Johan Hufnagel, notre rédacteur en chef pour lui signifier sa mise à pied conservatoire. Ça s’est passé après 17 heures. Il nous a dit ensuite au revoir, et il est parti tout de suite. À 18 heures l’affaire était bouclée, aucune information ne nous a été donnée. Il doit avoir un nouvel entretien le 22 août, qui peut déboucher sur son licenciement.

Le MAGue : Pouvez-vous nous dire ce qu’il est reproché à Johan Hufnagel ?

Pour nous, journalistes, c’est le coup de massue ! Nous n’avons rien à reprocher à Johan Hufnagel sur le plan personnel ou professionnel, et cette décision en pleine période de congés d’été, alors que l’actualité sportive et internationale est forte, est incompréhensible. Corinne Sorin nous a promis de prendre le site en charge dans l’intervalle, mais nous ne pouvons croire, qu’en tant que directrice des rédactions, elle ait réellement le temps de le faire… C’était Johan Hufnagel, l’animateur de l’équipe et c’est depuis son arrivée, il y a 1 an et demi, que le site de 20 minutes est devenu le 4ème site d’information en France !

Le MAGue : Il paraît qu’un article est mal passé, qu’il a prêté à polémique ?

C’est ridicule, et d’ailleurs, ce n’est pas Johan Hufnagel qui l’a relu. On ne peut pas lui en faire grief. D’autant plus que, selon Corinne Sorin, la décision de le convoquer en entretien préalable n’est pas récente et qu’elle n’a rien de professionnel à lui reprocher. La réalité, c’est qu’il y a une ambiance qui se dégrade à 20 minutes depuis plus de 6 mois. Les licenciements et les démissions se succèdent au commercial, à la rédaction papier… Des journalistes historiques s’en vont, et nous nous interrogeons beaucoup sur l’avenir et les objectifs du journal. Il y a eu ce projet avorté de nouvelle formule… Le journal a plus de 2 millions de lecteurs et son site Internet 3,2 millions de visiteurs uniques, mais nous n’avons pas d’objectifs.

Le MAGue : Avez-vous rencontré des frictions entre les deux rédactions ?

Franchement, nous travaillons en bonne intelligence, et nous avons mis en œuvre des collaborations entre le site et la rédaction papier, comme en ce moment à Pékin, où 2 personnes, une du papier et une du Web, ont été dépêchées pour suivre les Jeux Olympiques, comme pour d’autres grands événements, afin de donner des nouvelles indifféremment sur le Web et dans le journal. J’ai l’impression que les problèmes se posent plutôt entre les rédactions en chef et la direction. Je sais que Johan Hufnagel a eu un certain nombre de discussions avec elle, mais il n’a jamais impliqué son service. William Assayag, l’ancien rédacteur en chef du journal en papier, a démissionné 3 mois après l’arrivée de Corinne Sorin à la direction de la rédaction.

Le MAGue : Quel est à votre avis le sens de la mesure disciplinaire qui frappe votre rédacteur en chef ?

J’ai l’impression qu’il s’agit du contrecoup d’une lutte de pouvoirs. Au fur et à mesure, les cadres de l’équipe qu’a mise en place Frédéric Filloux, le fondateur du journal, s’en vont. Le problème est que notre P-DG, Pierre-Jean Bozo, est lui aussi en vacances, et il est injoignable. Nous avons donc tenté de prendre contact avec les actionnaires de 20 minutes afin de provoquer des explications. Nous avons vraiment besoin de savoir ce qui se trame en haut lieu. La directrice des rédactions nous a dit que la décision a été prise avant ses congés. À mon tour de poser une question : pourquoi sortir Johan Hufnagel de la rédaction en catastrophe ?

 

 


Quand le soleil se cache, alors tout va plus mal
Sur la plage, au boulot, et dans les entreprises !
En haut lieu, souvent des décisions sont prises,
Tout se dégrade, alors que tout semblait normal.


Les congés vont bon train, et le calme optimal,
Il s’est dit qu’on n’a plus à subir de méprises
Et après le mois d’août vient le temps des surprises :
Tout va très bien, mais le désordre est maximal.


C’est qu’ils ne nous ont pas dit avant les vacances
Que notre absence aura beaucoup de conséquences,
Les chefs ont tous changé, parfois les gens aussi !


Si ça se passe ainsi dans la boîte, on s’empresse
De penser qu’on est tous toujours à leur merci,
Et c’est bien sûr ici comme ailleurs dans la presse !